Dans sa quête ambitieuse, la Chine adosse constamment sa politique étrangère à d'abondantes analyses doctrinales. L'idéologie, qui commande aussi bien l'antagonisme récurrent avec les Etats-Unis (I) que la rupture avec l'URSS (II) est donc un élément essentiel de la diplomatie chinoise. Pourtant, c'est aussi l'idéologie qui entraîne le plus grave isolement que la RPC ait connu, dans la seconde moitié des années 60, et paradoxalement, c'est l'adoption d'une ligne plus souple, voire d'un certain pragmatisme, qui lui accorde finalement une place au sein de la communauté internationale, à défaut d'avoir pu jouer le rôle flamboyant voire messianique dont elle avait rêvé (III)...
[...] La politique asiatique de la Chine se précise et se confirme lors de la conférence de Bandung, en avril 1955. Vingt-neuf nations africaines et asiatiques, émergeant pour la plupart de la domination coloniale, affirment leur volonté de ne plus être entraînées dans le sillage des grandes puissances et d'échapper à la politique des blocs. La Chine se présente comme l'une d'entre elles. Avec son habileté et son brillant habituels, Zhou Enlai plaide pour la détente et apparaît déjà comme l'égal (et bientôt comme le rival) du premier ministre indien Nehru. [...]
[...] De 1949 aux années 1970, la recherche d'une place sur la scène internationale a été longue et laborieuse. Et si la Chine a finalement réussit à se faire reconnaître, c'est au prix de biens des concessions et pour acquérir un statut sans doute beaucoup moins prestigieux que celui qu'elle avait ambitionné. On ne peut s'empêcher alors de penser au grand écart effectué actuellement par les dirigeants Chinois entre une idéologie inchangée et une pratique de plus en plus libérale. L'histoire de la République Populaire de Chine dans les relations internationales est semblable à celle du communisme : pour un temps, on voudrait que le feu de paille des grands idéaux illumine le monde, mais, à terme, il est voué à se noyer dans la marée des valeurs de l'impérialisme omniprésent. [...]
[...] De toute évidence, il ne s'agit pas d'une entente véritable et sincère Mais en 1949, Pékin a une vision simple du monde : il y a les Etats-Unis et URSS, tous deux séparés par une zone très vaste qui englobe les pays capitalistes, coloniaux ou semi-coloniaux en Europe, en Asie et en Afrique. De ce point de vue, la reconstruction du pays et sa sécurité supposent une prise de position claire. Déjà en 1939, Mao proclamait : la neutralité n'est qu'un camouflage, la troisième voie n'existe pas. L'alliance voulue par Pékin est donc, pour une large part, imprégnée de considérations pragmatiques. Enfin, et c'est bien sûr le plus évident, l'alliance repose sur une idéologie commune. [...]
[...] La rupture sino-soviétique, devenue inexorable dès 1960, se trouve entérinée par l'attitude des deux pays en 1962, lors de la guerre frontalière sino-indienne ainsi qu'à l'occasion de la crise de Cuba, les Chinois dénonçant l'attitude trop conciliante d'une Union soviétique soucieuse de sauvegarder la détente. La Conférence sino-soviétique, réunie à Moscou en juillet 1963 pour essayer de réduire les divergences entre les deux puissances, aboutit en fait à la rupture du dialogue. Désormais, l'hostilité chinoise s'exprime sans réserve. Après la rupture, voici l'heure du combat avec l'URSS, nouvel ennemi à abattre. La lutte s'effectue sur deux plans : idéologique, mais aussi stratégique, chacun affûtant ses arguments tout en manœuvrant à la recherche d'alliés communistes et afro-asiatiques. [...]
[...] Surpris par cette attitude, les Chinois lui répondent indirectement par une mise au point refusant à quiconque de s'immiscer dans la guerre de libération de Taïwan. Les Chinois rapprochent les propos de Khrouchtchev des positions américaines et se trouvent renforcés dans leurs convictions : Washington et Moscou n'ont-ils pas établi un certain consensus ? La vigilance s'impose et Pékin dénonce à tout propos les nouveaux pièges de l'impérialisme Durant l'été 1960, Zhou Enlai fait allusion à un pacte de paix dans le Pacifique auquel les Etats-Unis participeraient. [...]
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