La religion dans les relations internationales

Résumé du document

Lorsque Samuel Huntington déclarait en 1996 que le XXe siècle avait connu « la résurgence mondiale de la religion », il allait à l'encontre de la thèse classique du désenchantement du monde de Marcel Gauchet. Force est de constater que si le phénomène religieux a longtemps été marginalisé dans l'analyse des relations internationales, il apparaît aujourd'hui comme un facteur incontournable de l'appréhension des politiques extérieures, influences, solidarités et conflits de la scène internationale.

Extraits

[...] Si la religion est incontestablement un élément clé des relations internationales, son rôle doit être mesuré face aux enjeux stratégiques et politiques. II- Toutefois, le rôle de la religion comme grille de lecture des relations internationales mérite d'être relativisé Pour de nombreux Etats, la religion est avant tout un instrument de politique étrangère ou de cohésion interne Le facteur religieux ne représente souvent qu'un outil facilement mobilisable par le politique pour justifier ses actions extérieures ou affirmer sa puissance. Pour les Etats-Unis, le caractère messianique de l'action extérieure correspond avant tout à une certaine vision de la puissance. [...]

[...] Les technologies de l'information et les dynamiques de la globalisation permettent à ces acteurs d'acquérir une visibilité propice à leur influence dans les relations internationales. Le phénomène religieux est devenu un facteur explicatif de certains enjeux des relations internationales Certains conflits peuvent être expliqués par des tensions religieuses, comme celles liées à l'arc chiite au Moyen-Orient ou entre musulmans et chrétiens dans les pays de l'ex-Yougoslavie. Certaines solidarités peuvent également s'expliquer à travers le prisme du religieux. Dans le monde musulman, la notion d'oumma rassemblant la communauté islamique constitue un levier de poids pour les soutiens diplomatiques et financiers entre Etats. [...]

[...] Ainsi, il apparaît que la montée en puissance du fait religieux en fait un prisme de lecture incontournable des relations internationales. Par un mouvement transnational et influent, le phénomène religieux explique en effet de nombreux aspects de ces relations. La décision récente du Ministère des Affaires étrangères d'ouvrir un pôle religions en témoigne. Si la France est un pays laïc dans lequel la religion ne joue qu'un rôle marginal pour les relations extérieures, elle se doit en effet de mesurer l'importance et de prendre position sur les enjeux religieux occupant la scène internationale. [...]

[...] Les groupes d'intérêts : Qu'il s'agisse des lobbies confessionnels, d'organisations non gouvernementales ou de groupes de pression promouvant le rôle de la religion, ces acteurs jouent un rôle prédominant dans la prise de décision des organisations internationales. Leur consultation au niveau européen est d'ailleurs prévue par l'article 17 du Traité de Lisbonne. Les réseaux terroristes : les actions de certains réseaux terroristes mus par des convictions religieuses fondamentalistes, au premier rang desquels se trouve Al-Qaïda, ont une conséquence directe sur les relations internationales, comme dans le cas de l'intervention en Afghanistan. [...]

[...] La religion est aussi un facteur de cohésion interne, les cas les plus significatifs étant Israël ou le Pakistan, où la singularité de la religion vis-à-vis du ou des voisins contribue fortement à la définition de l'identité nationale autrement quelque peu artificielle (Pakistan) ou hétérogène (Israël). Le facteur religieux ne reflète pas toute la complexité des enjeux internationaux La politique étrangère des Etats demeure guidée avant tout par des considérations stratégiques, comme l'a démontré le caractère majoritairement géopolitique du conflit Iran/Irak. Plusieurs dossiers sensibles des relations internationales s'expliquent davantage par les facteurs ethniques et politiques. C'est le cas du Tibet, où les tensions religieuses ne sont qu'une conséquence de la contestation politique contre la discrimination ethnique. [...]