La Grande-Bretagne entretient avec ses anciennes colonies africaines une relation durable, mais d'une nature différente de celle qui s'est développée dans la France-Afrique. D'abord, aucune politique particulière ne semble avoir été adoptée par Londres envers l'Afrique depuis les indépendances. L'Afrique du Sud et le Nigeria ont concentré le gros de l'attention britannique, mais la politique africaine de la seconde puissance coloniale de l'histoire sur ce continent, la Grande-Bretagne, a toujours été dictée par plus de pragmatisme et la mise en avant des intérêts économiques. La valeur des investissements britanniques dans un pays donné détermine directement la qualité de la représentation diplomatique et l'aide au développement.
Dix-sept pays du continent africain faisaient partie de l'empire britannique et à ce titre, l'Afrique est restée, plus que l'Asie, un des cercles privilégiés de la politique étrangère britannique au lendemain de la Seconde guerre mondiale. La politique coloniale britannique a souvent été jugée comme moins interventionniste que la française. Plus encore, jugeant que la domination coloniale se terminerait un jour, les décideurs britanniques au sein du Bureau des colonies (Colonial Office) ont précocement mis en place un système de gouvernance indirecte (indirect rule) qui autorisait aux Africains une certaine autonomie, sans toutefois leur accorder de véritable passation de pouvoir.
Ainsi, l'interventionnisme repassait au premier plan dès que la répression des soulèvements se poursuivait comme par exemple au Kenya dans les années 1950. En matière économique, les pressions pouvaient aussi être intenses, par exemple lorsque l'approvisionnement des industries britanniques en matières premières était au coeur des préoccupations. Des moyens indirects existaient pour la Grande-Bretagne de maintenir son joug sur les économies africaines avec lesquelles un partenariat historique s'était mis en place, notamment par le biais d'accords monétaires au sein de la zone Sterling, et grâce à des aides conditionnelles.
En 1957, le Premier ministre britannique conservateur Harold Macmillan accorde l'indépendance au Ghana, premier pas vers un processus de décolonisation accéléré qui se poursuit sur deux décennies (...)
[...] En 1957, le Premier ministre britannique conservateur Harold Macmillan accorde l'indépendance au Ghana, premier pas vers un processus de décolonisation accéléré qui se poursuit sur deux décennies. La priorité en Afrique des gouvernements britanniques successifs est alors de sécuriser les investissements existants tout en favorisant des conditions satisfaisantes de transfert des terres appartenant encore à des colons britanniques. Une nouvelle administration se met en place dans ce but en 1964 sous le nom d'Overseas Development Administration. Mais comme la France, la Grande-Bretagne favorise alors les accords bilatéraux sur le plan économique et militaire. [...]
[...] Tony Blair a encore accentué l'implication britannique en Afrique en permettant un doublement de l'aide britannique à l'Afrique et l'effacement de la dette bilatérale contractée envers le Royaume-Uni par les 18 plus pauvres pays du continent. Tous les discours de Blair sur la question insistent sur la nécessité pour la Grande-Bretagne de venir en aide au continent africain, et il en a fait un de ses chevaux de bataille lors de la présidence britannique de l'Union européenne et du G8 en 2005. [...]
[...] Finalement, toute présence militaire britannique permanente sur le continent africain s'est achevée dans les années 1970. Le retrait des forces demeurées à Suez en 1971 a été suivi par la fermeture de la dernière base militaire africaine, Simonstown, en 1975. Londres s'est ainsi privée de la capacité d'intervenir militairement dans les conflits africains. L'intervention économique était tout aussi limitée. L'administration Thatcher pourtant sévère sur la réforme en politique intérieure fermait les yeux sur les dérives d'anciennes colonies comme le Kenya et le Malawi à suivre les préceptes de la Banque mondiale en terme d'ajustement structurel. [...]
[...] La Grande-Bretagne refuse de reconnaître cette situation et la sanctionne par un embargo sur le pétrole, confirmé par l'ONU. Ce n'est qu'en janvier 1980 qu'une conférence britannique se tient pour dessiner un schéma de transition vers l'indépendance d'un pays qui l'est déjà de fait. Avec l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun européen en 1973, l'intérêt britannique pour l'Afrique connaît cependant un déclin beaucoup plus prononcé que celui de la France, alors que les Britanniques tournent leur regard vers l'Europe. [...]
[...] Après la catastrophe humanitaire du Rwanda, c'est l'opinion qui a forcé la main aux politiques. L'extension de l'aide publique s'est décidée après que la collecte de fonds privés ait pris de l'importance, et le maintien d'un diplomate sur place a aussi été la conséquence des pressions de l'opinion. Il existe d'autres acteurs influents. Malgré la perte constante d'influence dans le monde d'aujourd'hui du Commonwealth, cette ancienne organisation qui continue à rattacher à la couronne britannique ses anciennes colonies, dominions et protectorats, conserve un certain poids. [...]
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