L'expression « France-Afrique », employée pour la première fois en 1955 par l'ancien président de Côte d'Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, est emblématique du lien privilégié qui unit encore aujourd'hui la France et ses anciennes colonies d'Afrique noire. Le concept s'est chargé d'un sens bien moins positif depuis la parution du livre de François-Xavier Verschave, Françafrique, le plus long scandale de la république. L'ouvrage dénonce les réseaux d'influence français en Afrique et les « affaires » qui sont pour l'auteur la base d'un néocolonialisme français.
Fort de leurs liens historiques qui avaient permis à de solides réseaux de se constituer, Paris et Londres ont longtemps eu à l'égard du continent africain une attitude insouciante. Ou plutôt la France et la Grande-Bretagne ont-elles longtemps gardé un oeil sur la politique africaine, un oeil de gendarme ou de père, mais pas toujours un regard rationnel. Les relations France-Afrique se sont ainsi inscrites d'ordinaire dans un cadre bilatéral, c'est-à-dire entre la France et un seul pays africain à la fois. Ce bilatéralisme demeure présent dans différents accords entre la France et d'anciens partenaires africains comme le Maroc, la Tunisie, ou encore Djibouti avec lequel des conventions d'assistance technique et financière ont encore été signées en janvier 1999. Des commissions mixtes existent encore entre la France et, par exemple, le Burkina-Faso ou Madagascar.
Et les faits semblaient ne donner aucune raison de modifier cette attitude : dans le domaine économique par exemple, jusqu'au milieu des années 1990, soit plus de trente ans après les indépendances, les grands groupes français contrôlaient encore plus de la moitié des marchés des anciennes colonies françaises d'Afrique. Mais très vite après cette date, les choses ont commencé à changer. Et aujourd'hui, si de grands groupes comme Areva ou Total continuent à marquer le continent africain de leur emprise, la présence économique française est nettement en recul dans ses anciens prés carrés. En 2007, Bolloré a perdu la concession du port de Dakar au profit des émirats. Face à une concurrence trop sévère, Bouygues et Véolia se sont progressivement retirés du continent (...)
[...] Malgré ces contraintes nouvelles, la participation des entreprises françaises aux économies africaines reste importante. De plus, les entreprises privées françaises bénéficient souvent d'un soutien politique officiel en France. Elles tirent également avantage d'un soutien de type partisan : les politiques assurent l'implantation d'entrepreneurs sympathisants de leur tendance à l'étranger. Cela permet à ces entreprises de développer leurs activités et d'augmenter leurs bénéfices, donc de continuer à financer ces mêmes partis qui les soutiennent. Malgré cela, sur le plan politique, les pratiques françaises ont aussi évolué vers plus de transparence. [...]
[...] Néanmoins, la France n'a pas cherché à préparer un ajustement monétaire. Le Franc CFA est la monnaie en usage dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, à travers deux institutions bancaires, la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC). Devenue inévitable en janvier 1994, la dévaluation du franc CFA marque une rupture dans une relation économique et financière immuable depuis des générations. La France reconnaît alors implicitement qu'elle n'a plus les moyens d'entretenir la relation particulière qu'elle avait auparavant préservée avec les pays du sud du Sahara. [...]
[...] Des commissions mixtes existent encore entre la France et, par exemple, le Burkina-Faso ou Madagascar. Et les faits semblaient ne donner aucune raison de modifier cette attitude : dans le domaine économique par exemple, jusqu'au milieu des années 1990, soit plus de trente ans après les indépendances, les grands groupes français contrôlaient encore plus de la moitié des marchés des anciennes colonies françaises d'Afrique. Mais très vite après cette date, les choses ont commencé à changer. Et aujourd'hui, si de grands groupes comme Areva ou Total continuent à marquer le continent africain de leur emprise, la présence économique française est nettement en recul dans ses anciens prés carrés. [...]
[...] L'idée de remettre le destin de l'Afrique entre les mains de ses citoyens, qui est aussi une idée maîtresse dans le discours américain, passe quand il est tenu par la classe politique française comme un abandon. Mêlons-y les questions sensibles d'immigration, et l'on comprend que la marge de manœuvre de la France sur le continent africain est bien plus étroite que celle, par exemple, des États-Unis, du fait d'un passé toujours très présent Erreurs passées et nécessité d'une nouvelle stratégie française en Afrique Les questions de sécurité restent cruciales dans le nouveau schéma français. [...]
[...] Les pays de la zone CFA ont l'impression d'avoir été abandonnés par la France qui nie ses responsabilités en tant qu'ancienne puissance coloniale. Mais lors de la crise du Rwanda en octobre 1990, une deuxième erreur s'incarne dans l'intervention de la France aux côtés du président Habyarimana. Le pouvoir en place est soutenu par la France sous prétexte d'endiguer la menace anglo-saxonne incarnée par le FPR, futur vainqueur du conflit. Surtout, le soutien diplomatique et militaire de la France se poursuit, avec notamment des livraisons d'armes, jusqu'à la fin mai 1994, alors que le génocide des Tutsis et des Hutus modérés a commencé et que l'ONU a voté un embargo sur les armes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture