Deux forces, puissantes et étroitement liées, œuvrent actuellement au remodelage de l'économie globale :
· la globalisation de l'économie résultant de l'expansion des multinationales, qui accentue l'interdépendance internationale au fur et à mesure que la part de la production destinée au commerce s'accroît et que les investissements étrangers directs s'accumulent
· le régionalisme, phénomène observable en particulier en Europe, qui peut s'interpréter comme la volonté politique des gouvernements de favoriser le développement de liens économiques avec des pays proches géographiquement. L'abolition des barrières au commerce, via la création de zones de libre-échange, d'unions douanières ou de tout accord commercial préférentiel, va dans ce sens.
La question qui nous préoccupe, est de savoir si la régionalisation des échanges constitue un obstacle ou un tremplin vers une libéralisation multilatérale des échanges. La régionalisation des échanges est-elle une résistance, une réponse alternative à la globalisation ? Ou est-elle au contraire, une illustration de cette même globalisation ?
Nous verrons, que si la tendance à la régionalisation des échanges accroît les risques de conflits entre régionalisme et multilatéralisme, toutefois, le régionalisme et le multilatéralisme sont apparus, ces dernières années, moins substituables qu'interdépendants.
[...] La globalisation de l'économie n'est donc pas uniquement la globalisation des échanges de biens, mais aussi la globalisation financière qui exclut tout repli régional ou "régionalisme fermé". Les investissements directs étrangers peuvent ainsi substituer une concurrence par la production locale à une concurrence par les importations. On peut dire que la mondialisation a constitué une incitation à la régionalisation, par les acteurs privés, comme publics. Elle a conduit les Etats à introduire des politiques d'intégration pour accroître la crédibilité des membres d'une région vis-à-vis d'acteurs externes, en particuliers d'investisseurs potentiels. [...]
[...] Lloyd le démontre en prenant pour indicateur du degré de régionalisation commerciale le ratio "importations régionales de la zone sur importations totales de la zone". Ses conclusions sont les suivantes: Pour l'Europe de l'OCDE, de 1964 à 1987, le ration croît de 56,4% à 69% Pour l'Asie, de 1964 à 1988, il passe de 20% à 41% Pour les Etats-Unis et le Canada, il décroît au contraire de 40,5% à 27,5%. Globalement, on observe donc une régionalisation des échanges ; nous reviendrons plus loin sur l'exception américaine. [...]
[...] La conclusion de l'Uruguay Round, qui suit de près le Traité de Maastricht et la formation de l'ALENA l'illustre. Inversement, parfois, dans certains domaines (télécommunications, technologies de l'information), les accords multilatéraux vont au delà des accords régionaux. Ainsi, la libéralisation multilatérale et l'intégration régionale sont deux processus qui ont chacun besoin l'un de l'autre : La régionalisation des échanges, comme manifestation de la globalisation de l'économie : La globalisation incite à la régionalisation La régionalisation accrue du commerce n'est pas incompatible avec la globalisation de l'économie car le régionalisme incite les multinationales à produire localement au lieu de recourir au commerce interrégional. [...]
[...] Ainsi, l'échec des négociations de Seattle entamant le nouveau Round de négociation de l'OMC (succédant à l'Uruguay Round clôt en 1994) peut être imputé en partie à la logique des blocs régionaux aux intérêts divergents. En outre, s'occuper des affaires régionales peut conduire les décideurs politiques à négliger les affaires multilatérales. Les ressources politiques et administratives sont rares (comme toutes les ressources dirait Malinvaud) et les efforts consacrés à l'avancement du processus régionaliste ne le sont pas aux négociations multilatérales. [...]
[...] Mais plusieurs accords régionaux accordent des préférences à certains pays tiers. Ainsi, la Communauté européenne a un système de préférences commerciales à plusieurs niveaux qui bénéficie à certains de ses partenaires commerciaux extérieurs : on peut citer les accords préférentiels de la Communauté avec l'ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) concernant la banane et d'autres produits, ce qui équivaut à une aide directe de la Communauté envers ces pays (au détriment des autres) Toutefois, le régionalisme et le multilatéralisme sont apparus, ces dernières années, moins substituables qu'interdépendants 2.1 : La régionalisation, comme marchepied de la globalisation : Le GATT (OMC) vise à intégrer le régionalisme dans une perspective multilatérale Le GATT (General Agreements on Tariffs and Trade), prédécesseur de l'OMC, a été créé en vue d'instituer un système d'échange mondial fondé sur la non- discrimination, dans l'espoir que celui-ci offrirait à l'économie globale les meilleures possibilités d'expansion et de relations équitables. [...]
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