La régionalisation, processus essentiellement économique et accessoirement politique a d'abord suscité de nombreuses craintes quant à la libéralisation des échanges ou à la place de l'Etat. Il semble en fait que la régionalisation participe de la mondialisation et qu'elle soit une alternative en vue de la restauration du rôle de l'Etat
[...] Sous cet aspect, la stratégie même des entreprises est un facteur d'intégration régionale. Les analyses sur les conséquences du Marché Unique se sont concentrées sur les effets intégrationnistes qui doivent résulter d'une réorganisation des entreprises. Cependant, si la réorganisation a bien eu lieu au niveau régional, elle s'est inscrite plus largement dans un contexte de mondial. Finalement, les espaces d'organisation économiquement pertinents pour les entreprises peuvent être selon les cas, infrarégionaux, régionaux, ou transrégionaux mais ces espaces semblent complémentaires comme le montre l'exemple européen. [...]
[...] Richard Higgott souligne le rôle des élites (entrepreneurs, mais aussi chercheurs, gestionnaires publics ou privés) dans la création de l'APEC. Au delà du soutien aux projets d'intégration régionale, les responsables d'entreprises sont en fait le plus souvent en faveur d'une libéralisation et d'une déréglementation globale, cette position correspondant aux intérêts des entreprises, souvent multinationales, exportatrices ou importatrices de composants, qui dépendent de plus en plus des marchés extérieurs. L'intégration régionale, comme le développement général des échanges, dépendent largement des décisions des entreprises notamment en matière de localisation de leurs unités de production et d'organisation. [...]
[...] Les processus de régionalisation: une alternative politique de l'Etat pour faire face à la mondialisation ? 1. La restauration du rôle de l'Etat Dans ce contexte de mondialisation et de régionalisation, une dernière question se pose, celle de la place de l'Etat. Pour beaucoup, la mondialisation rend le langage et les images d'un monde centré sur les Etats obsolètes. Faut-il pour autant imaginer la fin de l'Etat-nation et lui préférer une structure plus vaste, la région. Si certains exagèrent le pouvoir de l'entreprise multinationale et le retrait de l'Etat, il est toutefois reconnu que le pouvoir du marché s'est développé aux dépens de l'autorité de l'Etat. [...]
[...] Cependant, le cas de la construction européenne montre aussi que la régionalisation n'a pas mis fin à la souveraineté des Etats. Ainsi, les compétences de souveraineté restent dans les mains des Etats et les décisions qui affectent ces domaines sont adoptées à l'unanimité (à l'image de la fiscalité par exemple).Les institutions européennes peinent à se démocratiser:une extension de la supranationalité dans les domaines essentiels de la souveraineté étatique supposerait l'émergence d'un espace démocratique au niveau européen or c'est la nation qui reste le cadre du débat démocratique. [...]
[...] De plus, il semble que plus l'intégration régionale est importante, plus le commerce inter zone est important. Ainsi, on perçoit que s'il y a régionalisation croissante, ce n'est pas nécessairement au détriment des échanges avec l'extérieur. Les espaces régionaux ont un rôle économique à jouer, mais il ne consiste pas à protéger les pays membres de la mondialisation. L'enjeu économique apparaît plutôt être la préparation à une meilleure intégration dans les échanges mondiaux : les processus de régionalisation participent donc à la recomposition géoéconomique de l'après-guerre froide. [...]
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