L'Iran et l'Arabie saoudite sont deux États dont l'opposition est inscrite dans la géographie physique et humaine des deux rives du Golfe : l'un étant à majorité perse et chiite tandis que l'autre est arabe et sunnite. Cependant, leur destin est lié par un troisième État : les États-Unis d'Amérique. En effet, depuis le début du XXe siècle, les États-Unis se sont intéressés à l'atout stratégique que représente l'or noir qu'ont en commun les sols de ces deux États du Moyen-Orient. Cet attrait économique s'est donc doublé de relations diplomatiques intimes. Cependant, force est de constater que l'évolution des relations américano-iraniennes et américano-saoudiennes est diamétralement opposées. On pourrait même qualifier ces deux relations de chassé-croisé ; L'Iran étant actuellement considéré comme un « rogue state » ou État voyou alors que l'Arabie saoudite reste l'alliée des États-Unis.
On peut donc se demander quels sont les éléments communs à l'Iran et l'Arabie saoudite qui, paradoxalement, permettent d'expliquer une évolution si différente du rapport de l'Iran et de l'Arabie saoudite aux États-Unis.
[...] La Guerre du Golfe (1990-1991) est une seconde opportunité mais l'Iran n'est finalement pas invité à la conférence de Madrid en 1991 qui vise à tracer les grandes lignes du nouveau Moyen Orient Parallèlement au cas de l'Arabie saoudite, l'arrivée de l'administration Clinton en 1993, qui veut rompre avec l'héritage des années Reagan et Bush, n'est pas de bon augure pour l'Iran. Le symbole de cette rupture se résume à la théorie du dual containment ou double endiguement visant à isoler l'Irak et l'Iran plutôt que de jouer l'un contre l'autre. Cependant, la victoire de Khatani en Iran qui appelle au dialogue des civilisations est un symbole de détente. Clinton y répond par la reconnaissance de la participation de la CIA dans le coup d'Etat de 1953 est la véritable racine du problème entre les deux Etats. [...]
[...] Néanmoins, la suspicion de la participation de l'Iran dans l'attentat contre al Khobar en 1996 en Arabie saoudite détériore à nouveau le rapport de l'Iran aux Etats-Unis. Par ailleurs, malgré le soutien politique de l'Iran aux Etats-Unis au lendemain des attentas du 11 septembre (contre l'ennemi commun sunnite Al Qaeda), la doctrine des rogue states ou Etats voyous place l'Iran à la tête de file des pays ennemis des Etats-Unis. En effet, en février 2002, l'Iran se retrouve qualifié de premier Etat terroriste du monde dans l' Axe du mal associé à l'Irak et à la Corée du Nord à cause de sa volonté de se doter de l'arme de destruction massive. [...]
[...] Ainsi naît la fameuse relation spéciale entre l'Arabie saoudite et les Etats Unis basée sur le compromis oil for security : l'Arabie saoudite fournit les Etats-Unis en pétrole qui la protègent militairement en retour. Néanmoins, il faut noter que l'Arabie saoudite constitue elle aussi un atout stratégique pour les Etats Unis qui ont désormais une base militaire au Moyen-Orient. L'Arabie saoudite est vitale pour la défense des Etats-Unis Franklin Roosevelt février L'Iran, l'ami sous tutelle 1 Une manne pétrolière nationalisée ? Parallèlement à la relation américano-saoudienne, les Etats-Unis profitent du départ des Anglais en Iran pour s'approprier les réserves de pétrole iraniennes. [...]
[...] Ainsi en 1951, le parlement iranien vote sa nationalisation pour se libérer de 90 ans d'appropriation des ressources pétrolières par les Anglais. La fierté iranienne est certes retrouvée mais l'embargo total imposé par les Anglais empêche l'Iran de percevoir les recettes d'exportation. Deux aspects vont décider les Etats-Unis à rentrer définitivement en scène. D'une part la guerre froide et d'autre part l'or noir. En effet le vide laissé par Londres inquiète les Américains qui, comme en Arabie saoudite, le comblent pour empêcher l'expansion de l'URSS. De plus, la manne pétrolière nationalisée et donc libre de toute domination anglaise attire les Etats-Unis. [...]
[...] Le pétrole est donc dans un premier temps l'élément qui rapproche les Etats- Unis de l'Arabie saoudite et de l'Iran. Arme économique mais aussi stratégique, il amène les Etats Unis à s'immiscer dans la politique interne de ces deux pays jusqu'à fomenter un coup d'Etat en Iran. Humiliés et dépourvus de tout espoir démocratique, il ne reste que l'islam aux Iraniens. L'Islam, une arme géopolitique utilisée conte la religion séculière ou le tournant de la révolution islamique iranienne 1 Révolution séculaire contre religion séculière ? [...]
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