A la fin de la Première Guerre mondiale, l'éclatement de l'Empire Ottoman laisse un Proche-Orient désorganisé, déstabilisé, et donc potentiellement dangereux, surtout de l'avis des puissances occidentales. Après l'horreur de cette guerre totale, la volonté d'instaurer une paix durable et définitive est plus forte que jamais, et l'objectif devient international, comme le prouve, entre autres choses, la création de la Société Des Nations. Décision est donc prise de placer la région sous la tutelle de ces pays occidentaux vainqueurs de la guerre. La France va alors se donner pour but de créer – de toutes pièces – des États démocratiques. Ce processus doit avoir pour but de stabiliser la région, mais également de former un État sur le modèle occidental, facilitant ainsi le dialogue et l'échange. Durant cette période de transition, que l'on pourrait qualifier de processus de décolonisation, l'organisation politique et institutionnelle du Liban est largement influencée par l'occupation française. Le choix de l'établissement d'une consociation est fait : il s'agit d'un système socialement et idéologiquement fragmenté, mais également stable et fondé sur le consensus et la coopération. La différenciation entre communautés est essentiellement religieuse, on parle donc plutôt de confessionnalisme dans le cas du Liban.
Mais en 1943, date de l'indépendance concédée par la France libre, les problèmes ne sont pas résolus. En effet, l'équilibre fragile du tout jeune Etat va être mis à mal par un contexte international extrêmement tendu : celui de la guerre froide, tandis que sa souveraineté sera remise en cause par de nouvelles ingérences extérieures : celles de ses voisins, syriens et israéliens.
Le processus de décolonisation, censé mener au plein exercice de la souveraineté de l'État libanais, semble donc débuter avec la chute de l'Empire Ottoman. Pourtant, la date de l'indépendance officielle du pays ne peut être reconnue comme le terme de ce processus. Puisqu'il est délicat de définir une date butoir, nous nous intéresserons seulement à la période allant du début des années 20 à la fin des années 2OOO, puisqu'un recul plus important semble nécessaire pour prendre en considération les événements plus récents agitant le pays.
Dans quelle mesure l'organisation politique et culturelle du Liban est-elle le résultat d'une volonté des puissances extérieures de former un nouvel État ?
[...] D'autre part, la Constitution du pays date de 1926, alors que la France occupe encore le Liban. Le texte est en partie rédigé par des juristes français et il est largement inspiré de la constitution française de la 3e République et de son modèle de démocratie parlementaire. Sous tutelle, les Libanais sont sensés faire l'« apprentissage de la démocratie Certains articles font explicitement référence à la présence française. La constitution est également suspendue à deux reprises, dont une fois pour évincer un candidat musulman à la présidence. Par ailleurs, un système consociatif se met en place. [...]
[...] À titre d'anecdote, le Liban n'apparaît pas en tant qu'Etat sur les cartes de l'administration syrienne. De la même manière, la Syrie n'a pas d'ambassade au Liban, tout comme le Liban n'en a pas à Damas. Toutes ces mesures font que pour beaucoup de Libanais, les accords de Taëf, tout comme le Traité de fraternité, signé en 1991, et sensé encourager la coordination et la coopération entre le Liban et la Syrie, n'ont fait que consacrer l'annexion du Liban par la Syrie. [...]
[...] La promesse d'une voix s'échange contre certains avantages, de l'argent, ou des cadeaux de toutes sortes. En conséquence, le coût d'une campagne au Liban peut atteindre deux fois le budget de celle d'un candidat américain, pourtant déjà considérable. La vie politique libanaise est donc dominée par des sortes de patrons. Aujourd'hui, on parle d'un club parlementaire La représentation communautaire, accaparée par un club relativement fermé d'oligarchies politiques et économiques, a paralysé le fonctionnement de la démocratie, c'est-à-dire le renouvellement des élites. La génération des miliciens est le fruit de ce blocage. [...]
[...] A Une création arbitraire Le Liban a été créé en tant qu'Etat durant le mandat français. Les bases du système libanais doivent donc être envisagées dans ce contexte de forte emprise extérieure. Dès que la France se voit attribuer le mandat libanais, deux courants s'opposent rapidement avec d'une part un mouvement nationaliste arabe, en faveur de l'indépendance d'une Grande Syrie dont le Liban ne serait qu'une province, et sous la direction d'un souverain arabe ; et d'autre part un mouvement chrétien, majoritairement composé de maronites, en faveur d'un Etat libanais indépendant. [...]
[...] En quoi l'organisation politique et culturelle du Liban est-elle héritée d'un processus de décolonisation ? Février 2007 À la fin de la Première Guerre mondiale, l'éclatement de l'Empire ottoman laisse un Proche-Orient désorganisé, déstabilisé, et donc potentiellement dangereux, surtout de l'avis des puissances occidentales. Après l'horreur de cette guerre totale, la volonté d'instaurer une paix durable et définitive est plus forte que jamais, et l'objectif devient international, comme le prouve, entre autres choses, la création de la Société des Nations. [...]
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