« Le sentiment de libération de l'Europe parce qu'elle n'a plus besoin de nous est réciproque. Nous n'avons plus besoin de l'Europe comme auparavant. Elle n'est plus cruciale dans la définition de nos intérêts dans le monde » . C'est ainsi que Richard Perle, proche conseiller de Don Rumsfeld, perçoit les relations transatlantiques contemporaines.
L'arrivée de l'administration Bush au pouvoir, tout comme les attentats du 11 septembre 2001, semblent avoir marqués un renouveau dans les relations entre l'Europe et les Etats-Unis.
Même si les deux continents partagent des valeurs et des intérêts communs qui leurs ont permis de créer des liens solides, force est de constater que même si ce lien existe toujours, les relations transatlantiques ont changé et même été malmenées.
Le sujet, en lui-même crée une relation de cause à effet entre la dégradation des relations transatlantiques et l'arrivée de l'administration Bush au pouvoir, ce qui nous amène à prendre en compte une dimension conjoncturelle, à savoir ladite dégradation dans un cadre temporel bien précis.
Rappelons que l'on entend par relations transatlantiques, les relations existantes entre Europe et Etats-Unis.
Prétendre que ces dernières se sont dégradées ce n'est en rien affirmer qu'il existe une rupture entre les deux continents mais qu'en analysant la politique de l'administration Bush dans un contexte spécifique et malgré l'existence d'une communauté de destin soumise au tragique de l'histoire, cela n'interdit pas des nuances d'analyse et de stratégie.
Pour ce qui est de l'administration Bush, il s'agit de prendre en considération au-delà de la seule personne du président, les personnalités qui l'entourent en ce sens qu'elles influencent l'élaboration de la politique extérieure americaine. Il s'agit pour la majorité de républicains, ultra-conservateurs ayant parfois même servis sous les mandats de George Bush et Reagan, comme en témoignent Colin Powell et Don Rumsfeld pour ne citer qu'eux.
La prise en considération de cette dimension conjoncturelle suppose que la direction politique poursuivit par cette administration est différente de celle qui a été formulée par l'exécutif précédent à savoir, l'administration Clinton.
En effet, la politique libérale de Clinton semble s'opposer à celle de Bush, d'ordre réaliste, dans la mesure où ce dernier met l'accent sur la puissance militaire américaine, dans un contexte où l'anarchie internationale s'est d'autant plus révélée depuis les attentats de 2001, visant à mettre en exergue l'intérêt national et un équilibre des forces basé sur un système unipolaire.
Il faut entendre le terme de « puissance » dans ce contexte, comme « la capacité de faire, produire ou détruire (….) La capacité d'une unité politique d'imposer sa volonté à d'autres unités », comme l'a précisé Raymond Aron , même si l'on a pu croire que cette définition de la puissance n'était plus valide après la fin de la Guerre Froide.
Tout cela tend à inquiéter l'Europe qui doit repenser ses relations avec les Etats-Unis compte tenu des discordances qui ont pu se développer.
Que l'on évoque les contentieux économiques ou politiques comme les désaccords en matière de peine de mort, au sujet de la CPI , des accords de Kyoto, de la guerre en Irak …voilà autant d'exemples qui témoignent de divergences de point de vue entre les deux continents.
Pour notre part, ne pouvant faire le tour de tous les problèmes auxquels sont confrontés les deux pôles de l'Atlantique, nous tenterons d'analyser la dégradation des relations transatlantiques au niveau militaire, depuis l'arrivée de l'administration Bush, à travers le problème de la PESD , en nous demandant en quoi l'émancipation de l'Europe en matière de sécurité et de défense est révélatrice d'une tension dans les relations transatlantiques?
Pour répondre à l'unilatéralisme militaire américain, l'Europe tend à montrer son attachement au multilatéralisme qu'elle considère comme le système le plus approprié à la donne internationale.
Parce que les deux pôles ont des nuances d'analyse et de stratégie, les stratégies communes en matière de sécurité et de défense semblent être mises à mal dans la mesure où les Etats-Unis paraissent vouloir marquer leur différence avec le reste du monde et faire de la sécurité nationale un des piliers de leur politique. Dés lors, l'Europe souhaite répondre à la menace représentée par la puissance militaire de son allié et pour cela se lance dans un programme de construction d'une défense européenne pour grignoter dans le monopole américain.
Par conséquent, notre étude visera à montrer dans un premier temps en quoi les conceptions américaine et européenne divergent dans leur manière d'appréhender les relations internationales contemporaines pour ensuite voir en quoi cette émancipation européenne semble être une réponse à la dégradation des relations transatlantiques et comment elle a été reçue du côté américain.
[...] Néanmoins, la crise irakienne a mis en avant des divisions profondes d'ordre politique notamment sur les questions de l'ampleur à donner à la PESD et sur son degré d'autonomie par rapport à l'OTAN. Le fait que des Etats européens osent dirent non aux positions américaines n'a fait qu'empirer les choses en ce sens que Washington pensait que son allié européen continuerait à se rallier à ses positions. C'est à ce moment que Washington va sévèrement réagir contre son allié en mettant tout en œuvre pour affaiblir son partenaire. [...]
[...] LA REDEFINITION DIFFICILE DU ROLE DE L'EUROPE DANS LES RELATIONS TRANSATLANTIQUES Afin de mettre en place une relation équilibrée et complémentaire entre les deux rives de l'Atlantique, l'Europe, de par sa crainte de rester un nain politique tient à devenir une entité politique forte et à se doter d'une véritable politique étrangère. C'est ce qu'elle envisage de faire à travers son programme de politique européenne de défense et de sécurité par le biais duquel elle compte atteindre une plus grande intégration politique afin de jouer un rôle plus important dans les affaires mondiales. Or cela n'a fait qu'accroître les tensions entre les deux pôles de l'atlantique dans la mesure où les Etats-Unis ont accueilli ce projet comme étant la volonté des européens de se séparer d'eux. [...]
[...] Il n'y a que sur la base d'une capacité d'action collective que la rupture pourra être évitée et seul le temps nous permettra de dire si la dimension conjoncturelle permettait d'expliquer ces discordances car rappelons ce que disait Julian Lindley French les changements les plus troublants se sont rarement produit au passage d'un mandat à un autre mais dans un mandat. Aucun président n'entre en fonction avec une position sur l'Europe qui lui soit vraiment propre www.iss.eu.org, Les relations transatlantiques et l'administration Bush Julian-Lindley-French Paix et guerre entre les nations R.Aron, Calmann-Lévy, Paris P 58. Cour pénale internationale Politique européenne de sécurité et de défense www.membres.lycos.fr, La crise des relations transatlantiques Geneviève Schmeder. [...]
[...] Pour ces auteurs, comme la force ne permet plus d'avoir une réelle influence sur le monde, mieux vaut privilégier la dimension économique mais pas seulement classique mais en allant au-delà en s'emparant d'une capacité de maîtrise des éléments culturels, idéologiques et les institutions qui y sont liées tels que la démocratie. Voilà pourquoi la politique de Clinton était essentiellement basée sur la théorie de la paix démocratique Au contraire, l'administration Bush rompt avec la soft security pour privilégier la hard security et opte pour une conception hobbesienne et non plus kantienne des relations internationales. L'accent est mis sur la politique de puissance et l'utilisation de la force retrouve une place centrale. [...]
[...] L'inquiétude des Etats-Unis à propos du développement de la PESD est facilement perceptible à travers son comportement. Depuis que l'Europe a lancé son projet, Washington n'a cessé de clamer son attachement à l'OTAN, comme système de défense collective. Par ailleurs, on a pu remarquer une réelle tendance de l'administration Bush à essayer de diviser l'Europe afin que ledit projet puisse être difficilement mis en pratique. Dans un premier temps, pour ce qui est de leur attachement à l'OTAN, les Etats-Unis se sont lancés dans une véritable campagne de promotion celle-ci. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture