L'opinion publique occidentale a été confrontée à la question kurde principalement à partir de 1991 (au cours de la guerre du Golfe), lorsqu'en Irak plus de 2 millions de personnes prennent le chemin de l'exode, traumatisés par le spectre des armes chimiques dont Saddam Hussein avait fait usage 3 ans plus tôt contre des populations kurdes. Les forces alliées avaient alors mis en place une zone de sécurité dans le Nord de l'Irak, lors d'une opération militaro-humanitaire très médiatisée, destinée à protéger les populations kurdes contre d'éventuelles représailles de la part du pouvoir irakien, et à inciter le retour des réfugiés.
Or, quelques années plus tard, cette même opinion publique se retrouve totalement déboussolée quand les deux principales organisations kurdes irakiennes, l'UPK et le PDK, protégées par les alliés, s'affrontent violemment lors d'une guerre fratricide pour le contrôle du Kurdistan irakien, devenu un Etat fédéral entre-temps… Le PDK ira même jusqu'à s'allier avec Saddam Hussein, l'ennemi qui quelques années plus tôt avait utilisé des armes chimiques contre le peuple qu'ils défendent, afin de rejeter l'UPK hors du Kurdistan irakien.
Afin de comprendre ces faits, il s'agit de voir comment un même problème minoritaire peut évoluer dans le cadre de quatre réalités et trajectoires étatiques différentes, mais également d'étudier les facteurs influant sur la question kurde et les mouvements nationalistes.
Pour cela, nous verrons dans un premier temps l'émergence de la question kurde, puis les stratégies mises en place par les Etats pour étouffer justement cette question kurde, et enfin nous verrons que les organisations nationalistes kurdes sont principalement des mouvements armés et non politique, et qu'ils sont détournés de leur objectif premier par la diplomatie parallèle en particulier.
[...] Riposte massive et sanglante du pouvoir. Deux millions de Kurdes fuient vers l'Iran et la Turquie L'Onu adopte la résolution 688 exigeant la fin de la répression contre les Kurdes et demandant à Bagdad de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. Seuls 300 observateurs humanitaires sont déployés dans la région. Leur mandat ne sera pas renouvelé par la suite. Les forces alliées lancent l'opération Provide comfort destinée à protéger les populations kurdes mai 1992 : Elections libres au Kurdistan irakien mais aucune autorité stable ne s'installe. [...]
[...] En permettant l'accès à des ressources militaires, un Etat n'abandonne pas son souci sécuritaire. C'est justement pour mieux répondre à ce souci, et transformer la guerre avec l'Etat en une guerre intrakurde que l'Etat accepte d'armer une partie des Kurdes. C'est ainsi que des milices kurdes organisées en Irak, les Bataillons de la Défense nationale, regroupaient soldats et permettaient au régime de Saddam Hussein de trouver des assises dans la société kurde, en dotant ces forces d'un prestige social au détriment du reste des mouvements kurdes. [...]
[...] Ce parti, dirigé par le secrétaire général Abdullah Hassanzadeh depuis 1997, est illégal en Iran et lutte clandestinement. Peshmergas : Terme traditionnel pour désigner les combattants kurdes. Le PKK utilise le terme de guérillero. On évalue en général à ou les forces militaires de chacun des trois partis. Certains spécialistes assurent que le PKK ne regroupe en fait que à combattants. Cécile Marin et Philippe Rekacewicz , septembre 1996. Sources : Institut kurde de Paris. [...]
[...] Mais ces manipulations des mouvements kurdes ne s'arrêtent pas aux limites géographiques du Kurdistan et de ses 4 Etats concernés, elles s'élargissent à tout le Moyen-Orient, impliquant d'autres Etats ou mouvements régionaux : 3 Enjeux régionaux et instrumentalisation des Kurdes Au-delà du simple statu quo consistant à combattre collectivement la contestation kurde, l'Irak, l'Iran, la Syrie et la Turquie ont développé à partir de la fin des années 70, une diplomatie régionale parallèle. Celle- ci utilise l'élément kurde contre l'Etat adverse. Cette instrumentalisation a dépassé le cadre géographique de ces 4 pays. En effet, certains enjeux régionaux mettent en scène les Kurdes, ou du moins certains mouvements kurdes, même lorsque ces enjeux ne les concernent pas directement. [...]
[...] En Iran, la représentation kurde est plus problématique car peu d'informations sont disponibles sur le sujet. La doctrine du velayet e faghih (la suprématie du religieux sur le politique) réduit les possibilités d'ascension des non chi'ites. Cependant on recense un nombre important d'associations et de réseaux d'entraide et de solidarité dont le degré d'autonomie par rapport au régime et la représentativité sont plus ou moins importants. En Syrie, la dynamique de l'açabiyya a permis aux Kurdes une intégration au système politique, en tant que communauté, mais après quelques coups d'Etats dans les années 40 et 50 ils ont finalement dû abandonner la prédominance aux Alaouites. [...]
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