La question de la confiance est cruciale dans les processus de paix, et ce pour deux raisons.
Tout d'abord, la confiance est une condition indispensable au bon déroulement des négociations. En effet, une partie n'a a priori aucun intérêt à négocier si elle n'a pas confiance en la volonté de l'autre partie d'aboutir à un résultat. La confiance mutuelle est également indispensable à l'application des termes d'un accord de paix. Une partie qui ne se sent pas en sécurité, qui s'imagine à tort ou à raison que l'autre partie reviendra sur ses engagements, sera tentée de trahir elle-même sa parole, ruinant ainsi le processus de paix.
La confiance mutuelle est d'autant plus indispensable durant les processus de paix, qu'il n'existe pas, dans l'ordre international anarchique, de structure efficace permettant de s'assurer que chacun respecte ses engagements. En l'absence d'un « supérieur commun » disposant du « monopole de la violence légitime » , la cordialité des relations internationales est fondée en grande partie sur le froid calcul de la raison (le « donnant-donnant » cher aux réalistes) et, de façon plus marginale, sur l'honneur : rien n'empêche donc un Etat de revenir sur sa parole. Les parties n'ayant pas nécessairement un intérêt égal au bon déroulement du processus de paix, la méfiance est donc de mise.
On peut donc, temporairement du moins, s'accorder sur le fait que les négociations internationales et les processus de paix se déroulent dans un système anarchique, caractérisé par l'absence d'une instance disposant du monopole de la violence légitime.
C'est donc en partant de ce postulat « anarchophile » que nous étudierons la question de la confiance dans les processus de paix. L'étude de la structure des relations internationales nous mènera ensuite au niveau inférieur, celui de l'acteur individuel.
[...] Mathématiquement, une situation de type dilemme du prisonnier se note de la façon suivante. Dilemme du prisonnier. L' utilité est un chiffre entre 1 et étant l'utilité maximale que l'on puisse retirer d'une situation, et 1 le pire choix possible. L' utilité retirée par l'Etat A est la plus grande si l'Etat B coopère et qu'il le trahit. Ce serait la situation de l'Iran si les Occidentaux lui fournissaient une aide dans le domaine du nucléaire civil sans qu'il renonce à son programme atomique. [...]
[...] C'est donc en partant de ce postulat anarchophile que nous étudierons la question de la confiance dans les processus de paix. L'étude de la structure des relations internationales nous mènera ensuite au niveau inférieur, celui de l'acteur individuel. Il s'agit en somme de se demander dans quelle mesure l'anarchie internationale est un obstacle à la confiance ; puis, de se demander si la méfiance est due à la seule structure des relations internationales (II.) Les processus de paix dans un cadre anarchique : une paix structurellement impossible ? [...]
[...] Du point de vue du réalisme international, il était rationnel pour le premier ministre de neutraliser Arafat. On retrouve cette configuration dans les premières années de la contre-guérilla menée par le Maroc contre le front Polisario, ou par la guerre menée par les Russes en Tchétchénie. Grosse brute. Le joueur B a une stratégie unique de défection (utilité 4 ou 3 contre utilité et le joueur A ne pouvant attendre de clémence de sa part, il ne peut que se soumettre (utilité 2 contre utilité 1.) L' impasse ou pourquoi la guerre Iran-Irak a duré si longtemps Le jeu de l' impasse ou deadlock illustre lui les situations où deux acteurs de même puissance ont tous deux un intérêt à la guerre. [...]
[...] En somme, l'anarchie internationale semble être un obstacle de taille à la confiance dans les accords de paix, bien qu'il ne soit pas insurmontable. Cela dit, on aurait tort d'interrompre notre étude sur cette note pessimiste. II) Structure interne et identité des acteurs dans les processus de paix : le niveau de l'acteur individuel Jusqu'ici, en effet, notre analyse de la question de la confiance dans les processus de paix n'a été que partielle. Nous nous sommes basés principalement sur la théorie réaliste des Relations Internationales, qui simplifie excessivement les rapports entre Etats en les assimilant à des acteurs rationnels et unitaires. [...]
[...] La théorie des jeux nous aide à comprendre que, dans la grille d'analyse réaliste qui traduit le mieux la situation d'anarchie internationale, les parties à un conflit a toutes les raisons de ne pas suivre un processus de paix. La raison en est la méfiance entre des acteurs ayant une stratégie purement égoïste, et se disputant les mêmes ressources (pouvoir, territoire, puits de pétrole, etc.). La solution : jouer sur la structure des relations internationales ? Si l'anarchie se trouve au fondement de l'échec de nombreux processus de paix, deux solutions sont possibles. [...]
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