Britania, rule the waves… Ce chant anglais composé par Thomas Augustine Arne en 1740 définit bien l'importance de la puissance maritime, celui qui contrôle la mer garantit sa sécurité et jusqu'au milieu du XXème siècle la puissance se mesure à l'aune de la force navale.
Dès lors on peut se demander comment évolue la notion de puissance maritime durant le XXème siècle, et comment s'organise la concurrence entre les puissances maritimes permanentes et les puissances maritimes occasionnelles dans la guerre et dans la paix tout au long du XXème siècle.
Il est possible de scinder le XXème siècle en deux périodes distinctes.
Au début du XXème siècle une puissance maritime surclasse toutes les autres : c'est la Grande-Bretagne. A partir de ce modèle de la puissance maritime par excellence on peut tenter de définir les caractéristiques de cette puissance.
Durant le premier XXème siècle, une puissance maritime est avant tout une puissance qui peut protéger ses routes maritimes. Les routes maritimes durant la majeure partie du XXème siècle ont une importance incontournable : tous les échanges se font par voie de mer. En effet il est beaucoup plus avantageux transporter des pondéreux par la mer plutôt que par la terre. Par exemple le coût de transport d'une tonne de charbon des mines de La Plata à Londres équivaut à celui des mines du Yorkshire à Londres.
[...] L'extension de la puissance russe sur le plan mondial doit se faire par l'accès aux mers chaudes et le développement d'une flotte capable de projeter des forces soviétiques en n'importe quel point du globe. Toutefois les restrictions budgétaires de Gorbatchev face à la nouvelle course aux armements américaine seront fatales à la flotte russe et la tragédie du Koursk marque bien l'échec de la Russie à devenir une véritable puissance navale. Pour la France, la dissuasion nucléaire du faible face au fort ne peut se faire que si les représailles sont jugées crédibles, dès lors il faut que les missiles nucléaires atteignent le territoire ennemi même si la majeure partie du petit territoire national est déjà totalement atomisée. [...]
[...] Alors, pourquoi être une puissance maritime durant le second XXème siècle alors que la domination des USA est sans appel ? Le développement de nouvelles puissances maritimes est alors motivé par différentes considérations stratégiques. Si la flotte est un élément indispensable de la dissuasion nucléaire alors certaines puissances nucléaires vont chercher à devenir des puissances navales pour pouvoir posséder une force de dissuasion efficace. Ce sont dans deux optiques proches mais différentes les attitudes de la France et de l'URSS. [...]
[...] Ce qui va totalement changer le visage de la marine dans le second XXème siècle est l'utilisation de la flotte comme force de dissuasion. Cette évolution débute véritablement avec le lancement du premier Sous-marin Nucléaire Lanceur d'Engins (SNLE) en 1960 : le George Washington à partir duquel des missiles nucléaires peuvent être lancés. Si l'on peut embarquer des missiles nucléaires dans des sous-marins qui sont presque totalement autonomes et difficilement repérables alors la dissuasion marche pleinement car il est impossible de détruire les missiles embarquées dans des sous- marins lors d'une première frappe, la marine se retrouve alors au centre de la stratégie de la dissuasion après en avoir été exclue par l'aviation dans un premier temps. [...]
[...] Les cuirassés au lieu de tenir la mer s'enfermèrent dans les rades et la seule grande bataille dans laquelle ils soient intervenus ne pesa d'aucun poids sur les évènements." En effet, les stratèges des différentes puissances maritimes basent leurs tactiques navales sur l'idée qu'il faut livrer la bataille ultime, en reprenant les thèses de Mahan, ils considèrent que pour avoir le contrôle de la mer, il faut détruire totalement la flotte adverse, il faut livrer une grande bataille navale en ayant comme dogme l'avertissement du théoricien Mahan : Never Divide the Fleet. Ce sont les principes de la guerre totale de Clausewitz qui sont repris sur mer. [...]
[...] De même lors de la Seconde guerre mondiale, deux innovations majeures vont déstabiliser les puissances maritimes permanentes pendant un temps. C'est d'un coté l'attaque des convois en meutes de sous marins qui est mise en place par l'Amiral Doenitz qui accorde une grande importance aux sous- marins dans la guerre : "la marine ne peut plus contribuer que par le sous- marin à une fin victorieuse de cette guerre". L'autre grande innovation stratégique de la Seconde guerre mondiale est pour la première fois la mise en place d'opérations aéronavales combinées à la fois en Europe et dans le Pacifique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture