La notion de puissance est l'un des concepts fondamentaux des Relations internationales et occupe une place prépondérante si l'on reprend l'affirmation de l'auteur réaliste Hans Morgenthau selon laquelle « toute politique est politique de puissance ». Il s'agit alors de tenter une définition de cette notion.
Nous nous garderons ici de nous étendre sur la distinction faite en français mais absente en anglais (power) ainsi qu'en allemand (Macht) entre les termes « pouvoir » et « puissance ». Rappelons simplement qu'il est admis de réserver le premier à la politique intérieure et le second à la politique internationale.
Pour Raymond Aron, la puissance est « la capacité d'une unité politique d'imposer sa volonté à d'autres unités ». Pour Morgenthau il s'agit de l'emprise d'un acteur sur l'esprit et les actions des autres ». Ces deux définitions nous ramène à la caractérisation du terme par Max Weber : « la puissance signifie toute chance de faire triompher au sein d'une relation sociale sa propre volonté, même contre des résistances, peu importe sur quoi repose cette chance ». La puissance doit donc être avant tout envisagée comme une relation, une interaction, supposée conflictuelle au sein de l'état d'anarchie considéré dans l'analyse réaliste des relations internationales. Cette relation, « relation humaine » selon R.Aron peut s'exercer positivement c'est à dire qu'une unité peut imposer sa volonté aux autres suivant les modalités qu'elle aura choisies et amener ces autres unités à des actions qu'elles n'auraient pas entreprises en dehors de cette influence. Elle peut être également négative, c'est à dire qu'un Etat a la possibilité de ne pas accomplir quelque chose qu'il ne souhaite pas et peut empêcher un autre acteur d'agir selon sa volonté propre. C'est ainsi la puissance ou plutôt sa distribution entre les différents acteurs qui structure le système international. Cette distribution évolue au cours de l'histoire et fournit la caractérisation multipolaire, bipolaire ou unipolaire comme c'est le cas actuellement du monde.
L'impératif de puissance est relié à la défense de l'intérêt national, autre notion clé des réalistes, que nous définirons brièvement comme la garantie par un Etat de sa propre sécurité et de sa survie c'est à dire qu'il se doit de sauvegarder son intégrité territoriale, son indépendance politique, son identité culturelle.
Cet impératif amène la puissance à être envisagée essentiellement en terme de capacité militaire à mettre en œuvre, même si celle-ci, si elle est considérée comme instrument de mesure de la puissance d'un Etat, apparaît comme une variable problématique du fait même de la relation toujours à l'œuvre dans l'exercice cette puissance. L'efficacité du facteur militaire est ainsi remise en cause notamment dans les années 1990 par Joseph S. Nye Jr qui avance la notion de « soft power » puissance douce ou cooptative par opposition au « hard power » (puissance coercitive) ainsi que par Susan Strange qui détermine l'exercice d'un « structural power » (puissance structurelle), deux formes nouvelles de la puissance davantage adaptées aux changements advenus au niveau international.
[...] L'issue des conflits actuels entre les États- Unis et d'autres acteurs est encore incertaine, mais elle sera sans doute riche pour l'analyse et la pratique des relations internationales. [...]
[...] Comme nous pouvons le constater, l'auteur fait ici appel à des notions très matérielles comme à des termes moins tangibles. Mais pour Morgenthau, c'est de la capacité militaire que dépend avant tout la puissance d'un État. Dans Politics among Nations, il affirme ainsi : le fait que la puissance dépende de la force militaire est si évident qu'il ne nécessite aucune démonstration Kenneth Waltz quant à lui définit également la puissance selon trois variables essentielles que sont la population, la surface du territoire et l'état de la force armée. [...]
[...] En temps de paix les moyens d'exercer la puissance passent notamment par les pressions économiques, de plus en plus fréquentes, qui, si elles évitent le conflit armé et constituent par comparaison un mode de règlement plus pacifique, n'en sont pas moins coercitives. L'économie, de plus, est envisagée dans une perspective mercantiliste par les réalistes comme le moyen d'augmenter sa capacité militaire. Utilisée de façon coercitive directe ou par la dissuasion c'est donc la suprématie des armes qui semble distribuer les rôles entre les États sur l'échelle de la puissance. [...]
[...] Nye Jr qui avance la notion de »soft power» puissance douce ou cooptative par opposition au hard power (puissance coercitive) ainsi que par Susan Strange qui détermine l'exercice d'un structural power (puissance structurelle), deux formes nouvelles de la puissance davantage adaptées aux changements advenus au niveau international. Tout en décrivant les composantes principales de l'analyse de S. Strange, nous nous attacherons à examiner plus particulièrement celle de J.S. Nye et tenterons de répondre aux deux interrogations que suscite la notion de puissance aujourd'hui. [...]
[...] Puis nous envisagerons la portée de l'analyse de Nye ainsi que la remise en cause dont elle semble être l'objet essentiellement au regard des actions engagées par les États-Unis récemment. I Les composantes traditionnelles de la puissance et leurs limites Ressources de la puissance Caractériser les ressources constantes de la puissance semble une question assez problématique étant donné que celle-ci est avant tout une relation entre deux ou plusieurs acteurs et qu'elle s'exerce dans un contexte donné et chaque fois différent. Cependant, plusieurs ressources essentielles apparaissent dans l'analyse réaliste. Ainsi, H. [...]
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