Puissance nucléaire ou 'collapsed state' : la place de la Russie sur la scène internationale

Résumé du document

La chute du mur de Berlin et la disparition de l'Union Soviétique en 1991 ont lancé les défis d'une démocratisation difficile à la Russie et ont modifié la donne dans l'équilibre des relations internationales. Le recul économique et démographique, la destruction d'une partie du patrimoine scientifique, les réformes aléatoires non suivies de succès ainsi que le bilan des présidences de Boris Eltsine, le développement du crime organisé et de la corruption laissent penser que la Russie est devenue un 'collapsed state'

Extraits

[...] Conclusion L'extension à l'Est de l'Alliance atlantique, les frappes au Kosovo et la volonté des Etats-Unis de remettre en cause les Traités de non prolifération nucléaire de 1972 sont les trois éléments majeurs de la politique internationale qui ont amené la Russie à redéfinir le concept de sécurité nationale dans un sens plus confrontationnel en réaffirmant sa volonté de grandeur dans l'ordre international. A la fois puissance nucléaire et collapsed state, la Russie compte parmi les acteurs importants de la scène internationale si bien que l'on peut penser que l'avenir du système international dépend de l'avenir de la Russie, zone pivot de l'Eurasie La Russie en parvenant à imposer l'idée que sa faiblesse pouvait avoir des conséquences néfastes pour l'ordre international s'accorde toutes les attentions de ses partenaires occidentaux. [...]

[...] La puissance nucléaire et la menace du chaos L'arme nucléaire est cependant l'argument principal de cette place accordée à la Russie sur la scène internationale. La faiblesse de la Russie a été également l'instrument d'une politique étrangère. En projetant la menace du chaos dans un pays doté de la puissance nucléaire, la Russie a développé une coopération avec le monde occidental et Igor Ivanov rappelle que la stabilité dans le monde dépend dans une large mesure de la stabilité de la Russie La prévention de la prolifération nucléaire a été le but principal de la doctrine américaine (doctrine de Baker en décembre 1991) et cette question continue de jouer un rôle essentiel. [...]

[...] et il suspend toute coopération avec l'OTAN. La Douma menace de lever l'embargo sur la livraison d'armes à la Serbie et reporte la ratification de START II pour protester. La Russie n'a pas réussi à peser sur la décision et les frappes aériennes ont été décidées malgré son opposition. De même les médiations qu'elle a tentées auprès des Serbes en 1998 (visite du Président Milosevic à Moscou) puis lors de la Conférence de Rambouillet en février-mars 1999 ont échoué. L'intervention de l'OTAN achève par ailleurs de convaincre la Russie que les Occidentaux n'hésitent pas à agir sans tenir compte de ses intérêts légitimes et elle redoute de voir l'Alliance agir sans mandat du Conseil de sécurité où elle exerce son droit de veto et intervenir dans l'un des multiples conflits qui ont éclaté dans l'espace post-soviétique. [...]

[...] Ainsi le souvenir de sa puissance passée et sa puissance potentielle permettent à la Russie d'être un acteur international important. Son poids démographique (146 millions d'habitants), l'importance de ses richesses naturelles (charbon, gaz naturel, pétrole, minerai de fer, diamants), l'immensité de son territoire à la fois en Asie et en Europe, le niveau d'éducation de sa population ainsi que de ses chercheurs sont autant d'éléments qui font que ne pas reconnaître la grandeur de la Russie consisterait à faire une erreur majeure sur le plan de la vision du monde de demain (Jacques Chirac juin 1995). [...]

[...] Le concept de sécurité national illustre le large consensus qui a progressivement émergé en Russie sur les grandes options stratégiques du pays et les dispositions relatives à la dissuasion et à l'usage de l'arme nucléaire soulignent qu'elle ne serait pas réservée aux situations extrêmes et qu'elle pourrait être employée si toutes les autres mesures pour résoudre une situation de crise ont été épuisées ou si elles se sont révélées inefficaces. Mais cet infléchissement sur les conditions d'emploi de l'arme nucléaire est indissociable du ton d'ensemble du document qui confirme la dégradation des relations entre l'Occident et la Russie. [...]