Dans l'actualité récente, le seuil d'enrichissement de l'uranium iranien dépassait celui normalement indiqué pour du nucléaire civil et l'Iran se targue de la construction de deux nouveaux sites d'enrichissement. Ainsi, en dépit des sommations et des sanctions de la communauté internationale orchestrées par l'Organisation des Nations Unies (ONU) afin que l'Iran cesse d'enrichir son uranium, Mahmoud Ahmadinejad, président de la République islamique d'Iran réélu en juin 2009, entend poursuivre cette activité qu'il estime pacifique malgré les démentis des rapports d'inspection de l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).
L'étude du cas iranien présente un double intérêt : d'une part, elle met en exergue les lacunes du dispositif de prévention puisque les armes nucléaires prolifèrent malgré les contrôles, et d'autre part elle montre les difficultés des instances internationales à se faire respecter en l'absence d'unanimité sur les sanctions à appliquer.
[...] Prolifération nucléaire en Iran - la régulation internationale En octobre 1962, lorsqu'éclate la crise des missiles de Cuba, le monde entier prend conscience du danger de l'arme nucléaire et de la nécessité de contrôler étroitement sa gestion. Posséder la puissance nucléaire exige un comportement responsable des gouvernants, sans quoi l'humanité plongerait inéluctablement dans le chaos. Dès lors, il faut limiter l'appropriation de l'arme nucléaire pour n'en laisser le monopole qu'aux États déjà en possession de cette technologie afin d'éviter de rompre l'équilibre du monde. [...]
[...] C'est sur ce mécanisme institutionnel que s'appuie l'Iran afin de se protéger de sanctions de grande ampleur, tout en continuant ses activités nucléaires. Les intérêts des cinq Grands en Iran varient. Depuis la Révolution Islamique de 1979, les relations économiques entre les États-Unis et l'Iran sont quasiment inexistantes. Cet effacement a profité aux pays de l'Union européenne: des PME allemandes ou les groupes pétroliers ENI et Total y sont très actifs de son chiffre d'affaires pour le premier et 15% de sa production mondiale pour le second). [...]
[...] À partir de septembre 2003, le Conseil des Gouverneurs a réclamé dans plusieurs de ses résolutions davantage de transparence et la suspension des activités mises en cause. L'Iran a paru obtempérer en respectant le protocole additionnel au TNP: elle signe l'accord de Paris en novembre 2004 (avec la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni) et s'engage à suspendre l'enrichissement. Mais, l'élection de l'ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad en juin 2005 à la présidence de la République islamique d'Iran coïncide avec une reprise de ces activités. [...]
[...] Ainsi, on ne peut accuser la France de transgresser le TNP lorsqu'elle signe un accord de coopération nucléaire civil avec l'Irak en 1975 qui aboutit à la construction de la centrale d'Osirak. Soupçonnée par Israël d'abriter des activités clandestines d'enrichissement de l'uranium, cette dernière sera détruite en 1991 et les experts y constateront une activité nucléaire à des fins militaires. Dès lors, l'industrie du nucléaire civil, dans sa quête de nouveaux débouchés et de nouveaux marchés, concourt indirectement à la fabrication d'armes nucléaires. [...]
[...] Outre la coopération nucléaire, la Russie est le principal exportateur d'armes de l'Iran. Enfin, la Chine, tout comme l'Inde et le Japon, a développé des liens énergétiques importants avec l'Iran. La défense des intérêts nationaux influe sur le choix des pays quant à la nature de la sanction. Les États-Unis ont négocié pour adopter des sanctions économiques globales dans la mesure où cela ne remettait pas en cause leurs intérêts. La Russie et la Chine se montrent plus réticentes à l'idée de sanctionner l'Iran. [...]
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