Les nouveaux acteurs et flux transnationaux qui ont émergé du processus de mondialisation parce qu'ils s'affranchissent du contrôle de l'Etat et de ses limites territoriales ont entraîné l'illusion d'une négation des frontières ; cependant, celles-ci se trouvent en fait redessinées par ce processus, à un niveau infra et supra national, qui force les Etats à s'adapter et à redéfinir leur action
[...] Aron dans Paix et Guerres des Nations, les relations internationales sont dominées par les conflits et les rivalités entre acteurs étatiques. Seuls les Etats, dans leur logique de souveraineté et de territorialité, sont considérés comme acteurs du système. Le constat de la mondialisation actuelle a forcé à renouveler ce cadre d'analyse : pour J. Rosenau dans Turbulences in world politics, le nouveau système international est caractérisé par la coexistence d'un monde stato-centré (les Etats) et d'un monde multi-centré (les acteurs transnationaux). [...]
[...] Dès lors, la mondialisation pose deux défis au système international : sa déterritorialisation et sa décentralisation. La déterritorialisation induite par la mondialisation semble impliquer la négation des frontières : en effet, les FMN, acteurs transnationaux par excellence, sont porteuse de flux de biens, de capitaux et d'investissement, ne s'inscrivant pas dans un cadre étatique territorialisé. Ces flux sont au contraire à destination mondiale. La décentralisation, quant à elle, met à mal les acteurs étatiques : elle vient de la multiplication des acteurs stratégiques, ceux- ci n'étant plus simplement les Etats, mais aussi, les FMN, les mouvements terroristes, les gangs, les Eglises etc. [...]
[...] La prise de conscience des caractéristiques et des effets de la mondialisation a ainsi conduit à s'interroger sur la négation croissante des frontières. Les années de la Guerre Froide ont poussé les politologues et historiens à analyser le monde en terme d'affrontement Est Ouest et de rivalité de puissances. Dans cette logique, la crainte de la guerre nucléaire était au centre des préoccupations. Dès ors, il a fallu attendre la fin de la guerre froide pour assister à la prise de conscience du processus de mondialisation. [...]
[...] En effet, la mondialisation a entraîné une interdépendance croissante au niveau du globe. Désormais, toute crise politique, financière ou économique risque de se transformer en crise systémique et se répercuter sur les autres pays. Le phénomène de contagion dans la crise financière asiatique en 1997 en est l'illustration, et le fait que les organisations internationales comme le FMI et la banque Mondiale aient réagi immédiatement pour circonscrire la crise n'est pas anodin. En effet, l'interdépendance actuelle est telle que chaque problème se transforme rapidement en défis globaux. [...]
[...] En effet, la mondialisation, parce qu'elle est avant tout le fait d'acteurs stratégiques non étatiques, induit naturellement de nouvelles lignes de partage entre des régions riches et des régions pauvres. Ceci vient du fait que les FMN s'orientent vers les régions les plus stratégiques pour elles en terme de coût et de ressources/infrastructures, et cela, indépendamment du pays. Dès lors, le processus de mondialisation aboutit à la formation de ce que K. Ohmae nomme les " Etats Régions La mondialisation redéfinit donc de nouvelles frontières infra-étatiques, sans pour autant nier les anciennes : Hong- Kong, par exemple, pourrait devenir le type même de " l'Etat-Région " du XXIème Siècle. [...]
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