La frontière est une notion clé de la géopolitique classique car elle vise à marquer la séparation entre des territoires souverains et autonomes les uns par rapport aux autres. Aujourd'hui, avec la mondialisation et le phénomène de « time-space-compression », la frontière apparaît de plus en plus comme un concept dévalorisé ; la planète est considérée comme un vaste réseau dont toutes les composantes sont plus ou moins liées entre elles. Cela marque un tournant considérable par rapport à la logique westphalienne, selon laquelle la guerre était par excellence le moment d'exaltation des logiques territoriales. Dans le contexte actuel de transnationalisation, assisterait-on à la fin des tensions frontalières ?
[...] Les deux Etats sont, en effet, en complet désaccord sur son tracé de référence. Pour les Syriens, ce doit être celui qui renvoie aux lignes de l'armistice de 1949 qui leur avait notamment donné la maîtrise de la rive orientale du lac de Tibériade. Pour les Israéliens, ce ne peut être au plus que celui de la frontière établie en 1923 qui passe plus à l'est (accordant à Israël la totalité des rives du lac de Tibériade). (autre ex. : les conflits d'intérêts entre différents États d'Asie centrale sur les réservoirs d'eau se multiplient depuis la chute de l'URSS, en particulier pour le réservoir de Kayrakum (Tadjikistan) entre l'Ouzbékistan et le Tadjikistan, le réservoir de Tuyamuyun (Ouzbékistan) entre le Turkménistan et l'Ouzbékistan et le lac Chardara (Kazakhstan) entre le Kazakhstan et l'Ouzbékistan. [...]
[...] Cependant, la frontière peut aussi être ressentie comme oppressive car séparant des peuples se considérant comme unis. Les Kurdes entre la Turquie et l'Irak se trouvent dans ce cas de figure. Ce peuple n'est vraiment intégré dans aucun des deux pays, mais il existe une opposition farouche à une éventuelle sécession du Kurdistan turc comme du Kurdistan irakien, pour former une entité kurde autonome à part entière. La frontière entre les deux parties du Kurdistan est d'ailleurs très strictement contrôlée pour limiter les communications entre Kurdes (autre ex. peuple Cachemiri entre le Pakistan et l'Inde). [...]
[...] Gibraltar reste une pomme de discorde intra-européenne, ravivée en 2004[8] conquis par Londres en 1704, cédés par Madrid en 1713 ; habitants, unanimement pro-britanniques[9]) ; Enfin, on a noté en 2004 un incident frontalier caractéristique entre un membre de l'UE la Slovénie et la Croatie, au point que Ljubljana a retiré son soutien à la candidature de Zagreb à l'UE. Le litige concerne la question des frontières maritimes. Forte de son statut européen, la Slovénie augmente la pression sur Zagreb en revendiquant l'ensemble du Golfe de Piran et une bande longeant l'Istrie croate (dans la mer Adriatique). Le gouvernement croate appelle à un arbitrage international tandis que Bruxelles reste absente du débat. [...]
[...] En Europe, le statut des populations allogènes au lendemain de la chute de l'URSS a posé d'importants problèmes dans la redéfinition de l'espace post- soviétique. En effet, en 1991, près de 45 millions de membres des 15 nations républicaines principales résidaient hors de leur république, soit un sur cinq[5]. La Russie notamment revendique toujours des territoires où elle possède une importante concentration de ses ressortissants (la Géorgie reste en butte à la présence russe dans ses propres provinces Ossétie du Sud, Abkhazie ; la Transnistrie compte également encore de gros contingents russes). [...]
[...] Dans le contexte actuel de transnationalisation, assisterait-on à la fin des tensions frontalières ? Cela ne semble guère le cas. Frontière et conflit semblent intrinsèquement liés. Dans l'origine même du mot frontière, on trouve une référence au concept de tension, car la frontière est, au sens ancien du mot, à la fois le front d'une formation militaire et une façade, le front d'entrée d'un pays. C'est ici que l'armée se met en bataille pour la défense ou l'attaque, en faisant frontière Aujourd'hui, Bertrand Badie fait observer que l'on se bat encore pour des territoires, mais en fonction de logiques nouvelles, qui s'apparentent à une autre syntaxe ; surtout, les guerres sont de moins en moins animées par des enjeux territoriaux. [...]
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