La déclaration iranienne de reprise de ses activités de recherche nucléaire sous le contrôle de l'AIEA en janvier 2006 a ravivé une préoccupation internationale déjà grandissante sur le dossier nucléaire iranien. L'Iran refuse actuellement de suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium, et ce malgré la résolution votée par le Conseil de Sécurité de l'ONU le 31 juillet 2006. Les puissances internationales occidentales ont pris fortement position contre la nucléarisation de l'Iran, et exercent des pressions pour inciter l'Iran à stopper ses activités d'enrichissement d'uranium. Les six grands (France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie, Chine, Etats-Unis) sont d'accord sur le fait qu'il est inadmissible que l'Iran se dote de l'arme nucléaire, mais les avis divergent quant aux méthodes à employer pour adjoindre l'Iran à respecter la résolution. Ainsi, la Russie et la Chine ont toujours favorisé le dialogue et le compromis et se sont longtemps opposées à la prise de sanctions. La France souhaite la suspension des activités nucléaires iraniennes par une solution politique négociée. Elle s'oppose fermement à la perspective d'un Iran nucléarisé. La Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU et puissances nucléaires, ont eu un rôle proliférant en Iran jusque dans les années 1990, et ont aujourd'hui une position plus ambiguë. Elles doivent hiérarchiser les intérêts dont elles disposent en Occident et au Moyen-Orient pour pouvoir faire un choix clair quand à leur positionnement. Les relations irano-russes et irano-chinoises répondent à des logiques et enjeux différents. La France, membre du Conseil de Sécurité, doit tenir compte de ces différents enjeux de manière à avoir une vue claire du « problème iranien ». Quelles relations unissent la France et la Russie et la France et la Chine dans le dossier nucléaire iranien?
[...] Le but poursuivi par la France est d'arrimer la Russie aux positions des états européens concernant le nucléaire en Iran, par un dialogue renforcé. La France souhaite accroître ses échanges avec la Russie sur les nouvelles menaces et la réponse qu'il faut y donner. Des groupes d'experts franco-russes ont été créés dans les domaines de la non prolifération. La France et la Russie ont donc élaboré une collaboration accrue en matière de défense et sécurité, attenant à la question de la sécurité nucléaire et de la non prolifération. [...]
[...] D'autre part, la proximité géographique même de la Russie par rapport à l'Iran, explique le fait qu'elle souhaite développer une entente avec ce dernier, car elle se trouve à portée des missiles iraniens. Ainsi, Moscou souhaite s'imposer comme un acteur géopolitique majeur au Moyen-Orient, de manière à pouvoir influencer la politique nucléaire de l'Iran. Le soutien russe au programme nucléaire iranien trouve ses limites dans la nécessité pour la Russie de conserver ses relations avec l'Europe. La Russie a adopté une attitude ambiguë car elle doit faire un choix entre les enjeux stratégiques et commerciaux français et européens, et le contrôle du marché des centrales et combustibles en Iran. [...]
[...] La Chine importe 13,6% de sa consommation de pétrole d'Iran ; elle est donc devenue dépendante des approvisionnements d'hydrocarbures iraniens. D'autre part, un contrat d'échange et de coopération d'un montant de 100 milliards de dollars a été signé par la Chine en octobre 2004 concernant le gaz iranien. La Russie a également développé des partenariats commerciaux avec l'Iran. En 2005, l'Iran figurait au 7e rang de ses partenaires commerciaux, ce qui représente un milliard de dollars d'échanges commerciaux. L'économie russe repose par conséquent en partie sur les débouchés commerciaux iraniens. [...]
[...] Ces transactions se sont effectuées sans qu'aucune des puissances occidentales ne puisse intervenir efficacement, étant donné que l'Iran affirme faire un usage strictement civil du nucléaire, accepté par le TNP. Ainsi, depuis les années 90, la Russie et la Chine ont incontestablement participé au programme nucléaire iranien. La Russie a adopté une position complaisante vis-à-vis de l'Iran du fait d'enjeux de puissance. Le développement des relations bilatérales avec l'Iran tient à des objectifs stratégiques :la Russie entend augmenter son influence au Moyen-Orient par le biais d'une alliance avec l'Iran. [...]
[...] Pendant l'été 2004, le porte parole du Parlement iranien, Ali Haddad Adel a affirmé que la Chine soutenait le programme nucléaire iranien. La France ne peut donc pas trouver dans la diplomatie chinoise, un point d'appui sûr pour la dénucléarisation de l'Iran. La Russie et la Chine appuient la mise en œuvre du TNP, et s'opposent à la prolifération nucléaire en Iran. La France se place sur la même ligne, puisqu'elle souhaite la dénucléarisation militaire de l'Iran. Des coopérations en matière de sécurité et nucléaires se sont d'ailleurs développées. [...]
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