Après sept ans de réflexion sur la question épineuse du Kosovo, une solution semblait avoir été trouvée, mais elle a été remise en cause par Moscou, et les Balkans se retrouvent à nouveau au centre des tensions. Le plan Ahtisaari, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, proposait un règlement de la question du statut du Kosovo, recommandant l'indépendance sous supervision internationale. La Russie a jugé prématuré de définir le statut de la province sans tenir compte de la position du gouvernement serbe et de tous les groupes ethniques du Kosovo.
Serguei Lavrov, MAE de la Fédération de Russie a bien reconnu que les positions entre la Russie et les pays occidentaux au sujet du Kosovo sont « diamétralement opposées ». Le Kremlin a fait savoir qu'il n'accepterait pas passivement un éventuel coup de force albanais et américain qui consisterait en une déclaration unilatérale de l'indépendance de la province.
Il convient de comprendre d'attitude russe, qui place l'Occident dans l'embarras, car l'Union Européenne et les Etats-Unis ont beaucoup investi dans la région, beaucoup dépensé pour stabiliser les Balkans et considèrent le Kosovo comme un exemple du « conflict resolution ».
[...] Il est indéniable, depuis déjà quelques années, que les relations économiques entre la Russie et la Serbie s'intensifient. Avec 16% des importations, la Russie est le premier partenaire économique de la Serbie. Le pétrole et le gaz constituent logiquement l'essentiel des exportations russes, mais d'autres genres d'échanges se développent rapidement. En effet, la Russie investit dans les infrastructures de l'électricité en Serbie. De même, Gazprom pourrait participer à la reconstruction d'un site serbe de stockage de gaz (Banatski Dvor). Les entreprises russes s'intéressent plus généralement à la privatisation d'entreprises serbes. [...]
[...] Les Chypriotes s'y opposent par crainte de voir les Turcs du nord de l'île réclamer, eux aussi, leur indépendance. Délibérément, le document de M. Ahtisaari ne fait nulle mention de la vallée de Presevo, dans le sud de la Serbie, où vivent quelque cent mille Albanais. Ceux-ci désignent cette région comme le Kosovo oriental et rêvent toujours d'un rattachement à un Kosovo indépendant. Ainsi, cette question kosovare pourrait aussi réveiller les revendications des Serbes du Kosovo, des Bosniaques croates, des Bosniaques musulmans, des Bosniaques serbes, des Hongrois de Slovénie, et cela rien qu'en Europe. [...]
[...] des mythes qui agissent sur les mentalités 1. Le mythe du dernier allié russe en Europe Si la Russie s'oppose à tout règlement de la question du Kosovo sans une garantie des droits de la communauté serbe et sans entendre la partie serbe autant que les indépendantistes albanais, c'est en partie dans la tradition de la politique extérieure russe dans les Balkans. Moscou entretien avec cette région une longue histoire d'engagement et partage avec les serbes et les bulgares des liens culturels, religieux et linguistiques. [...]
[...] Ces régions ont les yeux rivés sur les Balkans, espérant que le Kosovo constitue un précédent et ne leur serve en ce sens. Moscou continue d'y prêcher la sécession, en armant les rebelles, et en distribuant passeports russes et retraites aux habitants. Si la Russie finit par accepter l'indépendance du Kosovo, ce pourrait être en échange de la reconnaissance du cas comme un précédent, ce qui serait fortement déstabilisateur dans nombre d'endroits du monde, mais aussi par exemple une réouverture du débat sur l'avenir de l'Ukraine ou bien des droits renforcés pour la forte minorité russe des Pays Baltes. [...]
[...] Or, l'intervention de l'OTAN en 1999 n'a pas reçu l'aval du Conseil de Sécurité, car la Russie menaçait d'user de son veto. Dès le début des bombardements, la Russie a proposé au Conseil de Sécurité une résolution condamnant l'agression contre l'Etat serbe comme une violation de la charte des Nations Unies, mais seules la Chine et la Namibie l'ont soutenue. Cependant, après l'intervention, la Russie a participé à la KFOR (+3000 soldats) et à la SFOR (+1000 soldats), et cela, pendant plus de cinq ans. [...]
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