UE Union Européenne, conflit israélo-palestinien, État d'Israël, diplomatie communautaire, populations palestiniennes, engagement diplomatique, traité de Maastricht, politique européenne
Depuis la création de l'État d'Israël en 1948, et au cours des nombreux évènements qui ont marqué son histoire et notamment la montée du souhait de création d'un État palestinien, la position des États européens, puis de l'Union Européenne peut être considérée assez évolutive et contextuelle. Ce, d'abord parce que dans l'immédiat après-guerre, les États européens ont ressenti un devoir de soutien à l'état d'Israël, qui s'est estompé avec le temps ; ensuite, comme la progressive construction européenne n'a créé que progressivement une « diplomatie communautaire » qui par définition peut davantage s'attacher au consensus et aux valeurs qu'aux intérêts étatiques ; surtout, parce que la question palestinienne n'a émergé que par étapes au fil des décennies, en particulier après la guerre des Six Jours et l'incorporation des populations palestiniennes dans l'État d'Israël.
[...] L'Europe, bâtie sur la recherche de la paix, a plusieurs raisons de s'investir dans la région : en ce sens, malgré sa position moins tranchée que celle de Tel Aviv quant à la position à adopter vis-à-vis de l'Iran, l'UE et Israël travaillent en bonne coopération pour contenir son programme nucléaire ; de la même manière, l'UE œuvre aussi avec l'Autorité Palestinienne pour éviter le renforcement de groupes armés, voire djihadistes, qui menaceraient la stabilité du pays, notamment à Gaza. Surtout, le terrorisme est une menace de poids : la guerre civile en Syrie proche et l'instabilité irakienne ont constitué le lit de l'État islamique qui a été à l'origine de nombreuses attaques en Europe. Coopérer pour la sécurité, lutter contre tous les groupes à sympathie terroriste qui pourraient se développer, est une préoccupation évidente, le terrorisme étant aussi présent en Europe qu'en Israël. [...]
[...] A une échelle plus régionale, c'est à la même époque que se développe l'initiative européenne de « partenariat euro-méditerranéen » ou processus de Barcelone, qui en prenant acte du destin commun des peuples méditerranéens, affirme un intérêt de l'Europe pour ce qui se passe à l'extrême est de la région (tant pour multiplier les partenariats que pour s'intéresser davantage au conflit qui marque la région). Aboutissement de la relation, un « plan d'action » de la politique de voisinage est signé en 2004. Il n'est pas surprenant qu'en conséquence, des relations privilégiées se mettent en place : Israël et l'Europe présentent une certaine proximité culturelle, beaucoup d'Israéliens étant originaires des pays de l'UE ; mais aussi, Israël se percevant comme entouré de voisins hostiles, l'Europe peut apparaître comme son plus proche allié naturel (certains Israéliens déclarant « faire partie de la famille européenne »). [...]
[...] En fait, Israël conteste notamment la politique européenne de soutien à la Palestine, estimant les aides octroyées comme principalement utilisées pour le terrorisme, et donc de facto contre Israël ; ces aides sont pour Israël une preuve que l'Europe serait subjectivement pro-Palestinienne. L'est-elle réellement ? L'on pourrait certes dire éventuellement qu'elle est plus proche de la Palestine que les Etats-Unis (refus de suivre Washington dans la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël en 2018 par exemple). Pourtant, la position visant à mettre en place deux états vivant en paix et en bon voisinage est censée être partagée - ce n'est d'ailleurs qu'en 1999 que « la possibilité d'un Etat palestinien » est évoquée par les institutions européennes à Berlin. [...]
[...] Conclusion La résolution d'un conflit aussi long et complexe que celui qui oppose Israéliens et Palestiniens depuis plus de 70 ans, on l'a vu, est un problème complexe. Bien qu'une feuille de route ait été définie, son application se heurte à de nombreuses difficultés ; la principale puissance engagée dans ce sens, les Etats-Unis, semble de moins en moins impartiale face à la question. La reconnaissance de Jérusalem comme capitale de Israël, sans conditions, en occultant le fait que sa moitié est reste revendiquée par la Palestine dans le cadre des frontières de 1967, rend douteuse sa sincérité à défendre une solution à deux états, tout en renforçant son isolationnisme ; un sentiment de partialité renforcé lors du récent positionnement américain en faveur de l'annexion du Golan, dont Israël a pourtant pris possession par la force en 1967 sans aucun reconnaissance internationale. [...]
[...] L'aide européenne s'est d'ailleurs accrue fortement à partir des années 2000 ; la Palestine est en effet progressivement apparue comme victime d'un rapport de force déséquilibrée et nécessiteuse d'un soutien humanitaire : dans plusieurs secteurs ainsi, qu'il s'agisse de l'aide au réfugiés en collaboration avec les Nations Unies, des aides humanitaires, de l'aide alimentaire . ce sont des centaines de millions d'euros qui ont été octroyées. Cet engagement volontariste, intéressé ou non, impacte forcément sur l'image que l'UE diffuse d'elle-même, tant en Palestine qui lui manifeste forcément une certaine sympathie, qu'en Israël qui va douter de l'intégrité de son voisin. [...]
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