La Russie, après l'effondrement de l'URSS, s'est trouvée brutalement séparée par de nouvelles frontières d'espaces colonisés depuis plusieurs siècles et qu'elle avaient intégré dans ses réseaux économiques, militaires, humains et de façon plus générale dans ses conceptions géopolitiques. Face à ces pays pas tout à fait étrangers, elle a formé le concept d'étranger proche, institutionnalisé aujourd'hui par la Communauté de Etats Indépendants, qui repose moins sur un principe d'intégration régionale que sur les relations bilatérales établies par Moscou, visant à établi sur ses ex-colonies un autoritarisme post-impérial.
Au sein de l'étranger proche, pour des raisons stratégiques, l'attention portée à l'Asie Centrale s'est exprimé avec une acuité particulière, au point que l'on a souvent parlé de la réactivation du « Grand Jeu ». La Russie y voit en effet une zone fondamentale pour son intérêt national. Elle entend, pour le préserver, peser de tout son poids sur les cinq républiques centrasiatiques. Dans la lignée directe de l'école réaliste, qui a constitué la matrice de la pensée soviétique puis russe, l'intérêt national est défini sans surprise en termes de puissance mais avant tout de sécurité. On peut rappeler pour la perspective historique que le 22 février 1946, Kennan soulignait dans son « long télégramme » la permanence à Moscou du « traditionnel et instinctif sens russe de l'insécurité ». L'Asie Centrale représente donc dans cette acception un glacis défensif cher à la pensée stratégique russe.
L'intérêt national étant également défini en termes de puissance, le contrôle de l'Asie Centrale est à envisager dans un cadre beaucoup plus large : la Russie englobe désormais son étranger proche dans une politique ambitieuse destinée à renforcer ses positions sur la scène internationale. De ce point de vue, son influence en Asie Centrale n'est pas seulement une fin en soi, mais aussi un vecteur de puissance mondiale.
On verra, en reprenant une terminologie définie par Joseph Nye dans Bound to lead en 1990, que pour parvenir à ses fins, la Russie à fréquemment recours à un « hard power » qui tourne souvent à l'autoritarisme sur le plan international. Mais on verra qu'elle développe également de plus en plus un « soft power » d'un genre tout à fait particulier.
[...] De nos jours, les hommes politiques russes assurent régulièrement que la situation de leurs compatriotes vivant hors de Russie est l'une de leurs préoccupations majeures car relevant des intérêts vitaux du pays. Au delà de cet aspect qui se limite au discours politicien, la présence de ces minorités est un fort vecteur d'influence, notamment au Kazakhstan, où la minorité russe constitue 30% de la population et oblige le pouvoir à ne jamais s'éloigner plus que de raison de positions de Moscou sous peine de voir le Nord et l'Est du pays s'agiter voire même faire sécession. [...]
[...] Politique de la Russie à l'égard de l'étranger proche : le cas de l'Asie Centrale La Russie, après l'effondrement de l'URSS, s'est trouvée brutalement séparée par de nouvelles frontières d'espaces colonisés depuis plusieurs siècles et qu'elle avaient intégré dans ses réseaux économiques, militaires, humains et de façon plus générale dans ses conceptions géopolitiques. Face à ces pays pas tout à fait étrangers, elle a formé le concept d'étranger proche, institutionnalisé aujourd'hui par la Communauté de Etats Indépendants, qui repose moins sur un principe d'intégration régionale que sur les relations bilatérales établies par Moscou, visant à établi sur ses ex-colonies un autoritarisme post-impérial. [...]
[...] Pour continuer à avoir la maîtrise des voies d'exportation, la Russie à construit un nouvel oléoduc aboutissant au port de Novorossisk, ce qu'elle avait longtemps refusé de faire afin de dissuader les investisseurs étrangers de s'installer au Kazakhstan Le soft power russe en Asie Centrale 1. Les héritages de l'ère soviétique Le premier vecteur du soft power, héritage de l'URSS, est la connivence entre élites des différents pays. Celles-ci, formées dans les mêmes universités, ayant évolué au sein des mêmes institutions (PCUS, Républiques fédérées de l'URSS) partagent de ce fait des modes de pensée et d'action similaires, facilitant les échanges entre elles. [...]
[...] En effet, l'une des conséquences les plus immédiates de la chute de l'Union soviétique réside dans le passage d'un système intégré de transport, qui insérait les républiques d'Asie Centrale dans un réseau d'échange, à un système segmenté, dont la Russie détient la clef. Or, pour honorer ses contrats de livraisons de long terme et profiter à plein des cours mondiaux des hydrocarbures, elle se doit d'intégrer au maximum les réserves des pays producteurs d'Asie Centrale (Kazakhstan, Turkménistan, Ouzbékistan) à son dispositif, en leur imposant des prix inférieurs aux cours mondiaux. [...]
[...] L'intérêt national étant également défini en termes de puissance, le contrôle de l'Asie Centrale est à envisager dans un cadre beaucoup plus large : la Russie englobe désormais son étranger proche dans une politique ambitieuse destinée à renforcer ses positions sur la scène internationale. De ce point de vue, son influence en Asie Centrale n'est pas seulement une fin en soi, mais aussi un vecteur de puissance mondiale. On verra, en reprenant une terminologie définie par Joseph Nye dans Bound to lead en 1990, que pour parvenir à ses fins, la Russie à fréquemment recours à un hard power qui tourne souvent à l'autoritarisme sur le plan international. [...]
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