La Communauté européenne s'est longtemps construite par un rapprochement toujours plus poussé entre ses membres autour d'un marché commun. L'économie a ainsi été le moteur le plus puissant de l'émergence d'une Union européenne forte. Cependant, cette construction économique n'a jamais totalement masqué la volonté déjà présentée chez les pères fondateurs de l'Europe d'un rapprochement politique de ses États membres. Le traité de Maastricht de 1992 marque une étape dans l'aboutissement des tentatives passées de création d'une Europe politique, de l'échec de la Communauté européenne de Défense à la réussite relative de l'Union de l'Europe occidentale. À Maastricht donc est mis en place un pilier politique intergouvernemental qui doit permettre aux États membres de constituer une Politique européenne de Sécurité commune (la «PESC»). Cette politique est gonflée en 1999 par le traité d'Amsterdam d'une Politique européenne de Sécurité et de Défense (la «PESD»), qui reprend certains instruments existants de défense européenne pour les institutionnaliser, ouvrant ainsi la voie à une politique de défense européenne autonome.
Sachant que 23 pays membres de l'Union européenne sont déjà membres de l'Alliance Atlantique, organisation de sécurité collective par excellence, il apparaît nécessairement que l'émergence d'une politique européenne autonome ne peut se faire qu'en confrontation avec la politique existante de l'OTAN. Étudier les rapports euro-Américains face à la PESC et la PESD, c'est donc étudier les rapports entre l'Union européenne et l'OTAN.
[...] De plus, dans le contexte de la guerre froide, l'Europe de l'Ouest devient pour les Etats-Unis le rempart à l'avancée du communisme, et l'OTAN en est l'arme la plus efficace, face au bloc du Pacte de Varsovie. La défense de l'Europe occidentale se réalise donc à travers le partenariat euro- américain, et elle est avant tout transatlantique. Les volontés européennes de reprendre en main leur sécurité pendant la guerre froide se sont manifestées, mais n'ont pu pour beaucoup se réaliser. [...]
[...] Etant donné la faiblesse des instruments existants, telle que la CPE, l'Union ne peut pas s'affirmer comme un acteur des relations internationales sans l'institutionnalisation d'une politique, la PESC. Le second facteur qui va participer à la création du 2e pilier européen, c'est le recul de l'engagement américain en Europe, et en particulier dans les Balkans. Lorsque les conflits ethniques en Yougoslavie éclatent, les Etats- Unis ne voient pas leurs intérêts investis dans ces conflits et n'interviennent pas. La Communauté apparaît alors comme la seule organisation internationale à pouvoir et à vouloir agir. [...]
[...] Et si les deux structures de commandement restent séparées, il n'en reste pas moins qu'une forte intrication se développe entre UE et OTAN par la création de cellules de planification de l'un détachées auprès de l'Etat major de l'autre (SHAPE notamment). L'OTAN garde donc un certain contrôle sur les opérations menées par l'UE et reste informé de l'évolution de ces opérations. L'IESD est alors le témoignage de la volonté d'intégrer les activités de défense européenne aux activités de l'alliance, et de ce fait, limitant l'autonomie de l'UE. Cette faiblesse sera en partie la cause du sentiment européen de la nécessité de développer une PESD, mais la logique derrière la création de la PESD restera la même. [...]
[...] L'élargissement progressif des missions dévolues à la défense européenne est révélateur de l'impact des relations euro-américaines sur le développement de l'Union. En effet, en 1992, les accords de Petersberg qui définissent pour l'UEO trois nouvelles missions d'humanitaire, de maintien de la paix ou de rétablissement de la paix, montrent que les missions envisagées sont des missions qui ne sont pas déjà assumées par l'OTAN, qui s'occupe de défense territoriale en premier lieu. L'Union se donne pour mission d'agir dans les niches laissées par l'alliance. [...]
[...] En fin de compte, la PESC n'est pas un instrument de remise en cause de l'influence américaine, et cela s'est confirmé au cours des conflits depuis 1990 devant l'incapacité des membres de l'Union à agir en un seul bloc. Lorsque l'Union parle d'une seule voix, sa position est le plus souvent proche de la position américaine, comme le révèle la Stratégie européenne de Sécurité de 2003, qui s'appuie sur les mêmes fondements que le document auquel elle répond, le National Security Strategy report américain de 2002. [...]
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