Mario Vargas Llosa, un écrivain hispano-péruvien reconnu, a écrit dans L'Europe vue par un Latino-américain : « En tant qu'écrivain péruvien, je ne me sens pas étranger en Europe. Non seulement parce que je participe de la culture occidentale – par la langue que je parle, parce que mes lointains ancêtres sont espagnols, parce que la plupart des institutions de mon pays sont venues d'Europe ou ont été inspirées par elles – mais parce que la seule manière d'être aujourd'hui un homme de notre temps, un homme moderne, est d'assumer une bonne partie de l'expérience européenne ».
En effet, du fait de leur proximité historique et des liens étroits qui unissent les deux continents, l'Europe se doit d'occuper (et occupe de plus en plus) une place importante en Amérique latine afin de participer à son essor et à ses transformations. Néanmoins, la politique européenne de coopération en Amérique latine n'a pas toujours eu la forme qu'elle a actuellement. Cependant, avant toute chose, il convient de définir ce que nous entendons par « coopération ». Une coopération désigne une politique à la fois d'aide économique, financière, culturelle et technique mise en place à l'échelle mondiale entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement. La coopération européenne a été pendant longtemps réduite aux seuls pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).
En juin 2000, l'accord de Cotonou entre l'UE et les pays ACP a marqué la fin d'une relation privilégiée (ce que l'on appelait le « système de Lomé ») qui se justifiait de par les liens historiques forts entre les deux continents (les pays africains ayant été l'objet d'une importante colonisation européenne au XIXe puis au XXe siècle).
De ce fait, il est intéressant de nous demander : dans quelle mesure la politique de coopération menée par l'UE en Amérique latine reflète-t-elle cette nouvelle conception de la coopération communautaire ? Autrement dit, en quoi la volonté de l'Union européenne de s'affirmer en tant qu'acteur international va-t-elle de pair avec un redéploiement plus « global » de sa politique de coopération, notamment visible en Amérique latine ?
[...] Ces sommets ont lieu entre les chefs d'État et de gouvernement des États d'Europe et d'Amérique latine. Celui dont nous avons déjà parlé et qui se déroulait à Lima est le 5e sommet de ce type (Rio de Janeiro en 1999, Madrid en 2002, Guadalajara en 2004, Vienne en 2006, Lima le 16 et 17 mai 2008). De même, le groupe de Rio qui recouvre désormais l'ensemble de l'Amérique latine et compte aussi des représentants des pays des Caraïbes, est le principal cadre de dialogue entre l'UE et la région. [...]
[...] Ainsi, pour certains, la coopération interrégionale serait un moyen pour l'UE de s'affirmer comme un modèle, une puissance dans les relations internationales. D'autres, comme Petiteville, considèrent que le régionalisme promu par l'UE est un régionalisme bien particulier, un régionalisme qui n'a pas grand-chose à voir avec celui sur lequel l'UE s'est elle-même construite. Petiteville écrit ainsi : le régionalisme que l'Union européenne défend aujourd'hui pour les autres est un régionalisme ouvert, libre-échangiste, susceptible de procurer des gains de compétitivité, économies d'échelle et réduction des coûts de transactions, bref un régionalisme très proche de celui qu'accepte l'OMC comme tremplin vers le libre-échange multilatéral du coup, très en retrait par rapport au modèle politique et intégré sur lequel l'Europe communautaire s'est elle-même historiquement constituée) L'hypothèse de Petiteville serait donc que l'Union européenne, via sa promotion de l'intégration régionale, chercherait en réalité à créer des espaces de libre-échange. [...]
[...] Néanmoins, la politique européenne de coopération en Amérique latine n'a pas toujours eu la forme qu'elle a actuellement. Cependant, avant toute chose, il convient de définir ce que nous entendons par coopération Une coopération désigne une politique à la fois d'aide économique, financière, culturelle et technique mise en place à l'échelle mondiale entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement. La coopération européenne a été pendant longtemps réduite aux seuls pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). [...]
[...] Par conséquent, tout cela va contribuer au changement de système, jusqu'à aboutir à une politique libre-échangiste aujourd'hui encore prônée par la Commission pour les pays en développement. Cette nouvelle politique de coopération, considérée comme étant plus globale, se caractérise donc par une non- discrimination entre les pays (absence de préférences communautaires et par la réciprocité des relations ce qui est cette fois-ci en harmonie avec les principes multilatéraux de l'OMC et avec la vision libérale de la globalisation économique. Un autre aspect important témoigne de la transformation des relations entre l'Europe et les pays d'Amérique latine. [...]
[...] Les moyens de cette diplomatie sont multiples. Des clauses de conditionnalité démocratique peuvent être insérées dans les accords d'association et de coopération ou dans les programmes d'aide. L'Union peut également participer plus directement en effectuant des missions d'assistance électorale, en finançant des ONG œuvrant pour les droits de l'homme ou simplement en instaurant un dialogue politique institutionnalisé. Ainsi, nous pouvons observer que la politique de l'UE n'est en fait pas neutre et que cette politisation de la coopération dessine peu à peu les traits de l'Union comme acteur international à part entière. [...]
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