Depuis plusieurs siècles, la Russie a une place éminente dans les relations internationales. Pourtant, aujourd'hui, l'ambition de la Russie et le rôle qu'elle veut elle-même se donner dans les relations internationales sont disproportionnés par rapport à ses capacités économiques, stratégiques et militaires. La Russie serait l'inverse de la Chine, qui a les moyens d'être une puissance mondiale mais reste modeste (alors que la Russie n'aurait pas la capacité d'une envergure de puissance mondiale).
Alors que la puissance russe dominait le heartland (Mackinder), elle a vu sa place relativement baisser. Comment s'est adaptée la politique étrangère russe dans ce contexte ? Les choix de politique étrangère russe ont été et sont motivés à la fois par des calculs stratégiques et par une volonté de réaliser un idéal pour la Russie. Tension entre le réalisme et la dimension mythique.
[...] Vis-à-vis de l'Iran, le rôle de médiation de la Russie sur la question du nucléaire iranien est incontestable. Les relations bilatérales entre les deux pays sont vitales pour la Russie en terme économique et militaire. Moscou prône la négociation avec Téhéran, contrairement à la position plus musclée de Washington et de certains pays européens, favorables aux sanctions sévères, position jugée par la Russie trop isolationniste et contre-productive vis-à-vis de l'Iran. En Extrême-Orient, la Russie a pour ennemi séculaire le Japon. [...]
[...] Une ambition mondiale 1 La puissance pauvre Lors de sa création la Fédération de Russie est clairement dans un sale état. Diplomatiquement, elle laisse le champ libre aux EU comme seule superpuissance, même si l'arsenal nucléaire qu'elle récupère en quasi- totalité permet à son armée de continuer à faire peur. On va voir comment la politique extérieure russe est tout de même parvenue à surmonter la chute de l'URSS pour continuer de s'accorder avec l'ambition mondiale (universaliste d'un pays qui ne reste jamais cantonné à ses frontières, aussi immenses soient-elles. [...]
[...] Au détriment de la politique de recherche de la grandeur perdue. Comme Eltsine et son gouvernement, Kozyrev fut surtout largement critiqué en Russie pour ses concessions face aux États- Unis : dégradation de la fierté nationale, concessions dans la crise qui ravage l'ex-Yougoslavie, renoncement à la parité stratégique avec les États- Unis, trahison de Fidel Castro en retirant les troupes (alors encore soviétiques) basées à Cuba, abandon des 25 millions de Russes disséminés dans les autres ex-républiques soviétiques . Déjà amorcé durant le second mandat de Boris Eltsine (de 1996 à 1999) et poursuivi de manière plus significative par son successeur Vladimir Poutine, le redressement de la diplomatie russe, après la période de confusion suite au démembrement de l'Union soviétique, s'est surtout basé sur un réalisme politique dont les principales préoccupations se rapportent aux intérêts nationaux de la Russie. [...]
[...] Le levier russe est assez limité (peut-être énergie) - Asie centrale : l'enjeu est surtout économique pour la Russie. Gigantesques ressources minérales, énergétiques. Il faut ajouter le contexte islamique qui peut avoir des répercussions sur le conflit en Tchétchénie et la place particulière du Kazakhstan (la moitié est russophone). Pourtant, ces Etats sont très indépendants et jaloux de leur indépendance - Caucase : l'enjeu est économique (ressources pétrolières en Azerbaïdjan) mais surtout, l'objectif est de contrer la menace turque qui a ressurgi dans le Caucase. [...]
[...] Plus à l'Ouest, la Mongolie apparaît comme un vaste glacis dépeuplé. L'aire d'influence traditionnelle des Russes en Asie centrale ex-soviétique se heurte à l'influence grandissante de la puissance chinoise. La Chine y convoite les immenses ressources énergétiques vitales pour son économie, par exemple le pétrole du Kazakhstan. De plus, la Russie peine à transformer la puissante Chine en partenaire commerciale aussi malléable que les États de l'Europe de l'Est. Elle préfère se tourner plutôt vers l'Inde, un pays avec lequel elle a toujours eu de bonnes relations : l'Inde s'est tournée vers l'URSS pour faire barrage à la Chine de Mao quand les deux grands communistes se sont éloignés, la Russie a soutenu les Indiens contre les Pakistanais trop proches des EU etc. [...]
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