Après avoir précisé les contours du domaine de la politique étrangère aujourd'hui,
nous présenterons quelles notions élémentaires sur les approches théoriques de
l'analyse de la politique étrangère, avant d'examiner l'apport éventuel des concepts
d'analyse des politiques publiques à la compréhension de l'action politique extérieure
de l'Etat
[...] D'autre part, l'attention portée à l'étude du processus décisionnel ne doit pas faire oublier les contraintes systémiques pesant sur les décideurs de PE. Ce débat nous permet de compléter la définition de la PE dans le sens proposé par Margot LIGHT : l'analyse scientifique de la politique étrangère c'est l'étude des transactions entre les unités du système international, les contextes domestiques qui les engendrent, leur effet sur le système international et les transformations de celuici qui en résultent (op. cit. [...]
[...] COHEN parle à ce propos de ‘pouvoirs usurpés'. L'expression ‘domaine réservé' employée par jacques Chaban-Delmas lors du congrès de l'UNR, parti présidentiel, en 1959, pour faire taire la contestation des ‘godillots' gaullistes à l'égard de la politique algérienne du général de Gaulle. Le domaine réservé comprenait à l'origine la politique étrangère, la Communauté française prévue par la constitution de 1958 et aujourd'hui disparue et donc l'Afrique. Avec la mise au point de la force de frappe nucléaire, la défense est venue s'y ajouter en conjuguant justification constitutionnelle et efficacité (rapidité et unicité de décision étant censées garantir l'efficacité de la dissuasion). [...]
[...] Dans la deuxième édition de son livre, publiée en 1999 avec ZELIKOW, ALLISON reconnaît le rôle décisif des deux chefs d'Etat, ayant seuls la responsabilité du feu nucléaire, dans le dénouement de la crise, ce qui relativise le poids des facteurs énoncés ci-dessus. Du reste, ALLISON ne se souciait pas particulièrement d'imposer les modèles et il voulait montrer que chaque modèle analytique, privilégiant des facteurs particuliers, expliquait une partie de la réalité. En revanche, parce qu'ALLISON restait focalisé sur les dirigeants, il a sous-estimé le rôle de ce qu'il appelle les acteurs mineurs : médias, groupes d'intérêts, opinion publique, ou le Congrès, lequel joue un rôle plus important que ALLISON ne le suggère dans la politique étrangère US. [...]
[...] En 1983, le point de vue du chef d'état-major particulier l'a emporté sur celui du ministre de la défense dans le déclenchement de l'opération Manta au Tchad (cf. S. COHEN). Par ex. Quesnot décidait, par délégation de Mitterrand, sur les dossiers sensibles du Tchad, de la Centrafrique et de Djibouti en laissant le Quai d'Orsay hors du coup (cf. SMITH et GLASER, Ces Messieurs Afrique 2). [...]
[...] Il n'y a plus d'intérêt national objectivement défini qui donnerait son sens à la politique étrangère, mais des intérêts subjectivement définis par les décideurs. Là où les réalistes analysaient une politique étrangère sans acteurs (Pour MORGENTHAU les motivations, les préférences et les qualités morales ou intellectuelles des hommes d'Etat n'entrent pas en ligne de compte), puisque reflétant largement l'inégale dotation en puissance des Etats ; les béhavioristes se concentrent précisément sur le comportement de ces acteurs. Cette remise en question de la rationalité absolue de la politique étrangère s'appuie sur les acquis des sciences du comportement dans d'autres secteurs des sciences sociales américaines, en particulier la sociologie des organisations fondée par Herbert SIMON dans les années 1950 (notamment son livre de 1957, Administrative Behavior et celui publié l'année suivante avec James MARCH, Organizations). [...]
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