L'héritage de l'histoire pèse lourd sur les relations internationales en Asie orientale. Il porte en lui une idéologie tributaire qui pendant des siècles a assuré le rayonnement culturel de l'Empire chinois sur de vastes territoires et des peuples divers. Dans sa version moderne, celle qu'en donne le nationalisme han éclos au XXème siècle, la vocation à l'hégémonie symbolique s'est transformée en aspiration à la domination militaire, territoriale et politique. Le nouveau poids économique de la Chine conforte ces ambitions que les changements du contexte international favorisent jusqu'à un certain point.
La politique extérieure chinoise est ainsi marquée par une grande continuité dans ses objectifs depuis la fin des années 70. Le développement de la Chine et les transformations de l'ordre mondial conduisent néanmoins à une évolution des priorités de Pékin. Ses bases actuelles ont été développées dans un discours du ministre chinois des Affaires étrangères en date du 22 août intitulé « Paix, développement, coopération : l'étendard de la diplomatie chinoise d'une nouvelle ère ».
La politique extérieure chinoise poursuit ainsi deux grands objectifs :
-la construction nationale fondée sur le maintien de la dynamique de croissance de l'économie chinoise en vue du développement d'une « société de petite prospérité » en Chine et la promotion de ses intérêts de souveraineté
-la préservation de la paix dans le monde
Evolution récente : la Chine souhaite également renforcer sa diplomatie économique et ses échanges culturels avec l'étranger.
La Chine considère que le contexte international est favorable à la réalisation de ces objectifs. Dans ce contexte perçu comme une « période d'opportunité stratégique », la Chine marque sa volonté non seulement de « participer » à l'ordre international, mais aussi de le « dessiner ». Parallèlement, elle rappelle son attachement aux principes du pacifisme et de souveraineté en mettant an avant les « cinq principes de la coexistence pacifique » comme base de ses relations avec le monde.
La politique extérieure chinoise se présente comme la diplomatie « d'une nouvelle ère » en insistant sur le fait qu'elle intègre les évolutions de l'ordre mondial en cours. Elle souligne la nécessité de promouvoir une « nouvelle approche des relations internationales, plus juste et plus rationnelle ». La promotion du multilatéralisme effectif est un enjeu majeur à cet égard.
Enfin, les quatre grands chantiers de l'action extérieure chinoise sont :
-favoriser la stabilité et la prospérité régionale (« politique de bon voisinage »)
-renforcer la coopération et la solidarité avec les pays en voie de développement
-stabiliser et développer les relations avec les pays développés (« diplomatie des grands états »)
-développer le multilatéralisme.
[...] II- Malgré ses visées internationales, la Chine reste davantage un puissance régionale Souveraineté et unifications nationales, la question de Taiwan Stabiliser les frontières nationales, renforcer le contrôle des marches occidentales, Tibet et Xinjiang, et rétablir la souveraineté nationale sur les territoires aliénés de Hong Kong, Macao et Taiwan sont autant d'objectifs prioritaires, hérités des années 1980. Le gouvernement de Pékin, dans les années 1990, a réussi la plupart de ces objectifs. Seule la réunification avec Taiwan n'est pas faite et n'est pas en voie de ce faire. [...]
[...] Ainsi, l'influence de la Chine, son poids et son soft power se sont sans aucun doute étendus en Asie du Sud-Est et du Nord-Est. Est-ce le prélude à un nouveau siècle de la Chine, cette dernière se mesurant directement aux Etats-Unis ? Le champ de bataille pourrait alors se situer en Asie de l'Est, les Américains devant choisir entre s'effacer devant le soft power grandissant de la Chine, ou le défier discrètement. L'émergence de la Chine, si elle réussit, consolidera la place de Pékin comme puissance en Asie, grâce au soutien, et même à la complicité de ses voisins. [...]
[...] Mais sa politique n'est plus celle d'un empire satisfait d'exercer une autorité souvent symbolique. Le gouvernement de Pékin pratique une politique assimilationniste, destinée à homogénéiser les zones périphériques et à les transformer en tremplins de l'influence chinoise vers l'Asie centrale et méridionale. Préparé par la Déclaration sino-britannique de 1984, le retour de Hong-Kong à la souveraineté chinoise s'est effectué à la date prévue du 1er juillet 1997. En application du principe un Etat, deux systèmes la Loi fondamentale, adoptée en 1990, a précisé l'organisation d'une Région administrative spéciale qui pendant 50 ans devra conserver ses institutions administratives et judiciaires propres ainsi que son organisation économique, son autonomie fiscale, monétaire et douanière, le gouvernement de Pékin réservant sa compétence en matière de politique étrangère et de défense. [...]
[...] Depuis, la résistance à la sinisation s'est faite plus dispersée. Les autorités de Pékin semblent décidées à attendre que le problème se résolve de lui-même avec la disparition du dalaï lama. L'ouverture du Xinjiang vers l'Asie centrale et son développement économique ont déstabilisé la région et avivé le séparatisme local, de nature à la fois politique et religieuse. La Chine essaye de prévenir les risques de sécession en entretenant de bons rapports avec les républiques frontalières, ex-soviétiques, qui pourraient être tentées d'aider le Xinjiang. [...]
[...] Quel futur pour l'Asie sous l'influence croissante de la Chine ? La stabilité est la clé permettant de comprendre la politique d'émergence pacifique ou plus récemment, de développement pacifique de la Chine dans sa périphérie. La géopolitique asiatique se redessine en fait autour de deux dynamiques fondamentales émanant de la Chine. La première semble être le renouveau du vieux système tributaire impérial, comme fondation du nouvel environnement de sécurité de Pékin. La seconde est l'essor du soft power chinois en Asie, et celui des communautés chinoises en Asie du Sud-Est. [...]
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