Le nom d'Aristide Briand reste attaché au rapprochement franco-allemand dans l'entre-deux-guerres et aux idéaux de paix internationale qui ont mené aux prémisses de l'Union européenne. Pourtant, il fut souvent comparé à un homme utopiste, peu conscient des réalités du système mondial de son temps et n'ayant pas su empêcher la détérioration des relations qui a conduit à la Seconde Guerre mondiale. Avant la Grande Guerre, Aristide Briand était pourtant déjà un homme politique expérimenté. Onze fois Président du Conseil, il a en outre été titulaire d'une vingtaine de portefeuilles ministériels. De surcroît, certaines de ses visions, telles l'Union européenne, sont aujourd'hui devenues réalité.
On peut donc légitimement se poser la question suivante : la politique étrangère d'Aristide Briand n'est-elle qu'une vision utopiste des relations internationales de l'entre-deux-guerres, ou au contraire un moyen pragmatique de poser les jalons d'une paix mondiale ? Nous tâcherons d'y répondre en trois temps.
[...] II Le fondateur d'une vision à long terme de la paix mondiale 1. Le prélude à une Union européenne L'un des rêves d'Aristide Briand vise à établir ce qui sera un jour l'Union européenne. Pour atteindre ce but, il est nécessaire de faire reposer l'édifice européen sur un couple franco-allemand solidement et durablement réconcilié. Cela signifie, dans l'esprit de Briand, qu'il faut récompenser les signes de bonne volonté de l'Allemagne. En échange de certaines garanties pour la France, Briand souhaite mettre en place des aménagements au traité de Versailles. [...]
[...] Aux Allemands qui demandent un désarmement total, la France oppose le concept de sécurité collective cher à Aristide Briand. L'Allemagne quitte alors la conférence en septembre 1932, pour ensuite y revenir le 14 décembre. Elle y obtient l'égalité des droits en matière d'armement. Moins de deux mois plus tard, Hitler devient chancelier : c'est la fin de la détente franco- allemande. Le net recul auquel est soumis le rapprochement franco-allemand marque aussi le glas des projets d'union européenne. Briand propose à partir de 1929 son idée de fédération européenne, seul moyen d'établir à ses yeux un système efficace de sécurité et de solidarité économique. [...]
[...] La France sait aussi prendre pied économiquement en Europe centrale et orientale. De 1918 à 1929, les montants des emprunts hongrois, polonais, autrichiens, et bulgares représentent plus de 700 millions de francs. La Société Générale acquiert du capital de la Banque de Crédit de Prague, et Schneider prend le contrôle de la firme automobile Skoda en 1919. Mais cet impérialisme du pauvre (Georges Soutou) ne doit pas masquer la relative faiblesse de la France face aux autres puissances dans l'entre- deux-guerres, et il ne parvient pas à empêcher la plupart des pays de la région de se tourner plus spontanément vers le Royaume-Uni, les Etats-Unis et surtout l'Allemagne. [...]
[...] La politique de Briand est approuvée par les socialistes. Il a fortement contribué au regain de prospérité des deux pays et à l'image de la pacification franco-allemande. Ses adversaires, notamment les droites extrêmes, lui reprochent son idéalisme béat, sa passivité et son manque de clairvoyance face à ce que l'on considère comme des manipulations du voisin allemand Une vision pragmatique La réalité de l'époque est pourtant très éloignée d'un Aristide Briand utopiste et naïvement pacifiste, même si c'est une image qu'il se plaît à donner de lui-même en accréditant publiquement l'image du pèlerin de la paix Il n'a aucunement été berné de bout en bout par les finasseries de Stresemann. [...]
[...] Onze fois Président du Conseil, il a en outre été titulaire d'une vingtaine de portefeuilles ministériels. De surcroît, certaines de ses visions, telles l'Union européenne, sont aujourd'hui devenues réalité. On peut donc légitimement se poser la question suivante : la politique étrangère d'Aristide Briand n'est-elle qu'une vision utopiste des relations internationales de l'entre-deux-guerres, ou au contraire un moyen pragmatique de poser les jalons d'une paix mondiale ? Nous tâcherons d'y répondre en trois temps. I. Au sortir de la Grande Guerre, le retour en force des idées de Briand 1. [...]
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