La politique étrangère de la France s'est longtemps résumée en un mot, celui de continuité par rapport aux grandes directions fixées par Charles de Gaulle à partir de 1958. Et ce même lors de la victoire aux présidentielles d'un candidat non gaulliste en 1974, M. Valéry Giscard d'Estaing, ou plus encore lors de l'arrivée aux affaires en 1981 du socialiste François Mitterrand.
Cette politique qui cultive volontiers le statu quo et qui a poussé la France à soutenir trop souvent indéfectiblement les dirigeants en place et à accorder peu d'attention aux alternatives politiques possibles. Par souci de stabilité, la France en a été réduite trop souvent à conforter des pouvoirs autoritaires et corrompus, contribuant à maintenir au pouvoir des dirigeants impopulaires et s'aliénant l'opinion. En juin 1990, il a semblé que les choses étaient destinées à changer. Le discours de François Mitterrand à La Baule donné à cette date lie l'aide française à la promotion de la démocratie en Afrique. Ce discours soulève un vent d'espoir, mais il retombe vite. Depuis, l'écart s'est encore creusé entre les promesses non tenues et des actes marqués par une stricte continuité. Une contradiction pour ne pas dire une hypocrisie, qui fait perdre à la France sa crédibilité en Afrique.
La politique africaine de la France est fondée traditionnellement sur le cas par cas et une dose d'ambiguïté dans le discours, par exemple quand elle affirme que certains pays ne sont pas prêts à épouser le modèle démocratique occidental. Cette politique française est de plus en plus critiquée en Afrique, dans l'opinion ou au niveau des états. Les relations passées entre élites dirigeantes françaises et africaines se sont aujourd'hui souvent retournées au désavantage de la France. L'influence française s'affaiblit considérablement le long d'un axe s'étendant de l'Angola à l'Erythrée, qui compte les États africains où les bouleversements récents ont été les plus remarquables. Ainsi, le Rwanda a abandonné le français comme langue officielle au profit de l'anglais en 2008, au moment même où il demandait son entrée dans le Commonwealth (...)
[...] L'impression de faiblesse laissée par la France dans diverses circonstances passées nous est dommageable aujourd'hui. Dans les actions concrètes sur le terrain africain, la place de la France s'affaiblit, alors même qu'elle dispose de plus de hommes prêts dans le cadre des arrangements relatifs aux forces en attente. La violence contre les ressortissants français en Côte-d'Ivoire ou au Cameroun, le boycott des produits français au Cameroun, les menaces et les actes terroristes contre les intérêts français au Togo, voire plus récemment les prises d'otages à répétition sont des signes alarmants de cette dégradation. [...]
[...] Ce texte instaure l'établissement de commissions nationales et la rédaction de rapports annuels dans les pays signataires sur leurs commandes et achats d'armes. Son exécution s'avère difficile car le processus est lent, vu le manque de personnel et de ressources, mais aussi de volonté à agir. Le Liberia, le Mali et le Niger ont seuls parmi les seize États signataires établi les commissions nationales prévues par le texte, premier pas indispensable à son application. La violence armée persiste dans la région, d'où l'inquiétude des observateurs qui se demandent si les autres initiatives africaines ne risquent pas de même d'être tuées dans l'œuf, si les États signataires n'établissent pas comme préalable les conditions de la paix et d'une volonté politique commune. [...]
[...] Les résultats de la convention de Lomé sont mitigés. Bien qu'ayant obtenu de grandes facilités d'accès à un marché avec lequel ils entretenaient des relations historiques, le marché européen, les pays africains ne semblent pas pour l'instant avoir significativement augmenté leurs parts de marché ou diversifié leur production. Cela est particulièrement sensible dans le domaine agricole, où 95% des produits agricoles exportés étaient pourtant dispensés de droits de douane, et rappelle les difficultés similaires que les États-Unis connaissent avec l'AGOA. [...]
[...] Le cadre communautaire européen est plus encore devenu le lieu d'une politique concertée. Ainsi, si au moment de l'entrée en vigueur de l'AGOA en 2000, les États-Unis sont en tant que pays indépendant le premier partenaire commercial de l'Afrique, absorbant 26% des exportations africaines, l'Union européenne en concentre dont pour le Royaume- Uni et pour la France. L'Union européenne entretient déjà à cette date des relations privilégiées avec certains pays du continent africain comme le Maroc en vertu de l'accord d'association entré en vigueur au 1er mars 2000. [...]
[...] Une sorte d'unanimité dans la classe politique qui remonte à la vision assez idéaliste de Tony Blair poursuivie durant ses dix années d'exercice du pouvoir à Downing Street (1997-2007). Même l'intervention militaire britannique au Sierra Leone ne fut pas vue comme de l'ingérence mais comme l'expression de cette envie britannique de bien agir (doing good) en Afrique. L'opposition au régime de Robert Mugabe au Zimbabwe repose sur des mêmes principes éthiques. Même si elle passe plutôt par les réseaux indirects du Commonwealth, elle n'en est pas moins ferme pour autant. [...]
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