Afin d'affirmer son rôle sur la scène internationale et devenir un véritable « producteur de sécurité », l'Union européenne doit agir de manière unifiée ou tout du moins cohérente.
Cette exigence n'a rien de nouveau et les pères fondateurs de l'Europe l'avait sans aucun doute déjà à l'esprit comme le souligne Giovanni Jannuzzi, ancien représentant permanent de l'Italie auprès du Conseil de l'Atlantique Nord en rappelant que même avant la Conférence de Messine en 1955, où l'idée de Communauté économique européenne a été lancée pour la première fois par Gaetano Martino, ministre italien des affaires étrangères, des dispositions avaient été prises au sein de la Communauté européenne de défense, pour assurer la coordination des politiques étrangères des pays membres. Aussi, depuis le rapport Davignon de 1970, la Communauté a peu à peu défini une politique étrangère commune à travers la coopération européenne, qui a été pleinement reconnue par l'Acte unique européen de 1986 et a culminé à Maastricht en 1992, avec la naissance de la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), Common Foreign et Security Policy (CFSP).
En effet, quand les Etats-membres de la Communauté économique européenne signèrent le Traité de Maastricht en 1992, transformant la Communauté européenne en Union européenne, ils ne se fixaient pas seulement comme objectif de créer une union monétaire dotée d'une monnaie unique, l'euro. Ce traité comprenait également un engagement « à définir et à mettre en œuvre une politique étrangère et de sécurité commune incluant « la définition à terme d'une politique de défense commune qui pourrait conduire, le moment venu à une défense commune » comme le rappelle Stanley Sloan. Dans la mesure où l'UE n'ayant pas de capacités militaires propres, c'est l'Union de l'Europe occidentale (Western European Union- WEU) qui a alors été désignée comme l'organisation responsable de la mise en œuvre des aspects militaires des décisions de l'UE en matière de politique étrangère et de sécurité. Par la suite, dans le cadre du processus d'adaptation et de renforcement du Traité de Maastricht, les membres de l'Union européenne ont approuvé en juin 1997, le Traité d'Amsterdam. En matière de politique de défense commune, ce traité incorpore les missions de Petersberg de l'UEO (missions humanitaires et de sauvetage, maintien de la paix et gestion des crises, y compris le rétablissement de la paix) dans le Traité sur l'Union européenne et autorise l'adoption de stratégies communes. C'est sur cette base juridique que se développera plus tard la PESD (politique européenne de sécurité et de défense - ESDP). En outre, le traité d'Amsterdam a également crée le poste de « haut représentant pour la PESC », poste qui est occupé depuis 1999 par Javier Solana, l'ancien secrétaire général de l'OTAN. Avec ce traité, la capacité de l'Europe de parler d'une seule voix sur la scène internationale est alors renforcée.
Mais cela ne semble déjà plus suffisant. En effet, les conflits en Bosnie et au Kosovo ont agi comme révélateurs et ont relancé les discussions sur la nécessité de mettre sur pied une force de défense européenne. Et en décembre 1998, lors du sommet franco-britannique de Saint Malo, le Président français Jacques Chirac et le premier ministre britannique Tony Blair ont décidé qu'il fallait que l'UE puisse disposer d'une "capacité d'action autonome, soutenue par des forces armées crédibles". Aussi, le pas est franchi, les 3 et 4 juin 1999, lors du sommet du Conseil européen de Cologne, au cours duquel les dirigeants des Etats membres décident de se doter des moyens nécessaires à la gestion des crises internationales. La Politique européenne de sécurité et de défense est alors mise en place au sein de la PESC.
Aussi, l'Union européenne, avec le développement de la PESC et de son volet militaire, la PESD s'affirme alors, au moins dans les textes, comme « producteur » et garant de la sécurité internationale, un rôle joué quasiment de manière monopolistique par les Etats-Unis depuis la fin de la Guerre Froide. Aussi, et même si le but de la PESD n'est pas de remplacer, mais bien de compléter l'OTAN, en renforçant et en consolidant l'alliance de l'UE avec les Etats-Unis et le Canada entre autres, dans le cadre de l'organisation, les aspirations européennes en matière de politique étrangère commune mais surtout en matière de défense commune ne laissent pas les Etats-Unis sans réaction. En effet, comme le souligne Nicole Gnesotto, « plus les européens progressent vers la constitution d'une véritable capacité de défense, plus les voix se multiplient aux Etats-Unis pour analyser, interroger, contester ou redouter cette nouvelle ambition européenne ».
Aussi, quelle est la position des Etats-Unis par rapport au développement des la PESC de l'Union européenne et surtout par rapport au développement de la PESD. L'Amérique peut-elle accepter une défense européenne autonome à terme par rapport aux Etats-Unis ?
L'analyse de l'attitude des Etats-Unis face aux développements de la PESC et de la PESD s'inscrit dans un contexte historique et politique complexe, aussi, avant de répondre aux interrogations qui nous intéressent aujourd'hui, il conviendra avant toutes choses de revenir sur ce contexte en analysant les relations qui unissent les Etats-Unis et Europe, relations anciennes et traditionnellement compliquées (I). Ensuite, nous analyserons à l'aune d'une perspective chronologique les diverses positions des administrations américaines vis-à-vis des nouvelles aspirations européennes depuis le traité de Maastricht (II). Enfin, la dernière partie de ce travail sera entièrement consacrée à l'attitude de l'Administration Bush junior quant au développement de la PESC et de la PESD (III).
[...] L'Amérique peut-elle accepter une défense européenne autonome à terme par rapport aux Etats-Unis ? L'analyse de l'attitude des Etats-Unis face aux développements de la PESC et de la PESD s'inscrit dans un contexte historique et politique complexe, aussi, avant de répondre aux interrogations qui nous intéressent aujourd'hui, il conviendra avant toutes choses de revenir sur ce contexte en analysant les relations qui unissent les Etats-Unis et Europe, relations anciennes et traditionnellement compliquées Ensuite, nous analyserons à l'aune d'une perspective chronologique les diverses positions des administrations américaines vis-à-vis des nouvelles aspirations européennes depuis le traité de Maastricht (II). [...]
[...] Bush, la position américaine évolue et devient hostile. III. L'attitude de l'Administration Bush junior par rapport au développement de la PESC et de la PESD Dans les premiers mois de son mandat, la position officielle de l'Administration Bush ne change pas réellement au niveau formel, l'important étant pour les Etats-Unis que l'Alliance Atlantique ne soit pas remise en question[32]. Mais néanmoins, suite aux attentats du 11 septembre 2001, la politique américaine évolue vers une position unilatéraliste qui comme nous l'avons déjà vu, d'après le classement de Stanley Sloan, n'est donc pas favorable à l'idée d'une Europe autonome. [...]
[...] Nicole Gnesotto, in Stanley R. Sloan, The United States and the European Defense op. cit., Preface p. V. European Union and the United States, Global partners, global responsibilities”, Delegation of the European commission to the United States, document PDF. Ibid. Ibid. Site officiel du Ministère français des Affaires Etrangères, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/europe_828/union-europeenne- monde_13399/politique-etrangere-securite-commune_851/est-pesc_15055/les- realisations-pesc_15058/les-partenaires-strategiques-union- europeenne_40919.html Teona Giuashvili, Frank Stadelmaier, relations transatlantiques”, enjeux des relations internationales, compte rendu de la séance du 26 mars 2007, document PDF. [...]
[...] La politique extérieure et de sécurité commune de l'Union européenne et sa contribution à la sécurité globale ambassadeur Giovanni Jannuzzi, ancien représentant permanent de l'Italie auprès du conseil de l'Atlantique Nord in Revue de l'OTAN, édition web, vol décembre 1994/1995, p. 13-16. Le 27 octobre 1970, les ministres des Affaires étrangères des Six adoptent à Luxembourg le rapport Davignon qui vise à réaliser des progrès dans le domaine de l'unification politique par la voie de la coopération en matière de politique étrangère. [...]
[...] La dimension politique de la coopération reste assez limitée. Comme le soulignent, Teona Giuashvili et Frank Stadelmaier, les Etats-Unis ne sont pas à l'aise avec les institutions européennes qu'ils jugent trop compliquées. Ils souhaiteraient un seul interlocuteur, visible et constant certainement le fameux numéro de téléphone auquel faisait déjà référence Kissinger, demandant quel numéro de téléphone il fallait composer pour contacter l'Europe en cas de problème. Les relations entre les Etats-Unis sont donc anciennes et importantes. Ces dernières reposent en outre, sur l'existence de valeurs communes. [...]
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