« La prochaine guerre mondiale, s'il y en a une, sera une guerre des civilisations ». Telle est, en substance, la position défendue par Samuel Huntington. Ce concept de choc des civilisations, annoncé sans fard par l'universitaire, s'est largement imposé à la suite des attentats, contre le World Trade Center, qui ont frappé les Etats-Unis d'Amérique le 11 septembre 2001. Ce « fascisme noir », comme l'appelle Yves Roucaute dans son ouvrage La Puissance de la Liberté, s'opposerait à « la civilisation ». C'est-à-dire à l'Occident mené par les Etats-Unis d'Amérique, « la Puissance de la Liberté ». Nourri d'une haine tenace à l'endroit du « navire amiral des Républiques », ce fascisme noir dirigerait ses « pulsions de mort » contre, à la fois, la démocratie libérale, les droits de l'Homme et le capitalisme. Ainsi, une opposition culturelle, et donc non négociable, serait à l'origine de la « quatrième guerre mondiale ».
La culture s'oppose à la nature, à ce qui est naturel. C'est-à-dire qu'elle constitue un artifice social particulier dans l'exacte mesure où elle découle de l'action humaine sur la nature qui l'environne. La culture est donc non pas quelque chose d'inné mais d'acquis par le truchement, notamment, de la socialisation. La pluralité des cultures, quant à elle, renvoie à une situation de cohabitation, de coexistence de cultures différentes. Dans un monde cloisonné, où chacune d'entre elles est autocentrée, les cultures n'entrent guère en rapport les unes avec les autres. Or, de nos jours, du fait de la globalisation, de la formidable extension du libre-échange et du raccourcissement des distances, les points de contacts entre cultures se multiplient et s'intensifient. Elles découvrent, de facto, l'altérité. Cette prise de conscience du pluralisme culturel ne se fait pas toujours sans heurt. En effet, les cultures obéissent à des règles, valeurs et principes qui leur sont propres. Cette altérité peut-elle, au final, devenir un insurmontable obstacle à la paix au sein de notre « village planétaire » ? Régies par des logiques souvent autonomes les unes des autres, les cultures peuvent-elles, au contraire, harmonieusement cohabiter ?
[...] Par ailleurs, Huntington voit dans la composition de blocs régionaux, tels que l'Union européenne ou l'ALENA, un avatar de cette attraction culturelle et civilisationelle. Ces associations d'ordre culturel auraient de multiples incidences sur le plan diplomatique et géopolitique. En vue de faire pièce à l'Occident, une connexion islamo-confucéenne se serait formée. L'Occident serait dans une situation grave, celle d'un encerclement. C'est pourquoi Huntington invoque un réarmement militaire et moral de celui-ci. The West against the Rest ! Telle est, en effet, sa conception des relations internationales. [...]
[...] La plasticité des cultures est, en effet, avérée. Ainsi, l'Islam, dont certaines des dérives fondamentalistes sous la forme d'actes terroristes présentent un danger pour l'Occident, l'influença grandement au cours du Moyen-âge. De nos jours, les Etats- Unis d'Amérique sont une puissante société multiculturelle. Et c'est à partir de différentes cultures, des interactions entre les successives vagues d'immigrés, que ce peuple s'est forgé. Si la pluralité des cultures était à ce point porteuse de chaos, de déstabilisation et de destruction, pourquoi donc les Etats-Unis d'Amérique seraient-ils ce modèle de démocratie libérale le plus achevé et la nation la plus puissante au monde ? [...]
[...] Elle n'est pas à ce point massive pour que la pluralité des cultures soit nécessairement un obstacle à la paix entre les individus. Selon l'approche individualiste, loin d'être inexorable, ce choc des cultures –incarnées par les civilisations- peut être disqualifié. Il s'agit, selon Nicolas Baverez, d'une chimère intellectuelle D'autant plus que le rapport à la construction identitaire s'est fortement individualisé. D'où autant de façons d'appréhender une culture que d'individus à la partager. La réalité semble conforter cette approche. Les cultures, et a fortiori les civilisations, ne sont pas des blocs monolithiques. [...]
[...] La pluralité des cultures conduit-elle nécessairement au conflit entre les hommes ? La prochaine guerre mondiale, s'il y en a une, sera une guerre des civilisations Telle est, en substance, la position défendue par Samuel Huntington. Ce concept de choc des civilisations, annoncé sans fard par l'universitaire, s'est largement imposé à la suite des attentats, contre le World Trade Center, qui ont frappé les Etats-Unis d'Amérique le 11 septembre 2001. Ce fascisme noir comme l'appelle Yves Roucaute dans son ouvrage La Puissance de la Liberté, s'opposerait à la civilisation C'est-à-dire à l'Occident mené par les Etats-Unis d'Amérique, la Puissance de la Liberté Nourri d'une haine tenace à l'endroit du navire amiral des Républiques ce fascisme noir dirigerait ses pulsions de mort contre, à la fois, la démocratie libérale, les droits de l'Homme et le capitalisme. [...]
[...] Derrière les mots, la réalité est autre La définition des civilisations adoptée par Huntington est, en effet, très essentialiste. Donner, par exemple, la primauté à la culture dans la formation de l'identité des individus relève d'une erreur de perspective. Car c'est considérer que la caractéristique fondamentale d'un individu est non pas l'autonomie mais l'appartenance. L'affirmation du primat de la culture est une négation de l'idée de liberté individuelle. Il semble plus opportun de considérer que l'individu, en tant que tel, constitue une réalité propre. [...]
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