« Le mystère entouré d'une énigme », cette phrase employée par Churchill pour évoquer l'URSS garde toute sa pertinence aujourd'hui. Il est en effet difficile aujourd'hui de dégager une logique dans la politique étrangère russe quinze ans après la dislocation du bloc soviétique. Cependant, par rapport aux années Eltsine, la Russie a profité des prix énergétiques pour retrouver ses marges de manœuvre. Elle est sortie de la logique d'assistance, ce qui bouleverse ses relations avec UE et EU. Aujourd'hui, elle mobilise ses ressources pour reprendre pied dans l'espace post-soviétique et dans un monde multipolaire. Quelles sont donc les tendances lourdes de la politique étrangère russe ? Quels sont les moyens utilisés ? Et enfin quelles en sont les limites ?
Dans un premier temps, nous distinguerons les tendances lourdes de la politique étrangère russe : l'importance de l'armée, les nouvelles relations avec l' « étranger proche », l'arme énergétique. Ensuite, dans un second temps, nous analyserons les autres points sur lesquelles se démarque la politique étrangère russe : l'affaire iranienne et ses relations avec l'Union Européenne.
[...] Depuis plusieurs années, la Russie a multiplié les investissements significatifs dans les pays de la CEI, mais aussi dans les nouveaux Etats membres de l'UE. Grâce à la rente pétrolière et à sa forte participation dans GAZPROM, Moscou dispose d'un levier supplémentaire, différencié selon les pays de la CEI En raison de la prégnance du discours sur la «sécurité énergétique», la plupart des observateurs se focalisent sur ce thème, y incluant les réseaux de transport (la nouvelle route de la Soie Dès son arrivée au pouvoir en 2000, Vladimir Poutine a exprimé le souhait de transformer la Russie en hub entre Asie et Europe, mais aussi orienté vers le Moyen-Orient. [...]
[...] Par conséquent, la Russie est peut-être en train de vivre un moment néo-impérial que sous-tend une classique volonté de puissance. Elle est peut-être également en train de découvrir et d'inventer une sorte de soft power, inédit pour elle qui passe par différents moyens d'influence. B. Les moyens d'influence 1. Plan militaire : La coopération en la matière reste au coeur de sa logique d'influence et se traduit par l'existence de bases militaires, une assistance technique, un effort de formation des officiers et des manoeuvres communes. [...]
[...] Les lignes de continuité de la politique étrangère russe à l'international A. Le contrôle nécessaire de l' étranger proche 1. L'héritage stratégique et historique : L'actuel président russe, Vladimir Poutine s'inscrit dans une tradition historique pour laquelle la Russie, quels que soient les revers subis, doit assumer un rôle mondial. Depuis le XVIIe siècle, ce pays conçoit sa Grand strategy à travers une vision géopolitique articulée autour de trois théâtres : occidental (de la Baltique aux Carpates), méridional (du Danube aux montagnes de Perse) et oriental (de la Volga à l'Altaï). [...]
[...] De plus la Russie n'est pas parvenue à donner une stature internationale à la CEI aussi bien sur le plan diplomatique que sur le plan économique. Par ailleurs les différentes révolutions (des roses en Géorgie, orange en Ukraine et des tulipes au Kirghizstan) ont porté atteinte à la place de la Russie dans son ex-empire soviétique. A tel point que Vladimir Poutine déclare sans ambages que la CEI a été créée dans le but d'encadrer un divorce civilisé entre les différents membres de l'URSS En concurrence avec de nouvelles puissances dans un monde multipolaire Ainsi, les élargissements de l'UE et de l'OTAN aux Pays baltes, et aux démocraties populaires (notamment la République tchèque et la Pologne) constituent autant de démarches qui s'opposent aux diverses tentatives de la Russie pour reconquérir sa périphérie. [...]
[...] Se pensant et se voulant mondiale, elle englobe désormais son «étranger proche» dans une politique plus ambitieuse destinée à renforcer ses positions sur la scène internationale. Epinglée régulièrement pour ces atteintes au Droits de l'Homme et malgré ces coups diplomatiques dans les Balkans, en Iran, ou en Corée du Nord la Russie n'a plus la même force d'attraction. C'est même très affaiblie qu'elle doit négocier avec les Etats-Unis la sortie des traités de maîtrise des armements. Tant bien que mal, la Russie s'efforce de contrecarrer ou de réorienter vers d'autres cibles l'influence exercée par deux puissances de premier plan (les Etats-Unis et la Chine), par un acteurs inexistant militairement, mais actifs aussi à l'échelle économique que diplomatique (l'Union européenne) et par des acteurs régionaux proches (Turquie, Iran, Inde et Pakistan) qui lui disputent la suprématie. [...]
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