Au milieu du XIXe siècle, les navigateurs et commerçants occidentaux se piquent d'un intérêt nouveau pour cet Orient mystérieux et méconnu que l'avancée des technologies navales fait toujours plus proche et plus accessible. Ce sont des péninsules, des îles, des côtes, des cultures, des
richesses et des hommes que l'appétit colonisateur du vieux continent et l'envie irrépressible d'expansion américaine vont soumettre.
Bien avant l'émergence contemporaine des pays asiatiques qui semblent aujourd'hui revêtir les habits de véritables puissances mondiales, une seule contrée a su résister à la pression dominatrice occidentale. Quand la Chine se laissait à l'époque morceler et coloniser par des concessions ferroviaires faites à la Russie, par des territoires à bail de 99 ans accordés à l'Allemagne.
Le Japon arrivait progressivement à se hisser au rang d'égal des puissances occidentales à tel point qu'il fut convié lors des négociations du traité de Versailles de 1919 aux côtés des quatre principales puissances victorieuses : la Russie, le Royaume-Uni, la France et les États-Unis.
Aussi, on se demande comment expliquer la montée en puissance fulgurante du Japon dans l'organisation internationale, de l'ouverture forcée au monde extérieur jusqu'à la Première Guerre mondiale. Quels furent les mécanismes, les recettes du succès japonais et à quels prix ?
Il est également important de se demander si cette montée en puissance dont on juge le paroxysme aux négociations du traité de Versailles a été unanimement reconnu, si le rayonnement diplomatique et la reconnaissance extérieure du Japon par les Occidentaux ont été aussi clairs et fermement établis que la fin de la Première Guerre mondiale nous le laisserait entendre.
[...] Une explication avancée à la grande rapidité des réformes engagées est que l'on pense parmi les élites Meiji que le choc provoqué par les réformes engagées est tel qu'il le faut violent si on ne veut pas le voir voué à l'échec (Elisseef : 174). Le Japon se met à l'heure occidentale dès 1873 en adoptant le calendrier grégorien Également, la nouvelle élite dirigeante convainc les daimyos d'abandonner leurs hans, ces fiefs de l'ère shogunale, au profit de l'empereur. En lieu et place des hans, et ce dès 1871, le gouvernement divise le territoire en départements dirigés par des administrations à l'occidentale. [...]
[...] En 1908 est conclu un Gentleman's Agreement entre le gouvernement japonais et l'administration américaine. Le Japon limite son émigration vers les États- Unis et les écoles seront ouvertes à nouveau aux enfants japonais. Cet accord ramène les Japonais au même rang que les Chinois jugés indésirables par le Chinese Exclusion Act de 1882 en raison de leur concurrence déloyale faite aux Américains sur le marché du travail. Le traité de Versailles, symbole de l'acmé de la puissance diplomatique japonaise, est lui-même remis en cause. [...]
[...] Mais toutes ces transformations ne se sont pas faites sans difficultés. En effet, certaines d'entre-elles ont un coût social terrible. Les anciennes castes dirigeantes acceptent très mal leur reclassement imposé par les réformes Meiji, en particulier les élites samouraï. A tel point que d'entre eux se coalisent et défient le pouvoir sur les domaines de Satsuma et sont finalement écrasés par la nouvelle armée paysanne en 1877. D'autres font fructifier les rentes versées par l'état pour solde de tout compte et investissent dans les nouvelles structures économiques japonaises : les zaibatsu pour le plus grand profit tant de leur situation personnelle que de la situation économique du pays. [...]
[...] Au cours du 19ème siècle, l'idéologie dominante veut que les grandes nations prennent sous leur tutelle les nations plus faibles au bénéfice de toutes les parties. C'est pourquoi les Occidentaux se livrent à un dépeçage sans pareil de l'Afrique mais aussi de l'Asie, en particulier en Chine et s'affrontent pour le partage des territoires ou des zones d'influence. La grandeur nationale passe par l'expansion coloniale. Ainsi, l'indépendance de Cuba, dernière colonie du royaume ibérique, en 1898 plonge l'Espagne dans une profonde crise intellectuelle nationale car elle marque la fin de son empire colonial, c'est à dire la fin de son rayonnement en tant que grande puissance. [...]
[...] Le 17 avril 1895, la guerre sino-japonaise prend fin suite à la signature du traité de Shimonoseki. Le Japon s'arroge alors l'île de Formose, la presqu'île du Lia- toung, les îles Pescadores, demande à percevoir une très lourde indemnité de guerre chinoise et exige que les ressortissants japonais bénéficient des mêmes privilèges diplomatiques que les occidentaux. On voit, là encore, la volonté d'être traité vis à vis de ces voisins asiatiques au même titre qu'une puissance occidentale. La Russie, la France et l'Allemagne voient cependant d'un mauvais oeil l'intrusion japonaise dans la région et obligent le Japon à restituer la presqu'île du Lia-toung. [...]
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