Du fait de sa situation de carrefour des continents européen, asiatique et africain et de ses réserves pétrolières et gazières, le Moyen-Orient est devenu un enjeu de rivalités internationales. Le Liban, pendant longtemps considéré comme « la Suisse du Moyen-Orient » a été, lui aussi, entraîné à participer aux conflits qui ont ensanglanté la région durant la seconde moitié du 20e siècle. Le discours des acteurs est, ainsi, la plupart du temps marqué par les luttes qui rythment l'histoire de cette région.
Le Hezbollah n'échappe pas à la règle: son visage est difficile à saisir parce qu'il est construit par différents acteurs aux intérêts divergents. Pour reprendre François Géré, on peut dire que le statut identitaire du Hezbollah n'est que la résultante des discours de tous les autres acteurs. Et historiquement, selon Jean Loup Salaam, « la guerre du Liban jouera le rôle de véritable genèse à partir de laquelle les États en concurrence construiront jusqu'à aujourd'hui, leur perception du Hezbollah. » Ainsi, pour Israël et son allié, les États-Unis, le « parti de Dieu », dès le début, appartient à la catégorie des organisations terroristes. Il s'agit d'un type de discours particulier, partagé par deux acteurs aux intérêts convergents et aux cultures proches, et il convient de retracer rapidement la genèse de ce mouvement.
[...] Ce financement s'inscrit plus dans la configuration clientélaire du Liban. Mais la défense du territoire est, elle, une pratique d'ordinaire réservée à l'État et qui revient pour la partie sud du pays aux combattants de la Résistance. Cette Résistance se nourrit d'une histoire théologique et politique spécifique au chiite, ainsi beaucoup de combattants sont élevés dans le culte du modèle husseiniste (favorisant le martyre) 2. Une ouverture de la Résistance islamique à tous les Libanais: Nationalisation de la Résistance: . [...]
[...] Celui qui assurera la continuité spirituelle entre Sadr et le Hezbollah est Sayyid Muhammad Husayn Fadlallah. A Beyrouth, au début de la guerre du Liban, ses prêches s'articulaient autour de l'idée que l'islam devait se défendre de l'impérialisme occidental. Dans le même temps, l'avènement en Iran de l'imam Khomeynie changea la donne pour l'ensemble de la région. Ce dernier entendit exporter sa révolution religieuse grâce à laquelle il réussit à renverser le Chah. Ainsi, très rapidement Fadlallah multipliera les contacts avec l'Iran, bénéficiera d'aides financières qui lui permettront d'élargir son réseau caritatif et social. [...]
[...] Un parti intégré au système confessionnel 1. Le système confessionnel libanais Le système institutionnel: les accords de Taëf symbolisant la fin de la guerre civile ne prévoiront pas de véritables réformes politiques. Ils contribueront à une nouvelle institutionnalisation du communautarisme et partageront de nouveau les prérogatives entre chrétiens et musulmans (sièges de la Chambre distribués à égalité entre chrétiens et musulmans, article 5 titre L'État au Liban est un objet très formel parce que les institutions principales sont en quelque sorte paralysées par ces divisions communautaires. [...]
[...] Mais le discours est clair: tant que l'armée assure convenablement la défense du territoire, les armes du Hezbollah resteront sous terre mais si cette armée ne parvient pas à remplir sa mission, les armes seront reprises. Cette Résistance du Hezbollah prend de plus en plus la forme d'une véritable défense nationale et augmente par là sa légitimité. Légitimité également accentuée par ses actions sociale, caritative et éducative. Plus qu'un simple arrière-front, ces activités permettent de façonner la société du Sud Liban à son image. Les services sociaux et d'éducation: un projet de contre-société? 1. [...]
[...] Le Hezbollah, parti islamiste? Les faits: le Hezbollah participa aux premières élections d'après guerre civile en 1992 en affirmant vouloir travailler dans le cadre du système politique libanais existant. A ces élections, le parti remporta huit sièges, ce qui lui conféra le plus important groupe parlementaire dans le Parlement. Il sera à cette époque un des rares partis à proposer un programme politique: soutien à la résistance, lutte pour l'abrogation du communautarisme politique, la défense des libertés politiques et médiatiques, le développement d'une politique sociale . [...]
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