Le royaume d'Arabie saoudite véhicule une image de lui-même qui ne correspond pas à la réalité et reste très mal connu. Sa société longtemps fermée et son système politique opaque n'ont pas permis aux observateurs occidentaux de se libérer des clichés et des représentations même après une ouverture relative du système. Dans son ouvrage l'Enigme Saoudienne de 2003, Pascal Ménoret rend à l'Arabie Saoudite et à sa société toute leur complexité. Né en 1976, Pascal Ménoret, est agrégé de philosophie. Ancien collaborateur de l'ambassade de France à Riyad, il a été membre d'un cabinet ministériel. Arabisant, il a consacré le temps nécessaire à l'établissement de liens personnels avec une population qui ne se livre pas facilement et à la découverte de mécanismes spécifiques qui régissent la société saoudienne ; il s'attache donc à mettre en évidence les forces politiques, religieuses, sociales et économiques qui agitent aujourd'hui l'Arabie saoudite et contiennent les semences de l'Arabie de demain. La société saoudienne est présentée dans cet ouvrage comme le fruit d'une évolution complexe dont les principaux vecteurs sont l'urbanisation, l'éclatement progressif de la structure familiale et la paupérisation. L'auteur s'attaque aux idées reçues que les auteurs occidentaux perpétuent dans leurs différents ouvrages, qui rendent une perception de l'Arabie Saoudite presque caricaturale en résumant le pays à trois éléments : l'Islam et l'intégrisme comme essence religieuse de l'Arabie Saoudite, le bédouinisme comme essence culturelle et le pétrole comme essence économique avec l'image d'une richesse miraculeuse.
Depuis le 11 septembre 2001, l'Islam serait le trait d'union qui lie et sépare à la fois l'Orient et l'Occident. De cette opposition de principe, la question du statut des femmes musulmanes occupe une position centrale. L'Arabie Saoudite se situe alors au cœur de cette interrogation ; en effet, les pays de la péninsule et en particulier l'Arabie Saoudite sont souvent perçus, notamment aux yeux des occidentaux, comme faisant parti d'une zone où la condition de la femme est la plus médiocre et ses droits sont les plus bafoués. Pourtant il est difficile de résumer à ce point la situation des femmes en Arabie Saoudite. En effet les femmes ont un rôle ambigu car si certains de leurs droits semblent être bafoués, elles n'en restent pas moins une matrice de la société. D'ailleurs les noms des tribus à éponymes féminins montrent l'importance que revêtent les femmes. Alors que les non-musulmans ont en tête l'image d'une femme passive, soumise et sans droits, les fondamentalistes la perçoivent au contraire comme dangereuse et source de la division de la communauté. Mais la condamnation systématique de l'Islam comme religion fondamentalement hostile à l'émancipation des femmes est trop simpliste.
Dans cette étude nous avons choisi de nous concentrer sur la place des femmes dans la société saoudienne, en nous appuyant principalement sur l'ouvrage de cet auteur qui est le plus récent sur le royaume, s'attachant à restaurer les évolutions qu'il connaît et les changements de mœurs dans un contexte politico-historique. Nous utiliserons également n°174 de Maghreb-Mashrek, Monde arabe, d'octobre décembre 2001 et l'analyse de Jean-Michel Foulquier qui prend le contre-pied exact de celle de Pascal Ménoret en mettant en exergue des éléments que Pascal Ménoret passe sous silence.
Comment analyser cette situation si ambiguë qu'est la condition féminine? Quelle place occupent finalement les femmes dans la société saoudienne ? Au regard de quels éléments ? Si la situation des femmes est analysée en parallèle avec la question de leurs droits, qui définit ces derniers ? Ne correspondent-ils pas à une définition purement occidentale qui ne prend pas en compte les paramètres de la culture ? Il convient ici de dépasser les préjugés et les idées préconçues afin de réaliser une étude plus impartiale.
[...] Les deux royaumes du Hedjaz et du Nadjd [voir carte page fusionnent le 22 septembre 1932 au sein d'un «Royaume d'Arabie Saoudite», reconnu officiellement par la Grande-Bretagne. Depuis le règne d'Abd al- Aziz III ibn Saoud (1932-1953), artisan de la formation du royaume, cinq rois se sont succédés sur le trône. Il convient de souligner le rôle essentiel qu'a joué Faysal Ier. Ce dernier accède au trône en 1964 ; il sera [ ] le grand catalyseur de la Sainte-Alliance de la religion et du pétrole. [...]
[...] Le paradoxe de ce pays, l'un des plus riches de la planète, où tout devrait concourir à augmenter la croissance de la population, la préférence de la population pour la famille nombreuse en symbiose avec une généreuse politique étatique de distribution des services et des emplois, se trouve confrontés à une transition de la fécondité tirée par la pauvreté plutôt que par l'aisance. La vie active et sociale organisée autour de la division sexuelle Sur le marché du travail, on compte 11,9% de femmes sur une population nationale active de 49,5%. La ségrégation des sexes fait que l'orientation des femmes au travail se fait surtout vers l'enseignement, la santé, le secteur bancaire ; il s'agit dans tous les cas d'établissements réservés aux femmes female branches Les femmes commerçantes tiennent de même des boutiques à clientèle féminine. [...]
[...] Indicateur de développement humain (1999), Source : PNUD, juin 2001 Rang d'IDH Espérance de vie à la naissance Taux d'alphabétisation des adultes Taux brut de scolarisation (tous niveaux) PIB réel par habitant PPA en $ Indicateur d'espérance de vie Indicateur de niveau d'éducation Nations Unies pour le développement L'Arabie saoudite a un niveau de développement inférieur à celui de la France par exemple, en dépit de ses richesses pétrolières ; cette différence peut s'expliquer par un taux de scolarisation et d'éducation moindre qui résulte d'une discrimination envers les femmes, malgré une profonde mutation que nous allons présenter par la suite. Le PIB réel par habitant est également moins important, peut-être car les femmes ont moins de revenus du fait de leur possibilité limitée d'accès à l'emploi. Ainsi, nous allons utiliser certaines des séries sur lesquelles se base l'IDH afin de présenter une situation des femmes dans la vie quotidienne. [...]
[...] Le voile serait donc un levier permettant aux femmes d'accéder à une place dans la société et à des postes dans l'administration, l'université, dans les entreprises et, d'abord, dans leurs propres formations politiques et associatives Si l'analyse de Pascal Ménoret reprend celle de Nilüfer Göle et semble assez proche de l'usage réel que font les femmes de leur voile en Arabie Saoudite, on peut cependant contester le fait que les femmes ne forme pas un groupe uniforme et de ce fait elles ne réagissent pas toutes de la même façon. Elles sont en effet diverses, et distinguées selon l'ethnie, l'idéologie, la classe et la nationalité. [...]
[...] Ceux de la première génération comprennent le droit à la santé, à la vie décente et à l'éducation, des paramètres qui se retrouvent dans une certaine mesure dans l'Indice de Développement Humain sur lequel nous allons à présent nous appuyer. A. L'IDH L'Indicateur de Développement Humain, ou I.D.H., a comme objectif d'essayer de mesurer le niveau de développement des pays, sans en rester simplement à leur poids économique mesuré par le P.I.B. ou le P.I.B. par habitant. Il intègre donc des données plus qualitatives. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture