Terrorisme, mafias, piraterie maritime, guerres fauves, milices privées, nouveau mercenariat… autant de phénomènes souvent mis en lumière depuis quelques années et qui remettent en cause une certaine notion webérienne de la violence étatique : l'Etat n'aurait plus le monopole de la violence, y compris dans le champ des relations internationales. Selon de nombreuses thèses en effet, la violence internationale jadis principalement basée sur le conflit inter-étatique subirait aujourd'hui une transformation engendrée par la multiplication d'acteurs internationaux de violence, anciens ou nouveaux, cités plus hauts. Le terme de transformation doit pourtant être rigoureusement analysé : s'il y a réellement une transformation de la violence, de quand date-t-elle, et pour quelles raisons a-t-elle eu lieu ? Surtout, s'il y a transformation, quelle est la typologie contemporaine des violences et à quelle situation a-t-elle succédée ?
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[...] Ce terme de zones grises est particulièrement équivoque : il décrit autant des Etats en voie de décomposition (sur ma carte, les Etats d'Afrique subsaharienne par exemple) que des Etats incapables de combattre les, ou complices des, organisations criminelles (Amérique andine par exemple) ou les Etats jugés abriter des organisations terroristes (Moyen-Orient). Il est évident que ces trois facteurs de violence internationale peuvent se retrouver dans une même zone (cf. l'Afghanistan). Le concept de zones grises est intéressant car il est extensible aux Etats pacifiés, qui ne sont pas exempts d'être traversés eux aussi par des zones de non-droit (banlieues violentes, périphéries rebelles). [...]
[...] L'ONU parle d'un micro-désarmement extrêmement difficile à obtenir. Paradoxalement, à côté de conflits qui font usage de petites armes, dont le massacre à la machette du Rwanda est la caricature morbide, nous devons constater la désuétude de la classique guerre internationale militaire : il s'agit là d'une autre transformation des méthodes de violence, commune aux Etats occidentaux comme aux nouveaux acteurs, pour des raisons différentes. La nouveauté pour les Etats occidentaux (permise par les évolutions technologiques, et due aux inquiétudes des populations) est cette priorité donnée à la vie des soldats qui entraîne des changements considérables dans la manière de faire la guerre : à tel point qu'on parle de RMA (Revolution in Military Affairs) centré autour de l'affaiblissement des combats de terrain, de l'essor des frappes aériennes, des missiles guidés de haute précision et de l'objectif zéro mort Récemment cette stratégie, cette utopie d'une guerre propre et cette confiance en la technologie sont mis à mal comme semble le montrer l'évolution du Pentagone. [...]
[...] Il est évident que ces deux violences internationales entretiennent des liens, et que leurs combats peuvent se retrouver liés. Dans le cas du terrorisme nationaliste, les implications sur les relations internationales sont claires, mais rares : retraits américains et français de Beyrouth en 93, puis du Sud-Liban par les troupes israéliennes en 2000. Les cas du terrorisme irakien et palestinien sont particulièrement parlants : ce sont des terrorismes qui visent la libération d'un territoire précis. Mais l'extrême diversité des populations qui acceptent de mourir en martyr, et les répercussions sur les relations internationales, sur les violences sociales qui agitent les Etats arabes ou les banlieues occidentales, toutes ces violences prouvent bien qu'il s'agit de conflits certes locaux, mais dont les enjeux, les violences et les passions sont totalement internationalisées : il faut noter que le terrorisme n'est certes qu'un mode de règlement de ces conflits, dont les limites avec la guérilla ou la guerre civile ( notre 2ème sous-partie) sont fluctuantes, mais il est celui qui fédère le plus d'acteurs internationaux (fedayins étrangers, aides de l'étranger aux familles des victimes, financements internationaux Le cas du terrorisme que Wieviorka nomme global Al-Quaida notamment, est le meilleur exemple d'une violence internationalisée. [...]
[...] L'expression de violence internationale est elle aussi ambiguë. Le terme même de violence exclut que nous nous concentrions sur l'insécurité ou la menace et nous oblige à considérer un usage effectif de la force, de l'affrontement. La violence est l'aboutissement d'une rivalité, d'une concurrence entre plusieurs parties (groupes mafieux, ethniques, Etats Toutefois cet aboutissement pourrait très bien prendre des formes différentes de la classique violence militarisée. Ainsi la violence ne serait pas réductible au classique conflit inter-national, mais engagerait une réflexion sur de nombreuses autres formes : violence mafieuse, épuration ethnique, attentats terroristes Des questionnements devront jalonner notre réflexion pour nous permettre de décomposer ce terme si fétichisé de violence et d'en clarifier le concept. [...]
[...] C'est dans la pacification de cette après-guerre que se joue aujourd'hui le sort d'un Etat comme l'Irak ou l'Afghanistan. La violence internationale n'est plus un combat militaire intensif. Elle est une lutte de longue haleine étendue dans le temps, dans l'espace. Une nouvelle localisation de la violence Notons tout d'abord q'une transformation profonde, et déjà ancienne, de la location des conflits est son glissement vers le Sud. La majorité de la violence internationale, en tout cas cartographiable se situe entre pays du Sud. ( cf. [...]
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