Peut-on parler d’une diplomatie médiatique ?

Résumé du document

Il est tout à fait frappant de constater que la presse, dans son hagiographie pontificale de Jean-Paul II a retenu deux caractéristiques essentielles de l'œuvre du pape défunt. Premièrement, les journalistes ont unanimement salué le caractère « diplomate » du pape, les plus mesurés soulignant l'engagement, les plus enthousiastes le rôle déterminant du souverain pontife dans la chute du communisme, le dialogue entre les religions, etc… Deuxièmement, les médias se sont accordés pour reconnaître à Jean-Paul II le qualificatif de « médiatique », dans le sens où ce dernier aurait été le premier pape à comprendre l'importance des médias et à les utiliser pour atteindre ses objectifs diplomatiques. Diplomatie et médias ont ainsi été présentés comme indissociables, le bon usage des seconds étant la condition de réussite de la première. Cette affirmation est-elle fondée ou alors faut-il la considérer comme une forme d'auto-consécration de la presse ?

Extraits

[...] Enfin, l'histoire nous enseigne que le pouvoir de la presse dépend à long terme grandement des progrès des techniques de communication, exogènes au secteur. Pour conclure, si le rôle des médias dans la politique étrangère est indéniable, il convient de ne pas transformer cette influence en pouvoir. L'accroissement du rôle des médias est en réalité conjoint avec les mutations de la diplomatie et il est sans doute impossible de déterminer un lien de causalité unilatérale entre ces deux évolutions. Bonnefou, dans son article la structure et le signe, décrit cette mutation du fait diplomatique. [...]

[...] Ce phénomène a des conséquences très importantes. D'abord, les événements mondiaux sont désormais suivis par le monde entier en temps réel. Le téléspectateur devient témoin exigeant et membre de ce que certains appellent une opinion publique mondiale L'enjeu fondamental de cette évolution est le rôle des images. L'émotion suscitée par des images violentes ou tragiques provoque souvent des réactions d'indignation de la part des opinions publiques, réactions que les pouvoirs publics ne peuvent ignorer. Ainsi pouvons-nous nous souvenir des violentes réactions suscités par l'annonce par Georges W. [...]

[...] Gilboa Eytan, Diplomacy in the Media Age: Three Models of Uses and Effects , in Diplomacy Statecraft, Vol Juin 2001, p. 1-28. Tudesq André-Jean (sous la direction Les médias acteurs de la vie internationale, Editions Apogée, Rennes Watine Thierry, (sous la direction les promesses et les pièges de l'information internationale, cahiers du journalisme, Automne 2003. Smouts M.-C., Batistella D., Vennesson, P., Dictionnaire des relations internationales, Dalloz, Paris Schéma : diplomatie de structures Acteur B (Etat, groupe terroriste, etc. ) Acteur A (Etat) Schéma : diplomatie de signes Opinions publiques Médias Acteur B (Etat, groupe terroriste, etc. [...]

[...] La relation entre corps politique et média s'appréhende donc non pas dans un rapport de domination/soumission mais dans un réseau d'interdépendance au sein duquel participe également l'opinion publique. Cette situation, complexe à analyser, nécessite prudence du politique et responsabilité du journaliste. Relations formelles. Relations informelles L'acteur d'où part la flèche anticipe les réactions de l'acteur vers qui se dirige la flèche avant de décider. Bibliographie Bonnefou Marc, La structure et le signe, in Défense nationale, 55e année, fév p. 23-29. [...]

[...] Cependant, ces exemples font plutôt figures d'exceptions illustrant le talent et l'audace de certains journalistes. Certes de nombreux journalistes, tel que Tardieu, sont devenu hommes d'Etat. Mais ces derniers, en accédant au pouvoir, passe de l' autre coté de la barrière et ce n'est pas en tant que journaliste qu'il oriente l'action gouvernemental. Les médias ne se substituent donc pas à l'action Etatique. Le pouvoir des médias reste déterminé par le régime politique dans lequel ils exercent. Dans les régimes autoritaires, les médias non officiels ont bien peu de pouvoir. [...]