La France est l'un des six pays fondateurs de l'Union européenne (UE). Elle a marqué la construction européenne de son empreinte. Son influence politique est notamment due aux pères fondateurs, Jean Monnet et Robert Schuman, à l'origine de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), qui ont imaginé la méthode communautaire. Par ailleurs, la localisation des institutions européennes dans des villes francophones a joué en faveur de l'influence linguistique de la France. Ainsi, l'influence française au sein de l'UE pourrait sembler naturelle. Pourtant, les derniers élargissements qui ont porté au nombre de 27 les Etats membres de l'UE ainsi que le non français au référendum sur le Traité constitutionnel ont fait surgir un discours sur le déclin de l'influence de la France en Europe. Ce déclin semble même admis par les autorités françaises au regard de la déclaration du Président français parlant de l'année 2008 comme celle d'un retour de la France dans l'Europe. Cette question de l'influence française est d'autant plus d'actualité que le second semestre 2008 sera celui de la présidence française de l'UE. L'influence peut se définir, au-delà d'un rayonnement, comme la capacité à orienter les politiques, à fédérer autour d'un projet.
Il s'agit de déterminer, sous cet angle, quels sont les facteurs effectifs d'un possible déclin de l'influence française dans l'UE.
[...] En effet, c'est l'image et le complexe du déclin qui produit le déficit d'influence. Pour dynamiser l'influence française au sein des institutions, il conviendrait que la place de l'Europe dans les préoccupations des partis politiques devienne croissante. La priorité donnée aux enjeux nationaux (de nombreux d'eurodéputés délaissant Strasbourg pour Paris lors d'échéances nationales) constitue un frein important de l'influence française dans l'UE . [...]
[...] Pourtant, il convient de nuancer l'impact des élargissements et des nouvelles règles sur l'influence française : d'un point de vue institutionnel, il s'agit d'une dilution et non d'une diminution de la présence française. Un autre aspect de l'influence d'un pays est l'influence linguistique. Si le français reste la langue de droit de l'UE, l'unique langue de délibération de la Cour de justice, force est de constater que dans les autres institutions communautaires l'usage de la langue française est en net déclin. [...]
[...] Désormais, deux tiers des élus français appartiennent à l'un des groupes les plus puissants. Or de la taille du groupe dépendent le droit de parole et d'initiative politique. De même, de la concentration des eurodéputés français au sein des groupes les plus importants dépendent largement l'accès aux postes à responsabilité : président et vice-président des commissions parlementaires, rapporteurs et coordinateurs. Même si cette concentration accrue n'a pas amené la France à conquérir de nouvelles présidences de groupes politiques européens, elle a permis de meilleurs résultats au sein du bureau du Parlement européen avec deux vice- présidences comme lors de la précédente législature et ce malgré l'arrivée de nouveaux eurodéputés. [...]
[...] Mais, ce déclin est relatif comme le montre l'influence renforcée des eurodéputés français alors que le rôle du Parlement européen est de plus en plus accru. Le déclin de l'influence française peut s'expliquer par plusieurs facteurs plus ou moins importants. Tout d'abord, les élargissements successifs des Communautés puis de l'Union européenne ont produit de manière arithmétique un effet de dilution de la présence française au sein des institutions européennes. Alors que la France comptait pour un sixième des pays en 1957, elle n'est plus qu'un des vingt-sept Etats membres de l'UE depuis les élargissements de 2004 et 2007. [...]
[...] L'érosion de l'influence du moteur franco- allemand dans une Europe élargie a plusieurs origines. Tout d'abord, le modèle socio-économique de l'Allemagne et de la France est contesté du fait de la stagnation de leur économie : ils n'ont plus la même force d'entraînement, notamment auprès des PECO. Mais surtout, le refus d'un leadership franco-allemand s'explique par les divergences profondes sur la vision institutionnelle et politique de l'UE entre ces deux pays fondateurs et les nouveaux entrants. Ces derniers ne sont pas pour une indépendance politique et une autonomie stratégique de l'UE, ils développent une vision de l'Europe qui sollicite l'alliance transatlantique. [...]
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