Dans leur forme actuelle, les relations internationales sont un sujet d'étude encore relativement neuf, d'autant plus que par essence leur organisation et leur principe est constamment en mouvement en fonction du contexte international. On peut fixer leur avènement moderne au lendemain de la première guerre mondiale, où la création de la Société des Nations en 1919 fut pour le moins le déclencheur d'une diplomatie de grande échelle sinon le signe d'une volonté d'entente internationale rompant avec la tradition d'accords bilatéraux qui primait jusque lors. Sans signifier que les impulsions diplomatiques individuelles n'auront plus cours, cela marque néanmoins un tournant dans l'évolution organisationnelle de la politique étrangère. Par définition, la politique étrangère est l'instrument par lequel un Etat tente de façonner son environnement politique international, c'est-à-dire la manière par laquelle il essaie de faire perdurer les situations qui lui sont favorables ou de mettre fin à celles qui lui sont défavorables. L'Etat quant à lui se définit comme la personne morale de droit public qui sur le plan juridique, représente une collectivité, un peuple, une nation, à l'intérieur ou à l'extérieur d'un territoire déterminé sur lequel elle exerce le pouvoir suprême, la souveraineté. Sont ici introduits deux caractéristiques majeures de la politique étrangère, l'incarnation dans des personnages aux pouvoirs spécifiques – les diplomates ou plus généralement, le chef d'Etat – et l'objectif ultime qui est la défense des intérêts nationaux.
[...] Cela se manifeste par l'expansion du droit international et la prolifération des organisations régionales comme l'UE ou l'ALENA, justifié par Bull par la prise de conscience des désavantages du chaos permanent de relations interétatiques non régulées En outre, on constate l'intégration d'une dimension morale dans les décisions de politique étrangère, qui se traduit par la multiplication des organisations non gouvernementales notamment humanitaires ou environnementales- mais aussi par l'intervention concertée des Etats lors des crises, pour apporter des aides aux populations ou réguler la situation militaire, comme c'est le cas pour les forces armées de l'ONU à l'étranger telle la FINUL au Liban. Beaucoup plus adaptée à l'évolution du contexte international du XXe siècle (globalisation économique, développement des NTIC), cette vision libérale des relations internationales achève de décrédibiliser l'hypothèse réaliste en prenant en compte l'intensification moderne des relations interétatiques. En somme, à l'heure de la mondialisation et de l'institutionnalisation de la coopération intergouvernementale, affirmer que les Etats ne considèrent que leurs intérêts particuliers dans la détermination de leur politique étrangère serait beaucoup trop simpliste. [...]
[...] De fait, les intérêts internes interagissent avec les décisions de politique étrangère. C'est le célèbre cas développé par Allison, qui démontre entre autres choses, l'impact certain des mid-terms imminentes sur le traitement de la crise de Cuba par Kennedy en 1962. Ainsi, la confiance réaliste accordée au chef d'Etat quant à la définition de l'intérêt national se heurte à l'observation prosaïque des influences internes. De fait, quand il s'agit de politique extérieure, les données du contexte international (niveau d'équilibre de la balance stratégique, degré global de tension, engagement dans un autre conflit) entrent évidemment en compte mais également importent l'environnement politique (situation de l'économie nationale ou aversion de la population pour la guerre) et l'environnement personnel (niveau de soutien de l'opinion publique, image du chef de l'Etat, calendrier des échéances électorales). [...]
[...] Du fait de la transnationalisation et de la mondialisation, la politique étrangère ne peut de toute manière plus se définir comme pour M. Merle comme la partie de l'activité étatique dirigée vers le dehors car il existe dorénavant foule de politiques étrangères privées comptant les ONG, les firmes multinationales, les diplomaties infra- étatiques des collectivités locales voire des politiques extérieures éventuellement post-souveraine comme la Politique Etrangère et de Sécurité Commune de l'Union Européenne. C'est le point de la considération libéraliste des relations internationales, incarnée initialement dans les 14 points de Wilson. [...]
[...] Ceux-ci se résument plus ou moins dans la phrase de Morgenthau les hommes politiques pensent et agissent en termes d'intérêt national Plus précisément, il s'agit tout d'abord de supposer c'est la state-centric assumption l'unité de l'acteur étatique représentée par un décideur ultime aux choix rationnels et qui se charge de la politique étrangère sans considération pour la politique interne. La politique étrangère consiste donc en une globalité d'actions et de décisions intentionnelles du chef d'Etat qui veut maximiser ses objectifs en fonction du contexte imposant ses contraintes. C'est la figure du chef d'Etat ou de gouvernement en tant qu'acteur rationnel qui est ici primordiale. Dans une hypothèse d'information parfaite, le dirigeant est alors capable d'observer objectivement la situation internationale et les différents choix possibles pour parvenir au résultat qui optimisera la situation pour son pays. [...]
[...] Pour citer Aron, les unités politiques qui sont rivales par le fait même qu'elles sont autonomes expliquent que la conduite du diplomate-stratège a pour sens spécifique d'être dominée par le risque de guerre d'où une lutte de chaque Etat pour obtenir une répartition avantageuse de l'équilibre des forces. Il s'agit alors d'opérer les jeux d'alliances adéquats voire les attaques qui permettront d'obtenir une représentation étatique optimale sur la scène internationale. Le rapport d'équilibre varie une fois encore selon les théories : pour le néo-réaliste Waltz par exemple, la situation internationale idéale est issue d'un monde bipolaire. C'est pourquoi la guerre froide était pour lui synonyme de stabilité, entre deux camps qui cherchaient plus à défendre leur sécurité qu'à lutter pour la puissance. [...]
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