Le pétrole n'est véritablement entré dans l'histoire qu'au milieu du XIX° siècle aux Etats-Unis, lorsque le 27 août 1859, le précieux liquide jaillit à Titusville, une petite ville de Pennsylvanie. Avec ce premier forage effectué par la Rock Oil Company, l'utilisation massive du pétrole allait devenir possible, dans les premiers temps aux Etats-Unis, puis peu à peu dans l'ensemble des pays industrialisés. L'image des Self Made Men de l'industrie pétrolière comme Rockefeller, les découvertes quant aux multiples utilisations possibles du pétrole, ainsi que la mise au point du moteur à explosion au tournant du XX° siècle donnent au développement de l'industrie pétrolière un coup d'accélérateur décisif.
Au XX° siècle, l'utilisation massive et mondiale du pétrole dans tous les domaines va donner à cet hydrocarbure un rôle et une importance démesurés. Les zones d'extraction deviennent rapidement des régions stratégiques de première importance, et le Moyen Orient acquiert une position centrale dans le concert des Nations dès l'Entre-deux-guerres. Beaucoup de conflits, dans cette région ou ailleurs, se feront soit directement soit indirectement au nom de ce qui devient l' « Or Noir ».
Dès lors, on pourrait se demander dans quelle mesure le pétrole a été un enjeu central dans les relations entre les pays du Sud et ceux du Nord au XX° siècle. En quoi son utilisation comme moyen de pression de part et d'autre en a fait une arme politique et diplomatique ?
Si dans une large moitié du siècle le nouvel enjeu pétrolier entraîna l'exploitation massive des zones de production par des firmes occidentales, les pays producteurs vont, au milieu du siècle, former une organisation de lutte contre leur exploitation, l'OPEP, et réussir à prendre le contrôle de leur principale source de richesse. Mais, faute d'une structure suffisamment puissante et à cause de dissensions internes, ce cartel va perdre en puissance dans les années 1980, laissant, depuis, la voie libre à une totale domination occidentale et surtout américaine.
[...] th. Univ. Lille - André Nouschi, Pétrole et relations internationales de 1945 à nos jours, Paris : A. [...]
[...] Mais avec la fin de la Guerre froide, c'est le principal concurrent des Etats-Unis qui chute. En effet, l'URSS avait depuis les années 1970 commençait à s'intéresser de plus prêt aux questions pétrolières, sa consommation augmentant rapidement et ses réserves intérieures étant juste suffisantes. Ainsi, la percée effectuée par les Soviétiques en Afrique de l'Est (Somalie, Ethiopie, Mozambique), au Sud-Yémen et en Afghanistan avait, entre autre, pour but d'exercer une pression sur les principales artères pétrolières de l'Occident. La chute du bloc soviétique en 1989 entraîne donc l'hégémonie des Etats- Unis, victorieux sans avoir eu à mener de bataille décisive, et aujourd'hui encore sans contrepoids efficaces. [...]
[...] La situation en Iran, troisième producteur mondial à cette époque, est à ce titre exemplaire. Les Britanniques y détenaient depuis le début du siècle le quasi-monopole de l'exploitation des richesses pétrolières. En 1946, une tentative soviétique de prendre le contrôle des réserves iraniennes échoue, et en 1951, le gouvernement du Dr Mossadegh, fait voter à l'unanimité par le Parlement iranien la nationalisation des avoirs de l'Anglo-Iranian. Mais, à la suite d'une révolte populaire en réalité montée de toutes pièces par la CIA, en 1953, Mossadegh est destitué et emprisonné. [...]
[...] En 1914 l'éclatement de la Première Guerre mondiale eut pour effet d'accroître, dans des proportions considérables, la demande de produits pétroliers. Partout l'arme pétrolière impose sa loi, les nouveaux matériels terrestres, maritimes et aériens étant de gros consommateurs d'essence, de mazout et de kérosène. Ainsi, Clemenceau fiat preuve de perspicacité en décembre 1917, lorsqu'il dit que l'essence serait aussi nécessaire que le sang dans les batailles de demain La guerre de 1914-1918 a donc montré, notamment durant sa phase mondiale que le pétrole était devenu un enjeu stratégique majeur et que le contrôle des zones productrices d'or noir était en train devenir aussi important que celui des grands gisements charbonniers. [...]
[...] 1971-1980 : la décennie de combat de l'OPEP, qui utilise l'arme de la dépendance énergétique à l'encontre des pays occidentaux A. Les premières mesures de l'OPEP et la première vague de décolonisation pétrolière Durant les 10 premières années de son existence, l'OPEP a mené une bataille incessante contre les Majors, réussissant non seulement à stabiliser les prix affichés mais également à modifier de façon sensible les taux de redevance et d'imposition. Toutefois, le véritable tournant de son action se situe au début des années 1970, avec la réunion à Caracas de la conférence de l'OPEP, qui décide de fixer à 55% le taux minimum des royalties (c'est à dire de la redevance payée par les majors au pays dont le pétrole est exploité). [...]
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