Au cours des quinze dernières années, l'Afrique Noire, où l'activité pétrolière a débuté dans les années 1960, a acquis une position importante dans la géopolitique pétrolière mondiale grâce aux progrès techniques de l'extraction off-shore, qui ont engendré d'importantes découvertes dans certains pays côtiers du Golfe de Guinée. L'activité pétrolière semble être une aubaine pour ces pays, dont certains sont très pauvres, et pour les pays importateurs de pétrole : il est intéressant de se demander quels sont les acteurs de l'activité pétrolière en Afrique Noire, et quelles sont les conséquences de cette activité pour les pays producteurs : est-ce une chance, ou, selon l'expression souvent employée, une « malédiction du pétrole » ?
Nous allons étudier cette question en présentant dans un premier temps les pays d'Afrique noire producteurs de pétrole et les caractéristiques de leur exploitation, puis en exposant les enjeux et les acteurs de cette activité, et enfin en montrant ses conséquences politiques et économiques dans les pays producteurs (...)
[...] Le dialogue entre Etats et populations s'est tari, donnant lieu à des troubles sociaux voire à des guerres civiles. Convoités par les gros importateurs de pétrole comme les Etats-Unis ou la Chine, les gisements pétroliers rapportent beaucoup d'argent aux Etats producteurs : les problèmes viennent de la mauvaise gestion de la rente et de la corruption qu'elle entraîne. Cependant, conscients de l'impasse dans laquelle les mènent une économie non diversifiée et une opacité des transactions, les Etats pétroliers commencent à changer de stratégie économique en encourageant le développement du secteur secondaire indépendant de l'activité pétrolière et la transparence des contrats avec les compagnies, qui prennent part à ce changement de politique pétrolière : en poursuivant cette voie, le pétrole peut devenir le tremplin de l'économie et permettre de développer des activités distinctes du secteur pétrolier dans les pays d'Afrique noire, qui, dans quelques dizaines d'années, avec l'épuisement des gisements, devront se passer de l'appui confortable de la rente. [...]
[...] Plusieurs éléments font de l'Afrique un objet de convoitise aux yeux des pays importateurs de pétrole et des compagnies pétrolières gigantesques, les majors. Tout d'abord, le pétrole du Golfe de Guinée est un pétrole léger et de faible teneur en soufre, et se trouve ainsi compatible avec les raffineries de l'OPEP, où ses caractéristiques le rendent aisé à raffiner. De nombreux gisements sont off-shore, à 1000 ou 2000 mètres de profondeur, et sont ainsi à l'abri des troubles politiques et sociaux souvent présents dans ces pays pauvres. [...]
[...] L'exploitation pétrolière en Afrique noire a connu ses débuts dans les années 1960, mais tous les actuels pays producteurs de cette région n'exerçaient pas encore l'activité pétrolière à cette époque. On peut distinguer trois types différents de pays producteurs de pétrole en Afrique noire : distinguons d'abord ce que l'on peut appeler les vieux pays pétroliers en déclin. Ce sont les premiers pays africains à s'être lancés dans l'exploitation pétrolière, mais leurs réserves plafonnent aujourd'hui, et leur production baisse. On peut citer parmi eux le Congo, le Cameroun et le Gabon, dont la production a été réduite de près d'un tiers entre 1999 et 2004 (elle est passée de 340000 barils par jour à 235000). [...]
[...] Leur économie n'est pas diversifiée et l'on observe que le PIB par habitant, en dehors de celui généré par le pétrole, est très faible. En Angola, par exemple, la part des revenus des hydrocarbures (pétrole et gaz) dans le PIB s'élève à en 2005. De nombreux pays anciennement exportateurs de cacao, d'huile de palme ou autres produits agricoles, ont vu ces exportations chuter : le Soudan, dont les exportations agricoles représentaient du PIB en 1990, c'est-à- dire il y a moins de vingt ans, et elles ont chuté à moins de aujourd'hui. [...]
[...] Pour que la situation de ces pays change, les compagnies pétrolières ont un rôle à jouer en exigeant plus de transparence dans les transactions et les contrats avec les Etats : qu'en est-il actuellement ? La plupart des Etats africains se sont rendu compte de l'impasse dans laquelle ils s'engouffraient en ne reposant leur économie que sur le pétrole, car en effet, ils ne pourront plus compter sur les revenus pétroliers d'ici quelques dizaines d'années. Le comportement des régimes politiques face à l'emploi de l'argent du pétrole a commencé à changer récemment : au Congo et au Nigeria, le budget de l'Etat est calculé en se fondant sur une estimation de l'évolution des cours du pétrole et le surplus des revenus, quand il y en est déposé sur un compte spécial auprès de la Banque centrale, ce qui a permis au Congo, par exemple, grâce à l'excédent des dernières années, de régler une partie de sa dette extérieure, et ainsi d'essayer d'améliorer ses relations avec la communauté internationale. [...]
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