Lorsqu'en 1993, Samuel Huntington publie dans la revue Foreign Affairs son article « The Clash of civilizations ? » , le bloc communiste vient de s'effondrer. Il s'interroge alors sur la future nature des conflits internationaux en présupposant de la fin des conflits idéologiques. Suite aux nombreuses controverses suscitées et aux interprétations erronées, Huntington répond à sa propre question sur le mode affirmatif en publiant Le Choc des civilisations en 1997. Ainsi, ce qui n'était encore qu'une question en 1993 devient une sombre affirmation en 1997, alors que les conflits ethniques se multiplient. Depuis les événements du 11 septembre 2001, son livre est présenté, sous une flamboyante jaquette rouge, comme une prédiction infaillible permettant de « comprendre ce qui va se passer ».
Loin de prôner un arrogant universalisme de la civilisation occidentale, l'auteur tente de comprendre en quoi ces conflits ethniques régionaux pourraient devenir des conflits de civilisations au niveau mondial. Une interprétation trop rapide de la situation internationale actuelle pourrait confirmer l'hypothèse d'Huntington : les différences entre civilisations sont à présent l'unique source de tous les conflits mondiaux. Cette affirmation suscite de nombreuses interrogations : Qu'est ce qu'une civilisation ? Qu'est ce qui distingue les civilisations? Pourquoi ces différences seraient elles génératrices de conflits inévitables ?...
[...] Huntington s'interroge alors sur l'avenir de la civilisation occidentale et en déduit que les occidentaux doivent admettre que leur civilisation est unique mais pas universelle et s'unir pour lui redonner vigueur contre les sociétés non occidentales Trois questions sont nécessaires pour tenter d'expliquer les propos de l'auteur : Pourquoi la civilisation occidentale, tout comme chacune des autres, serait unique mais ne saurait prétendre à l'universalité ? Quels sont les défis posés par les sociétés non occidentales contre lesquelles l'occident devrait se défendre ? [...]
[...] Une civilisation occidentale unique mais pas universelle Selon une vision classique et ethnocentriste, la civilisation est l'ensemble des phénomènes religieux, intellectuels, politiques et des valeurs qui y correspondent, caractérisant les populations qui participent de l'héritage gréco-romain et du christianisme. Dans cette optique, la civilisation s'oppose radicalement à la barbarie, qui se réfère à l'inhumanité de celui qui n'use que d'un langage d'oiseau : le barbare ne parle pas le grec, ce qui revient à ne pas parler du tout. Conformément à l'assurance avec laquelle la mentalité occidentale considérait sa culture comme la seule authentique, la barbarie des autres s'opposait à notre humanisme et à notre civilisation. [...]
[...] En effet, la progression des religions dites non occidentales s'observe également en occident. La recherche de spiritualité amène souvent des occidentaux à se tourner vers des croyances et cultures différentes de celles de leur civilisation. II. Quelles sont les valeurs occidentales qui mériteraient d'être défendues ? Face au déclin de l'occident et aux défis posés par les civilisations non occidentales, Huntington prétend que les occidentaux devraient s'unir pour redonner vigueur à leur civilisation. Quelles valeurs de la civilisation occidentale mériteraient d'être défendues ? [...]
[...] Comment alors défendre les valeurs occidentales sans sombrer dans le paternalisme et l'impérialisme ? Depuis la chute du bloc soviétique, l'occident semble croire que son idéologie démocrate libérale aurait triomphée et donc serait universellement valable. Or, ce qui semble de l'universalisme aux yeux des occidentaux, passe pour de l'impérialisme ailleurs. De plus, à mesure que la puissance de l'occident décline, sa capacité à imposer ses concepts des droits de l'homme, du libéralisme et de la démocratie sur les autres civilisations décline aussi, de même que l'attrait de ces valeurs sur les autres civilisations. [...]
[...] Sur ces deux points, la plus grande résistance rencontrée par l'occident vient des civilisations asiatiques et musulmanes. En effet, la force économique grandissante des pays asiatiques les préserve de plus en plus de la pression occidentale : la croissance économique rend les gouvernements d'Asie plus fort par rapport à l'occident ; à long terme, elle renforcera aussi les sociétés asiatiques par rapport à leurs gouvernements ; ainsi, si la démocratie doit apparaître, ce sera le fruit de la société concernée et d'une pression occidentale. [...]
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