Au cours des années soixante dix, Robert W Cox participe au renouvellement de la pensée des relations internationales. Les approches classiques échouent en effet à rendre compte de la complexité croissante de la scène internationale. La discipline de l'EPI, l'économie politique internationale, mise en valeur par Susan Strange, joue un rôle clé dans ce processus de rénovation avec son approche intégrant les sciences économiques et politiques. Marie-Claude Smouts la définit comme « un cadre d'analyse permettant de penser simultanément l'Etat, le marché, les institutions et les acteurs privés dans la mondialisation » . Alors que la théorie des régimes liée au concept de « l'interdépendance complexe » de Nye et Keohane se développe aux Etats-Unis, Cox adopte une position critique et ouvre une voie hétérodoxe de l'EPI qui met en valeur le rôle des classes sociales dominantes dans l'organisation de la mondialisation. Son approche qu'il présente en 1981 dans son ouvrage Social forces, States and World Order : beyong International Relation Theory est qualifiée de «matérialisme historique transnational» ou de «théorie néogramscienne» en référence à l'intellectuel marxiste italien Gramsci qui a influencé son travail.
Néanmoins, de façon assez déroutante, Cox échappe en réalité à toute tentative de classement strict. Susan Strange le décrit comme « un excentrique dans le meilleur sens anglais du terme, un solitaire, un fugitif des camps intellectuels de la victoire, à la fois marxiste et libéral ». Son parcours est atypique - après des études d'histoire à Montréal, il passe vingt-cinq ans à Genève au Bureau International du Travail avant de rejoindre tardivement le milieu académique, à Columbia puis à York- ce qui lui permet pour Graz de rester le plus possible à contre-courant. Il est donc difficile d'appréhender sa pensée qui s'émancipe des cadres intellectuels établis. Il a aussi tendance à recourir à des concepts complexes. Il parlera ainsi de son travail comme d'« une forme d'historicisme non structuraliste qui se pose en contraste des structuralismes abstraits ».
Dès lors, il s'agit moins pour l'étudier - selon ses propres dires rapportés par Graz - de s'évertuer à qualifier son identité intellectuelle que d'éprouver sa capacité à comprendre le monde. Nous tâcherons donc de présenter ses analyses en nous interrogeant dans un double sens. En quoi son approche participe au renouvellement de la pensée des relations internationales ? Quels traits du monde contemporain son analyse nous permet de mieux comprendre ? En premier lieu, nous envisagerons les racines de sa pensée – son héritage et sa démarche – puis le corps de sa théorie - ses concepts fondamentaux et sa lecture de l'ordre néo libéral contemporain – pour enfin proposer quelques pistes de critique quant à ses apports et à ses faiblesses.
[...] Au contraire, il parle d'un dialogue entre civilisations qui s'oppose au processus d'homogénéisation de la mondialisation. Cox n'adhère pas à cette lecture du monde qui semble avoir refait surface depuis les attentats du 11 septembre 2001. Selon lui, une construction plus adéquate de la réalité consiste à montrer un monde de civilisations qui se chevauchent dans l'espace Ainsi, Cox tente de trouver les moyens de la recherche d'une alternative qui se situerait dans les potentialités de transformation sociale qui se dégagent des solidarités de la société civile, du mécontentement des marginaux et des clandestins ou encore, de l'intersubjectivité des civilisations. [...]
[...] En effet, le déploiement du libéralisme à l'échelle mondiale avec l'ouverture de nombreuses frontières au commerce et à la finance mondiale ou la multiplication des privatisations ne fait pas disparaître la régulation étatique. Les prélèvements obligatoires touchent ainsi près de la moitié des richesses produites. De plus les aménagements du dogme libéral tels que la protection des champions nationaux ou les subventions à l'agriculture sont nombreux. Enfin, l'Etat conserve son rôle normatif. Le scandale d'Enron a par exemple donné lieu à un encadrement plus strict de la finance par la loi : les entreprises cotées en bourse ont l'obligation de publier leurs comptes régulièrement. [...]
[...] Elles tendent ainsi à perpétuer des comportements. Il est possible de retracer leur origine et de détecter les signes de faiblesse de certaines d'entre elles. Il y a ensuite les images collectives de l'ordre social tel qu'il est perçu par les différents groupes sociaux. Elles sont de natures diverses et entrent en conflit. Il s'agit des conceptions de l'organisation des pouvoirs, de la justice ou du bien public. Elles portent en germe de nouvelles voies pour l'émergence d'une nouvelle structure. [...]
[...] Ce sera l'étape finale de notre analyse. - L'internationalisation de la production L'analyse de l'internationalisation de la production proposée revient à ce que les économistes ont qualifié de passage d'une intégration économique relationnelle à une intégration structurelle La première s'organise autour du commerce entre pays, ce sont les échanges internationaux. Mais en ce qui concerne, l'intégration structurelle les relations entre filiales et maisons mères (le commerce intra firmes) joue un rôle important dans le cadre d'une valeur ajoutée organisée de plus en plus mondialement, plaçant chaque segment de la production et de son financement dans le pays y permettant d'en minimiser le coût. [...]
[...] La théorie contribue donc à la production du monde social, et veut être en mesure de le modifier. Il met en lumière la primauté des intérêts des dominants et de ceux qui ont le pouvoir, influant l'ordre du monde et ses problématiques. Son objectif est ainsi de chercher à préserver une diversité des rapports au monde et de ses représentations. Il engage à lutter contre la généralisation d'une civilisation de marché uniquement inscrite dans des comportements marchands et obéissant à l'idéologie capitaliste. [...]
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