Le Pakistan est un « vivant paradoxe » (J.-L. Racine, 2010). Deuxième Etat musulman du monde avec 160 millions d'habitants, puissance nucléaire disposant d'une armée de poids, pays incontournable dans son appartenance à l'Asie du sud, au carrefour entre Moyen Orient, Asie centrale et abords maritimes du Golfe, enjeu considérable dans la stratégie américaine de lutte contre le terrorisme et pourtant, malgré ces atouts, le pays va de crises en crises depuis la mort prématurée du père de la nation, Mohammad Ali Jinnah en 1948.
Si bien que les auteurs ne cessent de s'interroger sur un possible éclatement du Pakistan à l'instar de Tariq Ali dans son ouvrage "Can Pakistan Survive? The death of a state", 1991 ou encore Ahmed Rashid qui décrivait en 2008 « la descente du chaos » et un Etat « au bord de l'abîme » en 2009.
[...] Sur l'autre front, la même stratégie est appliquée, mais dans un contexte plus large. L'appui aux moudjahidines afghans répondait à la stratégie américaine de contrer Moscou et à la stratégie saoudienne de renforcer les mouvements salafistes sunnites après la révolution d'Iran. Washington va ainsi fermer les yeux sur la dictature de Zia ul-Haq ainsi que sur le programme nucléaire clandestin développé en opposition à l'Inde. Cette instrumentalisation des mouvements islamistes armés va perdurer jusqu'à aujourd'hui en passant par le second gouvernement de Benazir Bhutto (1993-1996) qui joue la carte des talibans. [...]
[...] Ces milices, nous l'avons dit, prolifèrent à la faveur du soutien de l'armée et des services secrets pakistanais dans le cadre du paradigme stratégique pakistanais orienté avant tout vers l'Inde. II. Le paradigme stratégique de l'armée, véritable ciment de la nation 1. L'Inde, l'ennemi de toujours, ou la définition de soi dans l'opposition à l'autre 1.1 Une histoire commune émaillée de tensions Il existe entre l'Inde et le Pakistan une haine mutuelle entretenue par des conflits incessants depuis la partition de 1947 récusée par les nationalistes hindous, et qui s'est accompagnée de massacres sur la base du critère religieux. [...]
[...] Ce climat est également entretenu par la Chine, amie fidèle qui a encouragé la montée en puissance du Pakistan pour mieux embourber l'Inde dans son cadre régional. Elle trouve en outre au Pakistan la route la plus courte vers l'Arabie où Pékin finance le nouveau port pakistanais de Gwadar aux portes du golfe persique L'Afghanistan, enjeu régional dans le cadre de l'opposition à l'Inde Au nom de la doctrine de la profondeur stratégique le paradigme développé par le Pakistan et décrit par J.-L. Racine ne s'arrête pas à l'Inde. [...]
[...] 585-596 Revues : Courrier international Le Monde diplomatique Hérodote 139 : Géopolitique du Pakistan, 4e trimestre p. [...]
[...] Ces combats ont entrainé le déplacement d'au moins personnes et engendré en représailles 540 attentats de talibans pakistanais tuant près de 5000 personnes depuis 2007. Toutefois, malgré cette violente confrontation et les interventions de l'armée dans les zones tribales, jusqu'alors exemptées de toute présence de cette dernière, les États-Unis accusent Islamabad de jouer un double jeu et de ne combattre le terrorisme qu'en façade. En effet, nombre de cadres de l'armée étaient opposés à cette politique de compromis acceptée par Musharraf et les services secrets pakistanais (ISI) restent liés à Al Qaïda comme l'a démontré à ses dépens le journaliste Syed Saleem Shadzad assassiné suite à ses révélations. [...]
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