Raymond Aron dans un de ses ouvrages, Paix et guerre entre les nations, souligne l'existence d'une anarchie internationale qui organiserait les rapports interétatiques. Selon ce dernier, les Etats auraient une prétention de se faire justice eux-mêmes du fait de la réservation à leur profit du monopole de la violence à l'intérieur et le droit de l'exercer entre eux sous forme de guerre.
Une problématique se pose alors : Comment atteindre la paix universelle ? Comment mettre fin aux ambitions belliqueuses des Etats ? Comment annihiler les différences à l'origine des guerres ?
Nous pouvons envisager une réponse à ces questions : l'EMPIRE.
Il pourrait ainsi exister une paix par l'empire.
Avant de souligner comment l'empire peut être vecteur de paix, je vous propose de définir les termes essentiels de paix et d'empire pour cerner parfaitement la problématique posée.
La notion d'empire est entendue de manières différentes par les auteurs. En effet, certains la comparent à l'impérialisme, d'autres à l'hégémonie.
Nous retiendrons une définition qui semble admise par la majorité. Cette dernière a été proposée par Michael Hardt et Antonio Negri, Empire.
Ainsi, « l'Empire constituerait un appareil décentralisé et déterritorialisé de gouvernement qui intègre progressivement l'espace du monde entier. »
La notion de paix quant à elle se réfère de manière étroite à celle de la guerre. En effet, on entend généralement la paix comme l'absence de guerre. La paix nous apparaît alors comme la suspension, plus ou moins durable des modalités violentes de la rivalité entre unités politiques.
Cependant un sens positif peut lui conférer une autre valeur ; c'est ainsi que selon Saint Augustin la véritable paix ne consiste pas seulement en l'absence de guerre mais dans l'ordre pacifique.
Raymond Aron propose une typologie ternaire du concept de paix fondée sur les répartitions de la puissance, c'est-à-dire sur le rapport entre les capacités qu'ont les unités politiques d'agir les unes sur les autres.
De ce point de vue, il s'établit :
-une paix d'équilibre dans laquelle les puissances se font contrepoids
-une paix par hégémonie dans laquelle les nations sont dominées par l'une d'entre elles
-une paix d'empire dans laquelle un Etat impérial confisque l'autonomie des nations qui lui sont soumises.
Nous étudierons cette paix par l'empire en démontrant tout d'abord que l'organisation impériale est effectivement vectrice de paix (I) avant de souligner que l'empire se conjugue difficilement avec la finalité pacifique qui lui est attachée (II).
[...] La paix passerait alors par l'attractivité que crée l'Empire. Se ralliant au centre impérial, les civilisations ou Etats abandonneraient alors leurs ambitions belliqueuses. Durant la guerre froide, par exemple, l'Union soviétique pensait qu'en agissant avec détermination à Berlin, Cuba, et dans tous les pays en développement, elle démontrerait sa force politique et militaire, ce qui encouragerait les forces dites progressistes à devenir des alliés actifs et ferait finalement pencher le rapport de force mondial en faveur du bloc communiste. Les soviétiques appelaient cela la théorie de la corrélation des forces Par les différents éléments exposés, nous avons pu voir que la paix peut résulter de l'empire de la force ou de la force de l'empire. [...]
[...] D'ailleurs, d'autres soulignent que l'ordre et la paix ne passe pas par l'empire mais par l'équilibre. Ainsi, prenant l'approche d'Henry Kissinger, il n'y aurait d'ordre que par l'équilibre. Selon ce dernier, le XXIème siècle reconstituera l'Europe du XVème au XXème siècle : un espace où alterneront sans fin les guerres et paix, déséquilibres et équilibres. Une paix par l'empire ne serait ainsi pas envisageable Bibliographie : Articles : - L'empire global et ses guerres locales. Alain JOXE. - Quelques raisons de faire la guerre ; Raisons politiques, février 2004. [...]
[...] Cependant, il apparaît que pour éviter sa dislocation, l'empire doit adopter des comportements belliqueux et abandonner ainsi son ambition de paix universelle. L'empire, une organisation par essence belliqueuse Il apparaît que pour subsister, les empires doivent constamment se sentir menacés. La menace justifie en effet la mobilisation des hommes, des prélèvements répétés sur les richesses et un pouvoir de fer. Il en résulte alors un pouvoir permanent de victoires, de triomphes, de conquêtes prouvant l'invincibilité de l'empire. Tout empire pour se maintenir semble ainsi avoir besoin de la force. Il n'y aurait pas d'empire sans victoires militaires. [...]
[...] Or, tout mur est voué à être percé, contourné tant par des envahisseurs que par ceux qui veulent échapper à la poigne de l'empire. En se clôturant, il n'est plus irrigué, enrichie par des apports extérieurs ; il s'étouffe, se momifie. Conclusion : un empire pacificateur aujourd'hui ? Certains auteurs envisagent un ordre contemporain par l'empire. Il existerait ainsi un empire planétaire. Ce dernier semblerait se dessiner autour des Etats-Unis. Ainsi, certains auteurs ont pu développer le concept d'empire américain. [...]
[...] L'intérêt de l'empire est son centre. Ainsi, toutes les structures appartenant à l'empire doivent se concentrer dans la réalisation d'un pouvoir central puissant. Cela implique alors un fonctionnement à partir de la soumission des dirigeants locaux. Ainsi, les autorités établies dans les peuples conquis sont brisées et remplacées par des représentants du pouvoir central : gouverneurs, satrapes, légats, préfets La gouvernance locale répond alors aux intérêts et aux exigences du centre. Les luttes internes sont par ce moyen anéanties. Pour appuyer cette absence de conflits, l'empire a formé un système militaire centralisé entre les mains de l'empereur. [...]
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