L'ouverture de l'OTAN vers l'Est : un enjeu politico-sécuritaire en trompe l'oeil ?

Résumé du document

Nous verrons qu'avec l'ouverture à l'Est, l'OTAN a retrouvé une légitimité nouvelle comme garant de la stabilité et de la sécurité européenne (I) mais que cette ouverture, du fait des problèmes qu'elle soulève, est devenue un enjeu majeur qui conditionnera la nature et le rôle futurs de l'OTAN (II) et qui se trouve instrumentalisée par les Alliés dans le cadre de la réflexion sur la répartition des compétences et pouvoirs entre les Américains et les Européens (III)

Extraits

[...] : Heïdar Aliev, président de l'Azerbaidjan, a demandé à l'Alliance de garantir la sécurité de son pays et d'intervenir dans le règlement du conflit dans le Haut-Karabagh ; de même, les dirigeants russes ont considéré que la tournée de Javier Solana, secrétaire général de la OTAN, en Moldavie et dans les pays du Caucase (février 1997) puis en Asie centrale (mars 1997) a incité les dirigeants de l'Azerbaïdjan, de la Géorgie et de l'Ukraine à exiger que l'intégration au sein de la CEI se fasse sur un mode strictement volontaire (mars 1997) ; idem pour la charte de partenariat spécifique signée entre l'OTAN et l'Ukraine le 9 juillet d'abord parce que cette coopération OTAN-NEI inclut un volet militaire : exercices (exercices navals organisés au large de la Crimée en août 1997 associant l'Ukraine et la Géorgie) mais aussi formation des personnels militaires (annonce fait par J. Solana au Kazakhstan) permet une plus grande indépendance militaire de ces pays à l'égard de la Russie Un enjeu de long terme : la mise en place d'un système européen " anti- versaillais " Devant l'instabilité d'après guerre froide, l'OTAN apparaît comme le seul recours fiable . Vide stratégique laissé par la disparition du pacte de Varsovie et l'échec des tentatives de recomposition de structures défensives soit sous l'égide de la Russie, soit entre les PECO eux mêmes. [...]

[...] Ainsi, on peut se demander si celui-ci ne serait pas seulement un moyen d'affaiblir durablement la Russie, en profitant de sa faiblesse actuelle. Or cette question est réellement fondamentale car c'est l'identité et l'ancrage même de la Russie dans l'Europe qui sont en jeu. On peut donc dire qu'après la " question allemande l'OTAN est désormais confrontée à la " question russe Du côté européen, c'est non seulement la stabilité du continent qui se joue mais aussi sa sécurité. En effet, la Russie se lance depuis quelques années dans une politique d'exportations d'armes et de technologies importante au Moyen Orient et en Asie. [...]

[...] Ainsi, l'OTAN devrait redevenir le cadre politique unique et global pour l'extension de la protection militaire, des intérêts économiques et du leadership politique des Etats-Unis sur l'Europe occidentale. En effet, l'attitude américaine reste souvent celle d'un leadership absolu. Ainsi, le choix de 1999 comme date butoir de la première vague d'élargissement a été annoncé unilatéralement et soudainement par Clinton à Détroit le 22 octobre 1996. On peut aussi citer les sommations de plus en plus fréquentes des Etats Unis à l'égard des Etats de l'UE pour accélérer sa procédure d'élargissement. [...]

[...] Plus encore II . mais cette ouverture, du fait des problèmes qu'elle soulève, est devenue un enjeu majeur qui conditionnera la nature et le rôle futurs de l'OTAN . La " question russe " au centre du débat L'ancrage de la Russie dans l'Europe est nécessaire pour assurer la stabilité et la sécurité du continent . L'élargissement de l'OTAN ne peut donc être une solution aux problèmes de sécurité européens que si il ne se fait pas aux dépens d'un des acteurs. [...]

[...] On peut constater notamment que les dirigeants européens les plus favorables à ce pilier européen ont aussi été ceux qui ont poussé à l'élargissement lors du sommet de Madrid. La reconnaissance des nouveaux adhérents serait un moyen de leur faire accepter ce pilier européen. Selon ce scénario, peut être un peu optimiste à court terme du fait de l'importance des divisions entre pays européens, on aboutirait, du fait de cet élargissement de l'OTAN à une sorte de triangle stratégique associant l'Alliance, l'Union Européenne et la Russie. Ce triangle serait une garantie de la stabilité et de la sécurité européennes. [...]