La fin de la guerre froide a entraîné un profond renouvellement des recherches sur les conflits. En la matière, de nombreuses théories prévisionnelles ont vu le jour. Samuel Huntington et Francis Fukuyama ont sûrement été les deux théoriciens les plus caricaturés. Cependant, l'ensemble de la discipline a été le cadre de recherches très nombreuses en vue de caractériser les nouvelles guerres et leurs causes. Ces travaux ont tenté de déterminer une tendance de long terme pour qualifier la période à venir.
Cet article de Michel Fortmann, paru dans la revue canadienne Etudes internationales, a pour objet de recenser ces travaux et ces théories. Il s'agit de les analyser et de les soumettre à l'épreuve des faits. L'auteur a établi un clivage entre les théories axées sur le système (I) et celle qui privilégient les ressorts internes des acteurs des relations internationales (II).
[...] De plus, la notion de gouvernance n'a pas survécu au colonialisme. L'Etat s'est désintégré et a été remplacé par des réseaux locaux. Nous sommes en présence de cas où c'est la désintégration de l'Etat qui est la cause des conflits ethniques. Conclusion On constate aujourd'hui que le langage de la géologie a remplacé celui de la théorie des jeux : on parle de zones de fracture, de plaques tectoniques, de secousses sismiques, etc. Si le nombre de conflits est globalement à la baisse, l'analyse des configurations régionales fait apparaître des zones de fracture potentielles. [...]
[...] Au-delà de la guerre froide : guerres, Etats et sociétés dans l'après- guerre froide L'observation des guerres de l'après-guerre froide a entraîné un intérêt pour leurs causes sociopolitiques. Il s'agit de voir en quoi la dynamique interne des acteurs influe sur l'ensemble du système international. A. La paix démocratique Le lien entre la paix et la démocratie a été affirmé par une école de pensée influente au début des années 90. Il s'agit de la formulation d'une vieille idée philosophique que l'on retrouve chez Kant et chez les penseurs libéraux. [...]
[...] L'explication structurelle trouve ses limites lorsqu'il s'agit de réaliser une prévision crédible des conflits. La notion de structure systémique, si elle comporte des avantages opératoires certains, ne rend pas compte de la diversité des configurations régionales. Le monde n'est pas unidimensionnel : il n'y a pas de rapports de puissance à l'état pur. Les questions économiques et les questions “intermestiques” interviennent et affaiblissent le lien de causalité directe entre rapport de puissance et conflictualité. De plus, les politologues ne sont en désaccord sur la nature conflictuelle de telle ou telle configuration du système international. [...]
[...] Il existe des variables structurelles comme le danger dans l'existence d'un déficit de communication, lui-même favorisé par l'existence de mythes historiques. V.P. Gagnon et Stuart Kaufmann ont montré que la violence communautaire est le fruit d'une escalade au cours de laquelle les activistes ethniques et les entrepreneurs politiques nourrissent les hostilités intercommunautaires existantes au point de créer un jeu à somme nulle. Les groupes hostiles concluent dans ce cadre qu'ils n'ont pas d'autre choix que d'attaquer pour garantir leur survie. [...]
[...] La guerre est une action fondée sur le calcul de coûts et d'avantages. Dans cette optique, les guerres sont courtes et limitées. L'histoire des siècles passés montre toutefois que la guerre est un phénomène passionnel et sanglant, elle est l'affrontement d'idéaux collectifs chacun porteurs de valeurs différentes et irréductibles. Les religions et les idéologies en constituent l'exemple le plus significatif. Francis Fukuyama annonçait il y a une décennie le triomphe progressif de l'idée occidentale. Celle-ci combine l'idéal libéral démocratique et le modèle économique libéral. [...]
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