Créée en 1949 pour impliquer les Etats-Unis dans la défense de l'Europe occidentale face à la menace soviétique, l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) est un produit de la guerre froide. Elle a servi de cadre pendant quarante ans à une double mission : l'une politique, de défense collective ; l'autre militaire, consistant à définir entre l'Europe occidentale et l'Amérique la conduite à tenir vis-à-vis de l'URSS et de ses alliés.
La fin de la guerre froide a été pour l'OTAN un succès historique ; en même temps, elle a pour l'essentiel mis fin à ces deux missions, ouvrant pour l'OTAN, devenue « l'Alliance unique » une période de redéfinition et de remise en cause, ainsi résumée par M. Arbatov, haut responsable soviétique en 1989 : « Nous allons vous rendre le pire des services, nous allons vous prouver d'ennemi ». Pourtant, si la disparition du pacte de Varsovie remet profondément en cause la légitimité de l'OTAN, elle parvient à rester une pièce essentielle de la sécurité européenne et trouve, dans les années 1990, un nouveau rôle au-delà de ses fonctions historiques. Celui-ci s'inscrit dans trois directions : intervention dans les Balkans, élargissement à l'Est et réforme menée en conjonction avec le développement des ambitions européennes dans le domaine de la défense. Vivement remise en cause sur ces trois points, l'OTAN semble désormais osciller entre son but clairement affiché de défense de la paix et de la démocratie en Europe et dans le monde, et la volonté sous-jacente de promouvoir les intérêts occidentaux sur la planète.
L'avenir de l'OTAN se situe-t-il dans le rôle de « l'ange de la paix » dont la tâche serait de s'opposer aux fauteurs de troubles en Europe et ailleurs, ou dans celui d'un « gendarme du monde », prêt à enfreindre le droit international partout sur la planète pour défendre les intérêts occidentaux?
La réponse, si tant est qu'il y en est une, est en réalité bien plus complexe que chacune de ces deux alternatives, et la réflexion doit être menée au regard du bilan mitigé des interventions militaires de l'Alliance (I) et de ses évolutions dans le monde post-bipolaire (II) qui soulignent la nécessité de redéfinir son rôle dans le nouveau contexte stratégique (III).
[...] La clef du développement d'une véritable relation de complémentarité entre l'OTAN et la politique européenne de sécurité et de défense se trouve sans doute en large partie à Washington. Conclusion Alliance de nécessité au temps de la guerre froide, l'OTAN est devenue une alliance optionnelle à laquelle on choisit de recourir au gré des circonstances. Cependant, elle doit tout de même impérativement repenser ses logiques d'intervention et redéfinir plus précisément son rôle dans le nouveau contexte stratégique, afin d'éviter des conflits politiques internes, entre les différents membres européens, un sentiment de soumission vis-à-vis des Etats-Unis, ou encore une mise à l'écart de la Russie des processus de défense et de sécurité européens. [...]
[...] La réponse, si tant est qu'il y en ait une, est en réalité bien plus complexe que chacune de ces deux alternatives, et la réflexion doit être menée au regard du bilan mitigé des interventions militaires de l'Alliance et de ses évolutions dans le monde post-bipolaire qui soulignent la nécessité de redéfinir son rôle dans le nouveau contexte stratégique (III). Le droit international bafoué en ex-Yougoslavie : pour la cause de la démocratie ou par celle de l'hégémonisme des États-Unis ? Le destin de l'OTAN peut apparaître comme paradoxal. Pendant les quarante années de guerre froide (1949-1989), l'Alliance a réussi à maintenir la paix en Europe sans recourir au moindre acte de guerre, l'activité militaire se limitant à la préparation des forces, d'exercice en exercice. [...]
[...] En effet, le contexte sécuritaire diffère nettement des situations que l'OTAN avait connues dans les Balkans. Il ne s'agit plus de maintien de la paix, mais d'un engagement plus risqué, pouvant conduire à des combats terrestres difficiles, face à un adversaire mobile et fondu dans la population. Mais l'opération se caractérise surtout par une extension des missions à des domaines non exclusivement militaires. La notion d'approche globale, que l'OTAN veut promouvoir en Afghanistan, répond à ce souci d'établir un lien entre le volet militaire et les aspects liés au développement, à la reconstruction, à l'état de droit, à la formation des forces de sécurité ou encore à la lutte contre les stupéfiants. [...]
[...] Bibliographie - VAÏSSE, Maurice (sous la direction de) Dictionnaire des relations internationales au XXème siècle, Armand Collin 2ème édition - KIRSCHBAUM, Stanislas (sous la direction de) - La paix a-t-elle un avenir ? L'ONU, l'OTAN et la sécurité internationale, L'Harmattan coll. Raoul-Dandurand - ZARKA Jean-Claude - L'OTAN, PUF coll. Que sais-je - ZORGBIBE, Charles - Histoire de l'OTAN, Editions Complexe - Why NATO enlargement doesn't spread democracy? International Security spring 2001 vol - Pourquoi l'OTAN ? Études (Paris 1945) avril 2004 t - L'OTAN après le Kosovo : ange de paix ou gendarme du monde ? [...]
[...] La crise se produit au moment où les Etats-Unis cherchent à imposer leur leadership à l'OTAN et à justifier leur nouveau rôle plein d'ambitions en Europe. Si la province serbe ne représente ni intérêt pétrolier, ni perspective particulière de marchés florissants, elle est au croisement des scènes atlantique, européenne et proche-orientale. Le régime serbe, outre son ultranationalisme criminel, est source de menaces éventuelles pour l'Union européenne (émigration clandestine, instabilité politique, mafias liées à la drogue . ) et représente, selon les Etats-Unis, un mauvais exemple pour ses voisins d'Europe de l'Est. [...]
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