Fêtes, bals, opéras, palabres, réceptions, revues militaires. A partir du 1er novembre 1814, et pendant plus de neuf mois, près de deux cents délégations et des milliers de participants invertissent la capitale autrichienne. C'est le début du congrès de Vienne. Exception faite de l'empire Ottoman, l'Europe tout entière s'y rassemble, dans une atmosphère de réjouissances ininterrompues. « Le congrès ne marche pas, il danse », pour reprendre les mots du prince de Ligne. Et c'est pourtant dans ce climat de constantes distractions, qu'un véritable agencement novateur du système international européen va se mettre en place. L'ordre de Vienne vient de débuter.
Fruit du passé et du futur, l'ordre est la réponse hybride des gouvernants européens aux problèmes du présent. Car il s'agit avant tout de rétablir la paix dont le continent a été privé pendant vingt-cinq ans. Pour cela, on fait appel aux structures solides de l'avant-Napoléon, qu'on transfigure au contexte du postnapoléonien. Et ceci, grâce à des idées, des concepts, des « manières de faire » pionnières. Mais on ne peut résister à l'Histoire. Rapidement, l'ordre de Vienne décline, vacille, pour finalement disparaître, non sans laisser son empreinte dans le système européen.
Afin d'appréhender l'étendue de cette « expérience » politique et diplomatique, il est nécessaire d'en étudier les conditions de création, les principes fondateurs qu'elle appelle et les circonstances de défection. Nous allons donc nous intéresser tout d'abord aux déterminants de la naissance de l'ordre de Vienne (I), puis les préceptes qui le soutiennent (II), pour enfin souligner les antagonismes qui en ont eu raison (III).
[...] Les derniers piliers de l'ordre Mais le désaveu de la Grande-Bretagne pour l'ordre de Vienne correspond aussi à la mort de son principal défendeur britannique, Castlereagh, qui se suicide en 1822. Peu de temps après, c'est le tsar Alexandre Ier qui meurt. Or, le nouveau tsar, Nicolas Ier veut une Russie dominante dans le système européen. L'ordre de Vienne s'affaiblit, la situation devient grave. En désespoir de cause, Metternich tente de réactiver la Sainte-Alliance en 1833 avec le traité de Münchegrätz. [...]
[...] L'ordre de Vienne, entre conservatisme politique et innovations diplomatiques Fêtes, bals, opéras, palabres, réceptions, revues militaires. A partir du 1er novembre 1814, et pendant plus de neuf mois, près de deux cents délégations et des milliers de participants invertissent la capitale autrichienne. C'est le début du congrès de Vienne. Exception faite de l'empire Ottoman, l'Europe tout entière s'y rassemble, dans une atmosphère de réjouissances ininterrompues. Le congrès ne marche pas, il danse pour reprendre les mots du prince de Ligne. [...]
[...] Et c'est là que réside l'innovation. Si un problème survient, il sera désormais résolu par un accord consensuel. Un frein moral se met donc en place. La stratégie de l'unité conservatrice empêche chacun des membres d'agir comme il l'entend, sans se soucier des conséquences. En partant de ce principe, une conférence ou congrès est organisé chaque année entre les ministres des Affaires étrangères pour faire un point de la situation en Europe. C'est une véritable innovation diplomatique, car on se rapproche de plus en plus d'un système de sécurité collective et de gouvernement européen. [...]
[...] Les déterminants d'une naissance A. Les restes napoléoniens B. Reconstruire l'ordre européen II. Innover pour conserver A. Le principe de légitimité B. L'équilibre des puissances III. La fin d'une anachronie A. Menaces externes et internes B. Les derniers piliers de l'ordre I. Les déterminants d'une naissance L'ordre de Vienne n'a pu se mettre en œuvre, dans la forme composite, anachronique, qu'il a prise, que pour la seule raison qu'il répondait à la fois aux aspirations des gouvernants, ainsi qu'aux configurations contextuelles en place. [...]
[...] La guerre passée, la situation se stabilisera et la paix reviendra. Jusqu'en 1914, il n'y aura pas en Europe de conflits généralisés. Cependant, on passera à une simple politique de pouvoir. Désormais, il n'y aura plus de débat entre les souverains d'Europe. L'avantage personnel passera avant l'équilibre et la paix qu'il assure. On peut qualifier la période depuis la guerre de Crimée jusqu'à l'assassinat de François Ferdinand de calme avant la tempête Il suffira d'une crise un peu plus importante que la moyenne pour que le château s'effondre. [...]
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