La chute du mur de Berlin et l'implosion du bloc soviétique marquèrent, avec la fin de la Guerre froide, l'éclatement des certitudes concernant l'ordre international. A une division claire du monde entre deux pôles antagonistes se substituait l'inconnu. Comme l'écrit Dario Battistella, « des quatre postulats réalistes que sont l'unité politique souveraine…, la primauté de la politique de puissance dans les relations entre unités politiques, la séparation stricte entre politique interne et environnement international et la présence d'un système international hétérogène opposant deux messianismes irréductibles, aucun n'est plus pertinent aujourd'hui. » La victoire de la démocratie contre le totalitarisme a été trop écrasante pour que les anciens schémas soient toujours valables. L'ordre qu'imposait la Guerre froide avec l'intégration dans un des blocs disparaît, remplacé par l'anarchie au fur et à mesure que les pays du bloc soviétique recouvrent leur indépendance et que ceux du camp américain s'éloignent de leur ancien protecteur. Dès le début des années 1990, de nombreux analystes des relations internationales ont tenté de caractériser cet ordre post-Guerre froide qui commençait à se dessiner, et à spéculer sur le futur du monde. De toutes ces prévisions ressort surtout une impression de confusion, avec des théories s'opposant souvent frontalement, et ce sur tous les sujets étudiés.
Comment caractériser l'ordre post-Guerre froide à partir des analyses réalisées dans le sillage de la chute du bloc soviétique ?
C'est ce que nous nous proposons de voir, d'abord en analysant les prévisions sur la domination du monde et sur les acteurs qui régiront le système international, puis en étudiant les spéculations sur la stabilité du monde, entre espoirs de paix et perspectives de nouveaux conflits.
[...] C'est ainsi qu'est interprétée l'affaire du traité de Maastricht. Walter Golstein voit dans le traité un texte prématuré et trop ambitieux pour un continent trop hétérogène et une opinion publique peu supportrice de l'unification européenne. Josef Joffe, dans The New Europe : Yesterday's Ghosts estime que l'échec du texte européen le plus ambitieux, celui-là même qui préparait la voie à l'union monétaire puis politique est le signe flagrant du retour des vieux démons européens, puisqu'il a été rejeté dans les pays principaux au nom des intérêts nationaux au détriment de l'intérêt général jusqu'ici privilégié. [...]
[...] II) L'ordre post-Guerre froide : paix ou conflits ? Optimisme contre alarmisme C'est sur ce sujet d'un futur pacifique ou conflictuel, plus que sur aucun autre, que s'affrontent les théories les plus opposées. Les plus optimistes voient dans la fin de la Guerre froide la conclusion du dernier grand conflit mondial. C'est la célèbre théorie de Francis Fukuyama dans The End of History : après avoir gagné le monde des idées en se présentant comme la seule forme de gouvernement viable, l'universalisation de la démocratie libérale marque le point final des combats idéologiques et donc la fin de l'histoire. [...]
[...] L'ordre post-Guerre froide La chute du mur de Berlin et l'implosion du bloc soviétique marquent avec la fin de la Guerre froide l'éclatement des certitudes concernant l'ordre international. A une division claire du monde entre deux pôles antagonistes se substituait l'inconnu. Comme l'écrit Dario Battistella, des quatre postulats réalistes que sont l'unité politique souveraine , la primauté de la politique de puissance dans les relations entre unités politiques, la séparation stricte entre politique interne et environnement international et la présence d'un système international hétérogène opposant deux messianismes irréductibles, aucun n'est plus pertinent aujourd'hui. [...]
[...] C'est ce que préconise Charles Glaser dans Why NATO is still best ? Future Security Arrangement for Europe : l'OTAN, toujours sous direction américaine, répond aux demandes de l'Allemagne et des pays de l'Est d'une protection nucléaire tout en maintenant les institutions de coordination et de dialogue. Assurer la sécurité internationale Tous les analystes s'accordent ainsi sur la naissance d'un nouvel ordre, aux contours incertains mais sûrement marqués par les conflits. Ce Nouveau Monde nécessite donc un nouveau type de système de sécurité. [...]
[...] La fin de la guerre froide menace aussi d'un point de vue organisationnel la stabilité en Europe. C'est ce que prédit John Mearsheimer, estimant que le nombre de crises, et même de guerres, va beaucoup augmenter maintenant que la Guerre froide est finie. L'Europe, après sa division en deux blocs, revient à un système multipolaire de division de la puissance, système qui a créé dans le passé de fortes motivations d'agressions et de conquêtes. A ce retour à un système qui a conduit l'Europe à la division dans le passé s'ajoute la crainte d'une prolifération nucléaire sur le continent européen sous l'impulsion d'une Allemagne craignant pour sa sécurité. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture