Le 8 décembre 1991 est prononcée la dissolution de l'URSS. Dans ce qui était l'espace soviétique émergent alors 15 nouveaux Etats indépendants, pour qui l'accession à l'indépendance constitue un bouleversement sans précédent : Il s'agit pour eux de définir ou de redéfinir leur identité, leur place, notamment par rapport aux cadres russes puis soviétiques qui leur ont été imposés depuis des siècles. Si l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie mettent rapidement fin à cette « crise identitaire » en refusant d'adhérer à la CEI et se tournant avec détermination vers l'Europe, ce travail de définition s'avère très difficile pour les autres Etats issus de l'URSS, et ce d'autant plus que l'ouverture du bloc soviétique les expose soudain à un jeu de luttes de puissance et d'influence, situation dont l'appartenance (imposée) à un « bloc » les avait jusque-là relativement préservés. Par leur situation géographique et/ou leurs ressources naturelles, de nombreux Etats issus de l'ex-URSS sont en effet des lieux stratégiques, objets des convoitises de l'Occident (en particulier des Etats-Unis) qui, dès lors que l'URSS n'existe plus, aspire à y installer démocratie et économie de marché, favorables au développement de ses intérêts politiques et économiques.
Face à ces velléités occidentales d'implantation, la Russie, puissance dominatrice séculaire dans l'espace post-soviétique, affiche depuis la dissolution de l'URSS la ferme volonté de conserver son emprise traditionnelle sur son ex-empire. La Russie d'aujourd'hui n'a jamais eu des frontières aussi resserrées depuis la Moscovie du 17è siècle et se sent amputée de territoires qui lui reviennent. Ce sentiment est d'autant plus fort que la « nouvelle donne » politique non seulement prive la Russie de composantes de sa puissance (accès direct aux ressources naturelles de l'Asie centrale, contrôle de voies commerciales, qui constituent des instruments capitaux de pression sur la scène internationale ; implantation militaire sur des frontières stratégiques) mais aussi rend possible un « encerclement » par des tendances politiques qui ne lui sont pas favorables. Pour s'en prémunir, la Russie mène donc une politique axée sur la persistance de son influence (par le renforcement de l'intégration par sous-ensembles entre autres) dans un espace qui, gérant avec difficulté une situation inédite d'indépendance et peinant à trouver des repères, tend à y être réceptif.
[...] Le nombre des ONG s'est considérablement développé dans le monde entier depuis la fin des années 80. Cet essor a été particulièrement fort en ex-URSS, en raison du passage de l'« omniprésence étatique qui avait caractérisé l'ère stalinienne à une carence confinant à la démission de l'Etat Cette carence a créé un vide dans lequel se sont engouffrées les ONG, pour pallier les défaillances de l'Etat et promouvoir droits de l'homme et démocratie. La multiplication des ONG russes s'accompagne aussi d'un mouvement d'émancipation vis-à-vis du pouvoir des organisations russes tolérées par le régime soviétique, qui acquièrent ainsi une marge de manœuvre nouvelle, en matière idéologique notamment. [...]
[...] Le 24 mars, le président kirghize Askar Askaïev abandonne le pouvoir qu'il détenait depuis 1990, suite à un mouvement de protestation qui a commencé dans le sud-ouest du pays entre les deux tours des élections législatives. Après avoir permis le multipartisme et un semblant d'opposition, une ébauche de presse libre, un frémissement de société civile , Askar Akaïev a consolidé son autorité à la fin des années 1990 en interdisant toute forme d'opposition, sous prétexte de lutte anti-terroriste. Ce tournant autoritaire s'est accompagné d'une intensification de l'activité des ONG, dont, comme en Ukraine et en Géorgie, le NDI, l'Open Society Institute et Freedom House, qui apportent leur soutien financier à la presse locale, ainsi qu'aux mouvements de contestations qu'elles ont aidé à se structurer, permettant ainsi le retournement de mars. [...]
[...] Enfin, le 12 mai 2005, Nicolaï Patrouchev, chef du Service Fédéral de Sécurité russe, lors d'un discours à la tribune de la Douma, a accusé l'ONG britannique Merlin, et des ONG américaines dont Peace Corps d'être utilisées par les services secrets américains et britanniques sous couvert de programmes humanitaires et sociaux pour défendre leurs intérêts», accusations vivement démenties par les ambassades des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Le 12 mai 2005, Nicolaï Patrouchev a également accusé l'IRI, qui a participé au soutien de l'opposition lors de la Révolution orange en Ukraine, d'avoir débloqué en 2005 un budget de cinq millions de dollars pour financer l'opposition bélarusse en vue d'une révolution sur le modèle ukrainien, géorgien ou kirghize lors des élections présidentielle de 2006. [...]
[...] Les ONG russes de défense des droits de l'homme, un exemple d'importation d'une société civile de type occidental en Russie, Institut d'Etudes Politiques de Paris, Mémoire de DEA p 14-15 GRIG0RIEVA-MAES, I. [...]
[...] La Russie d'aujourd'hui n'a jamais eu des frontières aussi resserrées depuis la Moscovie du 17è siècle et se sent amputée de territoires qui lui reviennent. Ce sentiment est d'autant plus fort que la nouvelle donne politique non seulement prive la Russie de composantes de sa puissance (accès direct aux ressources naturelles de l'Asie centrale, contrôle de voies commerciales, qui constituent des instruments capitaux de pression sur la scène internationale ; implantation militaire sur des frontières stratégiques) mais aussi rend possible un encerclement par des tendances politiques qui ne lui sont pas favorables. [...]
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